Pas besoin de se voiler la face, nous sommes fans de Franck Glenisson. Totalement immergé dans la réalité sombre de son temps, il est le fils d’une copulation peu probable mais excitante entre Bettina Rheims et Charles Bukowski.
Stéphan(i)e a été dévoilé en novembre dernier au centre Pompidou durant le festival international du film de mode, ASVOFF7. « L’histoire d’un petit garçon du Nord de la France qui devra se débarrasser de ses démons pour devenir et vivre pleinement sa vie de femme » selon l’auteur lui-même. Un pitch plutôt lisse pour un film clipé, spasmodique, qui rend une souffrance sociale par le jeu de métaphores évidentes et esthétiques (n’hésitant pas, même, à user d’images directement issues de notre mémoire inconsciente des fantasmagories de contes pour enfants), qui s’abandonnent dans une mise en scène beaucoup plus subtile et névrotique. C’est dans ce paradoxe et cette mise en opposition de l’image et de son montage que né une dichotomie d’émotions. À la fois reflet des deux sexes antagonistes partageant le même corps, et à la fois, écho du malaise naturel d’une société qui veut accepter les transsexuels, mais se trouve pris devant la complexité à aimer le non naturel.
Bref, Franck Glenisson, en trois minutes, résume la position du monde et celle de chacun de ses individus, seulement par un jeu de mise en perspective visuelle. Bref, de l’art. Et du grand.