A l’heure ou la photographie montrant Brooke Shields, âgée de 10 ans, nue, a été retiré de l’exposition Pop Life (Cf, notre article : Good business is the best art) à la Tate Modern, à Londres, il nous a semblé utile de faire un retour sur les photographies les plus controversées de l’histoire.
GARRY GROSS / Untitled, 1975
Cette célèbre photo de Brooke Shield jeune fit la une de Photo Magazine en 1978. Mais lorsque l’adolescente tente trois ans plus tard d’empêcher de nouvelles parutions et de récupérer les négatifs, elle se heurte à la justice. Conclu entre sa mère et Garry Cross, le contrat prévoyait une cession totale des droits au photographe. Après deux années de bataille juridique, Brooke Shield est finalement déboutée, et Gross ruiné.
Crédit : GARRY GROSS
JOCK STURGES / Christina, Misty & Alisa, 1989
Photographe reconnu à la fin des années 80 pour ses portraits de naturistes, Jock Sturges voit sa vie basculer en 1990 lorsque la police perquisitionne son domicile en l’accusant de pornographie infantile suite à la dénonciation d’un laboratoire. Après 15 mois de procédures particulièrement humiliantes, Sturges est finalement innocenté.
Crédit : JOCK STURGES
FRANCES GRIFFITHS / Fairy Offering Flowers to Iris, 1920
Ou comment les affabulations de deux adolescentes ont conduit la Grande-Bretagne à s’intéresser aux phénomènes occultes… Il faudra attendre les années 80 pour que la jeune fille sur la photo reconnaisse avoir fabriqué la figurine pour faire ce montage. Frances, sa cousine, continue pour sa part d’affirmer «qu’il y avait des fées» dans la maison familiale de Cottingley.
Crédit : FRANCES GRIFFITHS
LEWIS CARROL / Alice as a Beggar Child, 1859
Si cette Alice Liddell de 10 ans a inspiré le chef d’oeuvre «Alice au pays des merveilles», elle a également été une des muses de Lewis Carroll pour ses travaux photographiques. Mettant en scène de façon ambiguë de nombreuses fillettes, Carroll provoque des réactions gênées. Pourtant en phase avec une époque où les enfants étaient perçus différemment, cette photo de la petite Alice déguisée en mendiante continue, malgré de nombreuses tentatives de réhabilitation, de créer la polémique.
Crédit : LEWIS CARROLL
ANDRES SERRANO / Piss Christ, 1987
Après dix années de polémiques, cette oeuvre fût finalement détruite aux marteaux par deux adolescents énervés lors d’une exposition à la National Gallery de Melbourne. Représentant un crucifix immergé dans un mélange d’urine et de sang de vache, c’est surtout le titre de cette photo «Piss Christ» qui fût jugé blasphématoire.
Crédit : ANDRES SERRANO
FRANCK FOURNIER / Omayra Sanchez, Colombie, 1985
Prisonnière des décombres à la suite d’une coulée de boue provoquée par l’éruption d’un volcan, la jeune Omayra devient en quelques heures aux yeux du monde le visage de la tragédie. Après deux jours d’agonie en direct devant les caméras, elle finit par décéder. Fournier, qui obtiendra le World Press pour ce cliché, se retrouve pris à parti par des détracteurs pour lesquels diffuser ce spectacle morbide est obscène. Malgré les critiques, Fournier continue de clamer que l’insupportable n’est jamais atténué par la censure.
Crédit : FRANCK FOURNIER
MICHAEL LIGHT / OAK, 8,9 Megatons, Enewetak Atoll 1958, 2003
Issue des Archives nationales du gouvernement américain, cette photographie retravaillée et tirée en grand format est devenue une oeuvre d’art à part entière, témoin du phénomène de réappropriation artistique popularisé depuis le ready-made de Duchamp. L’ouvrage compilant une centaine de ces photographies s’est écoulé à 35.000 exemplaires, permettant ainsi de témoigner sur l’obscure pratique des essais nucléaires.
Crédit : MICHAEL LIGHT
ANNELIES STRBA / Sonja in her Bath, 1985
Connue pour son travail photographique sur les membres de sa famille, Annelies Strba est inquiétée en 1985 alors qu’elle expose dans une galerie londonienne le portrait de sa fille de 12 ans, nue dans son bain. Qualifiée de pédophile, la photographie n’est finalement pas retirée, la justice estimant que la réputation de la galerie suffit à considérer cette photo comme une oeuvre d’art. De par ce caractère, elle ne peut être qualifiée d’obscène.
Crédit : ANNELIES STRBA
TODD MAISEL / The Hand, 9/11, New York, 2001
Alors que les médias américains s’étaient entendus pour ne montrer ni sang, ni cadavre pour évoquer les attentats du 11 septembre, le «New York Daily News» décide de publier cette photographie de main arrachée prise dans les décombres du World Trade Center. Volonté de ne pas choquer une nation traumatisée avec des images très dures ou acte de censure d’un Etat «en guerre» qui souhaite contrôler l’information?
Crédit : TODD MAISEL
NAPOLEON SARON / Portrait d’Oscar Wilde, 1882
Pour obtenir que son portrait de l’écrivain Oscar Wilde soit protégé par des droits d’auteur, Sarony devait prouver que sa photographie méritait le statut d’oeuvre d’art. Il obtient finalement gain de cause en démontrant que la mise en scène, le choix du costume et des draperies en faisaient une oeuvre originale, au-delà du procédé photographique purement technique.
Crédit : NAPOLEON SARONY
ANONYME / Abou Ghraïb, Irak, 2004
Réalisée par ses propres soldats, cette série d’une trentaine de photos témoignant du traitement des prisonniers irakiens éclabousse l’armée américaine. Soupçonnés depuis longtemps, ces photos, malgré leur caractère numérique apportent enfin la preuve de l’existence d’actes de tortures dans les prisons militaires.
Crédit : DR
Source : 20Minutes.fr