Brûler des boutiques de mode avec des flacons de Chanel N°5 transformés en cocktail Molotov, c’est un sujet que l’on connait bien. On a même écrit une série sur le sujet en 2014. Mais si nous avions vu avant le projet cinématographique de David Tomaszewski (réalisateur de tous les clips d’Orelsan) nous l’aurions invité à collaborer avec nos collectifs 99% YOUTH et RED PILL ARMY FACTION.
Son pitch est beaucoup plus simple que le nôtre mais il a l’avantage d’être direct : « Un jour à Paris, une bande d’ados ultra-violente appelée les COBALTS, se réunit autour de la même idéologie: la dictature de la beauté. »
En gros, comme le prouve son premier teaser, cette bande a un seul objectif, détruire la laideur, écraser ce qui leur semble laid. Les gros ? On peut les jeter dans la seine. Comme les bébés moches. Ici, plus que jamais, la laideur est une forme de violence, d’ailleurs derrière la caméra de David la beauté n’est souvent qu’une forme de la laideur matée.
La seule faute de goût finalement de David a été de tourner pour le compte de Maître Gims. Mais on imagine que c’était justement pour financer seul ce long-métrage. Peut-être aurait-il plus de facilité à trouver un financement intéressant en adaptant son scénario au nouveau monde des séries courtes. Son sujet va être largement comprit et aimé des moins de trente ans.
https://vimeo.com/168200236
Surtout, si comme nous, son objectif est bien de destituer le monde de la mode de son pouvoir. En sapant sa légitimité, l’obliger à reconnaître son caractère arbitraire, révéler qu’il opère dans une dimension hypothétique.
Notre objectif, qui sera aussi celui demain de tous les jeunes du XXIe siècle, est d’exposer le fait qu’il ne fonctionne qu’en tant que circonstance, de rendre transparents ses stratagèmes, ses méthodes et ses tactiques. Révéler comment le monde de la mode, comme toute forme de gouvernement, doit comploter pour survivre. Destituer le pouvoir c’est le ramener à la terre. Tous ces enfoirés constituent l’illusion structurée et soutenue du monde de la mode.
A l’image du film de David, ce monde de la mode promeut des idées progressistes tout étant fondamentalement régressif. La génération des baby-boomers qui possède et exploite le monde de la mode est encore intérieurement jeune dans sa pensée mais ses perspectives d’ouverture sont, à leur image, ridées, décrépies, corrompues et condamnées. Il fallait s’attendre un jour, que la nouvelle génération raconte cette imposture désormais mondialisée et pourtant déjà à l’agonie.