"Certains te félicitent de ta jeunesse", titre glaçant qui résume l'horreur d'un système où des adolescentes, parfois âgées de 12 ans à peine, sont piégées par des réseaux organisés.
Ce reportage, basé sur des témoignages terrifiants et des enquêtes de terrain, alerte sur un phénomène massif : environ 20 000 mineurs, majoritairement des filles, seraient exploités sexuellement en France.
Un chiffre sous-estimé, selon les experts, qui profitent des failles du système de protection de l'enfance pour opérer en toute impunité. Pour Apar.tv, nous avons creusé ce sujet de société, croisant les données officielles, les enquêtes récentes et les voix des acteurs de terrain. Un portrait alarmant d'une violence "largement invisibilisée".
L'ampleur du phénomène : des chiffres qui explosent
La prostitution des mineurs n'est plus un épiphénomène marginal. Selon l'Observatoire national des violences faites aux femmes, publié en avril 2025, le nombre de victimes identifiées a connu une hausse spectaculaire. En 2024, 1 579 cas de proxénétisme ou de recours délictuel à la prostitution ont été enregistrés par les forces de l'ordre, dont 659 impliquaient des mineures – soit plus de 40 % des victimes totales. Parmi les 12 486 personnes recensées comme victimes d'exploitation sexuelle cette année-là, 94 % étaient des femmes, et 42 % d'entre elles mineures. Le gouvernement estime entre 15 000 et 20 000 le nombre de mineurs en situation de prostitution, un chiffre corroboré par plusieurs sources indépendantes.
Cette explosion n'est pas un hasard. Depuis 2015, le nombre de cas traités par la police et la gendarmerie a été multiplié par dix : une vingtaine en 2015 contre 226 en 2024. En septembre 2025, L'Union rapportait entre 11 000 et 15 000 mineurs concernés, avec une majorité issue de l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Les trois quarts des victimes ont transité par des foyers ASE, où les fugues répétées servent de porte d'entrée aux proxénètes. À l'échelle nationale, 85 % des prostituées sont des femmes, dont 53 % françaises, et parmi ces dernières, 60 % sont mineures, selon RTL en avril 2025.
La Seine-Saint-Denis concentre une part alarmante de ces cas : plus de 40 % des mineures victimes de réseaux y sont recensées, alertent avocats et magistrats en septembre 2025. Le procureur de Bobigny évoque un "contentieux de masse" imminent, avec des adolescentes recrutées dès le collège via Snapchat ou TikTok. Sur X (ex-Twitter), les alertes se multiplient : un post de septembre 2025 dénonce "15 à 20 000 mineurs prostitués en France", soulignant la "honte nationale" face à ces milliers d'enfants exploités.
Les victimes : des adolescentes piégées dans la vulnérabilité
Qui sont ces filles ? Souvent issues de milieux défavorisés, placées en ASE pour maltraitance ou négligence familiale, elles deviennent des proies faciles. L'enquête de France Inter décrit des enfants de 12 ou 13 ans, "prises au piège d'un système organisé", loin du cliché de la "fugueuse volontaire". Le livre À cœurs perdus – Enquête sur la prostitution des mineures, publié en mars 2025 par les journalistes Claude Ardid et Nadège Hubert, estime à 18 000-20 000 le nombre de jeunes filles concernées, recrutées entre 12 et 15 ans. "Les victimes désarçonnent parfois les forces de l'ordre et les magistrats", confie Nadège Hubert, soulignant leur déni ou leur loyauté forcée envers les proxénètes.
Les témoignages, rares mais déchirants, émergent dans les médias. Dans Interception, une victime anonyme évoque : "Il ne faut pas minimiser le problème en disant que ce ne sont que des fugueuses qui décident de vendre leur corps : ce sont des filles..." – un extrait qui interrompt l'horreur mais révèle la coercition. Sur France 24 en juin 2025, une reportage titre "Prostitution de mineures : le bon business des proxénètes", avec des histoires de collégiennes vendues pour 50 euros l'acte. En juillet 2025, un documentaire de France 24, Prostitution des mineurs : la grande défaillance, montre comment cela commence sur les réseaux sociaux, "parfois dans l'enceinte du collège".
