La Ve République vacille, et l’Élysée tremble. Pavel Durov, le sulfureux patron de Telegram, a décidé de jouer les pyromanes dans le pré carré de la Macronie, et il ne fait pas dans la dentelle.
Le procès de Sean "Diddy" Combs, qui secoue New York en ce mois de mai 2025, est une plongée dans l’horreur, révélant un prédateur qui a bâti un empire de terreur et d’abus sexuels derrière les strass et les projecteurs.
En ce 24 mai 2025, nous nous tenons à un carrefour critique de l’histoire de la France. Les récentes révélations sur l’influence de la Franc-Maçonnerie dans l’État et la justice, culminant avec l’affaire de la loge Athanor, nous contraignent à une prise de conscience collective.
Le documentaire a fait le tour des festivals. Sorti dans les salles américaines, il a rencontré un véritable succès malgré un sujet clivant : l’arrivée du digital dans l’industrie du cinéma et ses conséquences. Les raisons du succès ? La qualité, d’abord, et son auteur ensuite. Keanu Reeves, à l’origine, à la production et aux interviews. La pellicule vs. le numérique. Quel avenir pour les directeurs photo avec le digital ? La mort des salles de ciné ? La forme plutôt que le fond ? Pour débattre, David Fincher, Georges Lucas, James Cameron, David Lynch, Danny Boyle, Martin Scorsese, Christopher Nolan et bien d’autres. Nous avons pu voir le film en exclusivité. Une source de réflexion infinie. Rendez-vous est donc pris avec le réalisateur du documentaire Side by Side, Christopher Kenneally.
Racontez-nous la genèse du projet. On travaillait sur un film avec Keanu Reeves, Henry’s Crime(Braquage à New-York en français), dont Keanu était aussi le producteur et c’est à ce moment qu’on a commencé à aborder tous les sujets qui sont couverts dans le documentaire, lors de nos conversations. Keanu avait vu d’autres documentaires que j’avais fait, alors il a proposé qu’on en fasse un ensemble sur ces sujets qui nous tenaient à cœur. Il m’a demandé de le réaliser et j’ai répondu « bien sur. » C’était en 2010.
Vous avez certainement le casting le plus grandiose de l’histoire du cinéma. Est-ce une preuve, selon vous, de l’importance du sujet ? Oui, je pense. Tout ceux que nous avons contactés, avaient une opinion et voulaient la partager. Avoir Keanu impliqué dans le projet comme producteur et intervieweur nous a réellement aidé à avoir des gens avec qui je n’aurai certainement pas pu parler seul. Et puis évidemment, comme toujours, plus le casting grossissait, plus nous étions pris au sérieux et plus les gens voulaient participer.
Tout le monde avait une opinion et voulait la partager dîtes-vous. Et c’est vrai qu’on sent comme une catharsis dans le doc. Est-ce qu’il y avait une sorte de tabou autour du sujet avant ? C’est le genre de sujet dont les gens parlaient au boulot, ou au moment de la sortie d’une nouvelle technologie ou d’un nouveau film. Mais je ne pense pas qu’ils aient eu l’occasion de se poser et d’en parler pendant une heure d’affilée.
Le documentaire est très réussi parce qu’il reste vraiment neutre. Il aide à se faire une opinion, mais pas de certitude. Êtes-vous parvenu à trancher ? Je ne voulais surtout pas que mes opinions transparaissent. Trop souvent les documentaires manipulent plus ou moins consciemment leur audience. Je travaille sur un projet en ce moment qui se tourne sur film. Et même si on retravaille en post-prod, le support donne des résultats magnifiques. En fait, tout dépend vraiment du projet. Du support qui le servira le mieux. Mais de toute façon, le digital est là et il prend plus d’importance chaque jour.
