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Pluribus : quand un maître du suspense nous laisse sur notre faim

Vince Gilligan. Ce nom seul suffit à faire vibrer les fans de télévision comme un riff de guitare électrique dans un bar du Nouveau-Mexique.

Pluribus : quand un maître du suspense nous laisse sur notre faim

L'homme derrière Breaking Bad et Better Call Saul, ces deux monuments de la narration sérielle qui ont redéfini les codes du drame criminel, nous avait habitués à des univers impitoyables, où chaque plan, chaque dialogue, chaque retournement de situation s'emboîtait avec la précision d'un puzzle diabolique. Quinze ans de maîtrise absolue, de personnages qu'on suit jusqu'à l'os, de tensions qui vous collent à l'écran comme une toile d'araignée.

Et voilà que Gilligan, pour sa première incursion dans le "high concept" spéculatif, nous livre Pluribus sur Apple TV+. Une série qui promettait de rivaliser avec Lost en termes de culte posthume, mais qui, hélas, déçoit par sa mollesse et son flou artistique. Après trois épisodes visionnés (et un bâillement récurrent), on ne peut s'empêcher de se demander : où est passé le Gilligan affûté ?

Pour ceux qui auraient raté le buzz – modéré, soyons honnêtes –, Pluribus suit Carol (Rhea Seehorn, impeccable dans sa retenue kiméesque, héritée de Better Call Saul), une romancière veuve et taciturne, épargnée par une épidémie mondiale de bonheur forcé.

Imaginez : un virus extraterrestre (ou presque) transforme l'humanité en une masse béate, un troupeau de sourires stériles et d'enthousiasmes factices.

Carol, dépressive chronique, devient l'outsider réfractaire dans ce paradis dystopique. Neuf épisodes pour explorer cette allégorie du malheur comme résistance, avec des échos à John Carpenter dans le pilote, haletant et visuellement saisissant. Gilligan, passé derrière la caméra avec une assurance nouvelle, signe un premier épisode qui subjugue : plans larges sur un monde en liesse forcée, silences lourds comme des nuages d'orage, et cette actrice principale qui porte l'ensemble sur ses épaules frêles.

Mais voilà, le bât blesse dès que l'intrigue s'installe. Là où Breaking Bad construisait son empire sur une escalade inexorable – du prof de chimie au baron de la méth, chaque saison un cran plus haut –, Pluribus piétine. La progression est lente, trop lente, comme un marathon où les coureurs s'arrêtent pour contempler le paysage. La thématique centrale – une dépressive face à des dévots du bonheur – est frontale, presque didactique, sans les couches de sous-texte qui rendaient les œuvres passées si riches. On se demande : que veut nous dire Gilligan ? Une critique de notre société "positive" à outrance, obsédée par le bien-être performatif ? Une méditation sur le deuil et l'altérité ? Les pistes s'entremêlent sans jamais se nouer, laissant le spectateur dans un déconcertement poli, mais frustrant.

Comparé à la mécanique huilée de Better Call Saul, où chaque mensonge de Saul Goodman était une brique dans un mur inéluctable, Pluribus ressemble à un échafaudage branlant : ambitieux sur le papier, mais qui tangue au vent.

Et ce potentiel "culte" brandi comme un étendard ? L'article du Nouvel Obs y voit un écho à Lost ou The OA, ces séries qui ont conquis par leur mystère insondable et leur fin abrupte. Peut-être.

Mais Gilligan n'est pas J.J. Abrams ; il est le roi de la résolution, pas du cliffhanger éternel.

Forcer Pluribus dans ce moule, c'est comme demander à un scalpel de tailler une sculpture : ça coupe, mais ça ne sculpte pas. Rhea Seehorn sauve les meubles, bien sûr – son Carol est une anti-héroïne magnétique, hantée et humaine –, et les seconds rôles (Karolina Wydra en devote zélée, Carlos Manuel Vesga en allié ambigu) apportent des éclats.

Mais l'ensemble manque de cette urgence viscérale qui faisait de Walter White un monstre fascinant, ou de Jimmy McGill un clown tragique.

En fin de compte, Pluribus n'est pas un ratage – loin de là. C'est une expérimentation audacieuse d'un génie qui, après des années dans le désert moral, ose le vertige cosmique. Mais face aux chefs-d'œuvre qui l'ont précédé, elle déçoit par son hésitation, sa réticence à trancher.

Gilligan, revenez-nous avec du concret, du sale, du vrai. Ce monde en liesse forcée ? Il nous renvoie à notre propre bulle Netflix : confortable, mais étouffante.

À voir pour les inconditionnels, donc. Pour les autres, commencez par Breaking Bad. Au moins, là, le high n'est pas qu'un concept – c'est une drogue dure.

Sur Apple TV+, dès maintenant. 9 épisodes. Note Apar.tv : 6/10 – pour l'effort, pas pour l'extase.


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