Il représente avec son confrère la famille de la victime, un papy martiniquais mort après que William Noteuil ait tiré à quatre reprises sur lui. Il était en état d’ébriété avancée.
Alors que M. Noteuil a du mal à se dépêtrer des rets de l’avocat, et qu’un incident vient d’opposer les avocats, Maître Branco lui demande :
« Avez-vous compris ce qui vient de se passer ? »
William Noteuil sait, mais il ne peut le dire. Il répond qu’il n’est pas sûr, lui demande de lui expliquer.
« Depuis quand saviez-vous que votre avocat, Maître Edmond Mariette était l’avocat de la victime ? »
M. Noteuil, qui n’avait peut être pas compris, prend un temps, bafouille, et est obligé de répondre :
« Je viens de l’apprendre. »
« Et qu’en pensez-vous ? »
Alors que les avocats de la défense font scandale et tentent d’éteindre le feu qui vient de naître, et que la présidente de la Cour, qui avait fait mine de ne pas voir la difficulté, tente d’interrompre Maître Branco, en lui interdisant de mentionner une nouvelle fois le sujet, celui-ci se tait, un instant, puis reprend :
« Et qu’en pensez-vous ? »
Le scandale est né. Les avocats de la défense interdisent à répondre à M. Noteuil de répondre, la Présidente tente de couvrir sans succès la voix de Juan Branco, qui défie la Présidente, et fait appel à un article du code de procédure pénale qui lui permet d’interrompre les débats pour soulever un incident, déposant des conclusions au greffe, et prenant à témoin les jurés, estomaqués.
« Puis-je soutenir mes conclusions, Madame la Présidente ? »
Un silence de mort s’installe, sous le regard attentif du parquet général. Sans suspension d’audience, la Présidente demande à se faire communiquer les conclusions, semblant prête à statuer sur le siège, c’est-à-dire sans que la cour se retire.
Il est vingt heures et depuis trois jours se joue le destin d’un homme, qui plaide la légitime défense et comparaît pour avoir volé la vie d’une deuxième personne en moins dix ans, et d’une famille, qui attend sa réparation. L’interrogatoire de l’accusé n’est pas achevé, les plaidoiries doivent se dérouler le lendemain.
La Présidente avait refusé à Maître Branco le versement des pièces qu’il exige cette fois de voir versées. La procédure pénale lui oblige à lui donner la parole.
Il commence, et ne se laissera interrompre, malgré les efforts de la Cour.
« Lors du premier jour, il a été mentionné un fichier, le TAJ, concernant M. Drané, la victime. Le TAJ est la poubelle de la justice. Même innocent, y restent les stigmates d’accusations calomnieuses. J’avais dit alors ce que je pensais de ces méthodes, visant un défunt qui ne pouvait se défendre. »
La Présidente avait procédé, et fait savoir que la victime avait été mis en cause dans une procédure pour faux. Ses enfants m’avaient approché à la sortie de l’audience pour m’apprendre qu’il avait été mis hors de cause, et qu’il avait été défendu par maître Edmond Mariette.
L’avocat de la victime était l’avocat prévenu. Je leur avais répondu que c’était impossible. Je ne pouvais y croire. Je leur ai demandé d’apporter la preuve de ce qu’ils disaient, et ait refusé d’en faire part.
J’ai découvert aujourd’hui que c’était la stricte vérité, et que non seulement Maître Mariette avait été l’avocat de M. Drané depuis 2014, mais que celui-ci avait été innocenté à cette procédure. Et qu’il avait omis de le faire savoir à la Cour, à son client, et omis de rétablir l’honneur de celui qu’il avait innocenté. »
Juan Branco révélait, devant un auditoire médusé, que Maître Edmond Mariette avait continué à entretenir des liens serrés avec la victime jusque son décès, allant jusqu’à témoigner en sa faveur puis le représenter à la même procédure – ce que Maître Edmond Mariette venait pourtant de nier.
Exclamations, les avocats de la défense s’indignent, Maître Edmond Mariette admet que face à une telle mise en cause, il ne peut que se démettre de la défense de son client, tout en annonçant saisir le bâtonnier, qui ne se déplacera pas. Un jeune confrère de Maître Branco a beau tenter de se désolidariser, et le parquet général, juge de paix est attendu.
Celui-ci ne peut qu’acter que l’honneur de M. Drané avait été souillé à tort. Un avocat peut-il être à la fois l’avocat d’une victime et de l’accusé ? Quand la Cour, après en avoir délibéré, est obligée de donner quitus à maître Branco, la défense affirme que le bâtonnier aurait demandé à Maître Mariette de continuer à défendre l’accusé… et la famille des victimes.
Les plaidoiries et les réquisitions auront lieu demain.