Sur X, les partages du reportage France Inter affluent : une utilisatrice alerte en octobre 2025 sur "20 000 jeunes filles mineures en situation de prostitution", dont les trois quarts passées par l'ASE. Une autre, en septembre, dénonce l'esclavage sexuel en Seine-Saint-Denis, où "la prostitution des mineures explose". Ces voix numériques amplifient l'urgence, mais masquent souvent l'isolement des victimes, qui se sentent coupables ou trahies par un système censé les protéger.
Les méthodes des réseaux : une organisation "parfaitement huilée"
Les proxénètes ne sont pas des amateurs isolés. L'émission France Inter décrit des "petits réseaux très mobiles", avec une organisation fluide qui exploite les dysfonctionnements de l'ASE : fugues non signalées, suivi laxiste. Le recrutement ? Via les apps : un like sur TikTok mène à un chantage par photos intimes, puis à l'exploitation. En Val-d'Oise, un réseau démantelé en octobre 2025 opérait depuis une cellule de prison, forçant des mineures ASE à se prostituer – son cerveau écopant de 14 ans ferme.
Un rapport de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) de 2021, actualisé en 2025, pointe le "proxénétisme de cité" : exploitation de mineures désocialisées par des délinquants locaux. France Bleu note en juin 2025 que les cas ont explosé, avec des proxénètes profitant de la misère. Sur X, un post d'octobre 2025 compare cela aux "gangs" anglais, localisant les réseaux dans le "93" – un euphémisme pour Seine-Saint-Denis, où les condamnations se multiplient depuis 2025.
La France interdit la prostitution des mineurs depuis la loi du 4 mars 2002 sur l'autorité parentale : tout recours à une mineure est puni de 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende, le proxénétisme aggravé jusqu'à 10 ans. En 2016, la loi pénalisant les clients a renforcé le dispositif, mais les mineurs relèvent toujours de la protection judiciaire : "Tout mineur qui se livre à la prostitution est réputé en danger", stipule le Code pénal.
Pourtant, en 2025, des débats agitent le Sénat : un amendement de juin vise à criminaliser explicitement le recours à une mineure de plus de 15 ans, face à l'explosion des cas. La loi sur les "nouvelles formes de prostitution" de 2025 cible les plateformes numériques, mais les poursuites peinent : seulement 226 affaires traitées en 2024, malgré 20 000 victimes estimées. Le parquet de Bobigny alerte sur un "risque de contentieux de masse", avec des magistrats débordés.
Vers des solutions ? Appels à une mobilisation urgente
Les associations comme Agir Contre la Prostitution des Enfants (ACPE) ou le Collectif des VictimEs de la Prostitution plaident pour un renforcement de l'ASE : plus de personnel formé, un suivi numérique des fugueuses, et des campagnes de sensibilisation en collèges. L'Observatoire des violences appelle à "visibiliser" ces victimes, souvent invisibles car françaises et "consentantes" en apparence. En juin 2025, une question au Sénat interpelle le gouvernement sur la lutte contre ce fléau.
Sur X, les appels se radicalisent : "Esclavage sexuel", "soutien aux forces de l'ordre". Mais au-delà des indignations, il faut des actes : budget accru pour la protection de l'enfance, formation des éducateurs, et une traque impitoyable des proxénètes via les données des réseaux sociaux.
Réveiller une société complice par silence
La prostitution des mineures n'est pas une fatalité, mais un choix sociétal défaillant. Comme l'alerte France Inter, ce système "parfaitement huilé" prospère sur nos failles : un ASE saturé, des apps non régulées, une justice débordée. Avec 20 000 enfants brisés, la France ne peut plus se voiler la face. Il est temps de transformer l'indignation en action, pour que la jeunesse ne soit plus une marchandise.