Le numérique est en train de modifier la façon de faire des films, mais son impact est bien plus important. Il modifie toute l’industrie du cinéma. Chaque corps de métier est touché. Absolument. En premier lieu, le digital bannit les frontières géographiques et économiques. Mais la chose la plus hallucinante à ce propos, c’est quand on pense à depuis combien de temps le film est utilisé et que la mécanique n’a quasiment pas changé. Plus de cent ans. Alors qu’aujourd’hui, les technologies sont obsolètes au bout de six mois.
L’une des caractéristiques du cinéma, par rapport aux autres formes d’art, c’est l’ultra dépendance à la technologie. Et comme l’évolution des technologies est potentiellement infinie, où tout cela va-t-il finir ? Qui sait ? Scorsese dans le film parle d’hologrammes, de vrai 3D, d’immersion dans les films. Qui sait où cela nous mènera ? Les supports changent. Les smartphones. Bientôt les google glass permettront de regarder des films en marchant ou en conduisant.
Est-ce que tout cela ne mène pas à une nouvelle distribution des rôles ? La réalité pour le théâtre. Le story telling pour les séries télé. Et le ciné gardera les tent-pole movies. Je pense. Grâce aux technologies, on peut regarder l’intégral des Sopranos ou de Breaking Bad en un week-end et de voir ses histoires incroyablement creusées. Ce ne sont plus des histoires de deux heures, mais qui s’étalent sur douze épisodes, sur cinq saisons, qu’on regarde sur la télé, l’ordinateur, le téléphone. Et en cela, les technologies ont modifié notre façon de raconter les histoires.
Est-il possible de dresser une liste des bons et des mauvais aspects du digital ? Et bien, grâce au digital, pas besoin d’impliquer des labos dans vos projets. Tout est immédiat. C’est moins cher. Le seul vrai mauvais côté en fait, c’est l’esthétique de l’image. Certains préféreront le grain du film. Mais vraiment, l’immédiateté est une grande force.
Ce qui effraie les DOP. Oui, c’est normal. Ils mettent des années et des années à acquérir un talent, qui d’un coup, devient obsolète. Mais c’est inévitable.
Une chose surprenante dans ce documentaire, c’est qu’on voit des Fincher ou des Nolan plutôt réfractaires, alors que Lucas ou Cameron sont à fond. C’est les grand-pères du cinéma qui sont les plus excités par l’arrivée du digital. Oui, surtout les directeurs de la photographie. Je pensais que les plus expérimentés seraient vraiment pro-film. Mais en fait, ce sont des artistes, ils pensent en terme d’opportunités, tout le temps. Ils embrassent les nouvelles technologies. Leur seul questionnement, c’est de savoir ce qui fonctionne le mieux pour l’histoire. C’est très inspirant d’ailleurs de voir ces grands professionnels n’être réellement intéressés que par la qualité de ce qu’ils font.
Mais cette façon d’aller toujours de l’avant fait partie de la culture américaine. Est-ce qu’il n’aurait pas été intéressant d’interviewer plus d’Européens par exemple ? On a interviewé des réalisateurs français quand nous étions à Marrakech. En fait, nous avons interviewé 140 personnes en tout. Et je crois que 17 apparaissent dans le film. Mais ils avaient tous cette volonté d’utiliser les technologies pour servir leurs histoires. Aucune distinction d’âge ou de culture.
Un mot sur Keanu Reeves qui tient majoritairement des propos anti-digital. Pourtant, il a joué dans la trilogieMatrix et A Scanner Darkly, deux des plus importantes expériences cinématographiques dans ce domaine. Est-ce que ça veut dire que ce sont des expériences qu’il n’a pas appréciées ? Quand on a commencé le documentaire, Keanu était plutôt pro-film et moi pro-digital, mais on a gardé l’esprit ouvert. Et Keanu jouait toujours l’avocat du diable durant les interviews pour pousser la réflexion le plus loin possible. De manière général, Keanu a été incroyable pour mener ce projet. Et il a su créer des atmosphères très relax pour les entretiens, permettant à chacun d’aller au bout de leurs idées.
