Vers l’infini est au -delà ! telle était la devise de Buzz L’éclair, personnage de Toy Story qui a séduit des millions d’enfants et d’adultes dans le monde. Très à propos lorsque l’on sait que le film mais surtout ses produits dérivés tels que les figurines, ont généré plus de 360 millions de dollars de recettes dans le monde.
C’est peut-être ce qui a donné l’idée au photographe allemand Michael Wolf de réaliser une série de photographie intitulée Real Toy Story, en immersion dans les usines de fabrication de jouets en Chine.
Avec un oeil acide, observateur et empathique, l’artiste dresse une galerie de portraits d’hommes et de femmes qui manipulent des journées entières des têtes de poupées, des bras, des jambes, des animaux bizarroïdes, bref tout ce qui constitue le plus grand marché de jouets en plastique pas chers dans le monde, le « made in China ».
L’envers du décor est loin de l’univers édulcoré des chambres d’enfants bercés aux films Pixar et aux chansonnettes Disney. Les usines de fabrication de jouets avec ces femmes qui dorment à la chaine sur des morceaux de cartons font vraiment mal aux yeux. Pour enfoncer le couteau, l’artiste a exposé ses photos au milieu de centaines de « cadavres » de jouets récupérés un peu partout et collés ensemble pour en faire des murs entiers sur lesquels les photos paraissent littéralement noyées. Le marasme de la société de consommation contemporaine n’aura jamais autant résonné que ces derniers mois pour la Chine et le monde de la Mode. Sans parler des marques comme Petit Bateau et leurs agences de communication crétines qui essaient de rendre l’usine de fabrication « branchée » dans des films de propagande en confondant la factory de Warhol et le dur labeur d’ouvriers. Tragique et grave, lorsque l’on sait que les vêtements de la marque à la marinière sont fabriquées eux-aussi, en Chine.
Quand on vous disait que le réchauffement climatique et le réchauffement culturel sont intimement liés.
Quand on pense qu’offrir des jouets à nos enfants aujourd’hui participera demain à la mort des enfants de nos enfants. Mais n’y pensons pas, allez, c’est bientôt Noël, à vos marques, prêt, consommez, vers l’infini et au-delà !