Le digital est partout aujourd’hui, c’est un fait. Mais en même temps, il y a une sorte de revival nostalgique. Je pense au Super 8 de J.J. Abrams par exemple. C’est un chant du cygne ? Cette nostalgie sera toujours là. Le digital va prendre le dessus, l’a déjà fait, et c’est inévitable. Mais il y aura toujours des gens qui préfèrent les voitures anciennes.
Est-ce que le digital donne une supériorité de la forme sur le fond ? Je ne pense pas. Au final, c’est toujours l’histoire. Il s’agit toujours de communiquer d’un être humain à un autre. Et la technologie n’est qu’un outil qui permet d’atteindre ce but. Il faut surtout le faire aussi clairement et avec autant de magie que possible. Comment on parvient à ses fins n’est pas réellement important.
C’est un peu le message des Wachowski. Avec le digital, tout est plus virtuel, mais tout est plus important aussi. Les communautés, les créations… Oui, c’était une excellente interview, parce qu’ils ont des idées vraiment originales. Ils n’avaient pas donné d’interview depuis dix ans.
Vous faites de la post-production, pour vous le digital est forcément plus intéressant ? En ce moment, on tourne sur film. Mais chaque soir, on envoie les films par avion de la Nouvelle-Orléans jusqu’à New-York pour les développer et ensuite les numériser. Puis, tout revient à la Nouvelle-Orléans pour les retravailler. Ils retourneront finalement à New-York puisqu’il s’agit d’une série pour HBO et donc, tout restera en numérique. L’avenir peut aussi se trouver dans ces sortes d’hybrides. En fait, le réalisateur se sent plus à l’aise à travailler sur du film. Il sait jouer avec ses implications sur le plateau. Il sait comment réagir.
D’autres formes d’art, comme la photo, ont intégré le digital très facilement. C’est même devenu une branche à part entière de la discipline. Tout est dans le processus. On peut mettre tellement d’attention dans une photo. Tellement la travailler. Mais quand on fait une vidéo, on shoot 24 photos chaque seconde. Et si on shoote dix minutes, ça fait une quantité astronomique d’informations que la caméra doit digérer.
Le documentaire soulève une question philosophique. La confusion de l’être humain entre pouvoir et devoir. Dès que nous pouvons, nous faisons et nous devons. La possibilité devient toujours nécessité. La relation entre humain et technologie est passionnante. Ce documentaire montre ça, ainsi que les aller-retours incessants entre technologies et art. Georges Lucas travaillant avec Sony pour créer la caméra dont il a besoin. Robert Rodriguez réutilise cette caméra de façon totalement innovante. Ce qui amène Sony à de nouveaux développements.
Le documentaire soulève également la question du stockage des films. Avec la virtualité, on ne sait pas vraiment comment les stocker, ni où, ni comment assurer leur pérennité. On a l’impression de parler de déchets nucléaires. Je pense que les technologies s’améliorent sans cesse. Surtout que ce problème touche aussi les banques et les grandes industries, donc ils trouveront un moyen efficace d’archiver les films.
Dernièrement, Lucas et Spielberg ont annoncé que l’avenir du cinéma était la VOD et qu’à l’avenir, on irait au ciné comme on va au stade, avec des places à 100 ou 150 dollars. Je ne suis pas d’accord avec Lucas et Spielberg. (rire) Je sais que je risque ma vie en disant ça (rire). Mais il y a énormément de facteurs qui jouent sur le prix d’un ticket. Le prix de production, tout. C’est vrai qu’aller au ciné sera un événement, mais les gens auront toujours envie de se réunir pour regarder un film.
Le directeur de création Steven Mark Klein et le fondateur d’APAR.TV, Aurélien Poirson-Atlan lancent Generic Architects, un atelier de création collectif. Basé à New York, Paris et Arles mais ouvert s
L'avenir appartient à ceux qui détruisent les codes pour mieux les recréer. Infiltrez notre réseau de penseurs, créatifs et visionnaires qui transforment la culture du 21e siècle. Ici, la fantaisie devient réalité et tout est culture en devenir.