Monsieur François Hollande,
La particularité de votre politique et du terrorisme actuel est de s’attaquer aux jeunes.
A peine quatre mois après avoir vu une foule de jeunes se faire descendre à la Kalachnikov dans les rues de Paris entre une terrasse de café et une salle de concert voilà que la même jeunesse se met à brûler lycées, commissariats et voitures. Cette odeur de souffre n’est pas nouvelle. Mais ce qui est nouveau c’est qu’entre temps vous nous avez répété que nous étions entrés en guerre. Forcément les plus jeunes d’esprits le prennent au pied de la lettre.
Pour mémoire François, le cœur de votre quinquennat devait être porté autour de la jeunesse. Nous arrivons à la fin de votre mandat et 95% des français pensent que vous n’avez pas réussi à améliorer le sort de la jeunesse. Et tout est ici selon nous dans le mot « sort ». Vous nous avez jetés effectivement un mauvais sort. Un sortilège que vous avez nommé « contrats de génération » et « emplois d’avenir ». Des noms sans futur. A l’image de votre politique.
Vous avez favorisé les plus de 60 ans au détriment des moins de 25 ans, il fallait s’attendre à recevoir une réponse.
Mais comme vous êtes le roi de l’embrouille sémantique, vous avez inventé en réponse aux emplois précaires, la revalorisation des bourses. Vous êtes un génie des concepts un peu flous, un peu mous. Le magicien de l’enfume.
Vous êtes l’inventeur du concept « développement du service civique » alors que face à vous, vous avez des larmes de détresse. Est-ce bien sérieux ? Comprenez que nous avons l’impression d’être emprisonnés dans vos désirs. Sous votre bonhommie se cache un stratège machiavélique. Et pourtant vous êtes là par hasard. Vous avez tout passé, les doigts dans le nez. Mais malheureusement vous n’arriverez pas cette fois à faire taire une jeunesse en feu.
Rien n’est encore parfaitement unifié, nous n’avons pas les fonds, mais nous savons que statistiquement nous sommes plus éloignés de la mort que vous. Statistiquement nous sommes donc sûrs de gagner. Est-ce pour cela que vous nous en voulez ? Ce ne serait donc que par peur de mourir ? D’être oublié de tous ? De ne laisser finalement aucune trace pérenne ? Parlons en si vous voulez.
En attendant, pour le première fois depuis longtemps en France la jeunesse se réveille. Sans leader. Sans petit chef tyrannique ou égotique. La jeunesse se lève. Un point c’est tout. Et si vous pensez que le jeune François Ruffin est à la tête d’un nouveau collectif, vous êtes vraiment à côté de la plaque. Il a été l’élément déclencheur, c’est tout. Avec son petit journal indépendant, sans subventions ni publicité, à Amiens, et ses reportages remarquables pour montrer le vrai visage de Bernard Arnault, il a réussi à créer son public, qui n’a pas voulu le lâcher. Tous lui ont demandé « et maintenant on fait quoi » ? Vous connaissez la suite. Ce garçon va entrer dans l’histoire alors qu’il n’a rien demandé à personne. L’opposé de vous en somme.
Encore une fois, pour trouver une réponse, vous avez envoyé Macron à Amiens, là où se trouve le journal de François Ruffin, en faisant semblant de lui faire lancer un nouveau mouvement politique, tel un laqué fidèle acquis à votre cause.
Mais franchement, au delà de l’imposture médiatique, quelle est votre stratégie ? Il y a des jeunes debout par milliers qui ne veulent plus de vous. Vous, vous en dites quoi ? « J’ai une idée, on envoie Macron faire l’illusion, on a qu’à appeler ça « En marche ». Hein comme ils sont debout ces petits cons, on a qu’à les faire marcher dans la direction souhaitée maintenant. Avec notre petit de chez Rothschild, on peut faire ce qu’on veut, les jeunes filles l’adorent. Il va nous vider la place de la République notre poulain et les remettre dans le droit chemin. En marche militaire et que ça saute avec Macron. »
C’est donc ça votre cri de guerre François ? On leur répond qu’il y a Macron. Pour leur génération. Il a géré de gros deal pour un trentenaire. Laissez le penser à votre place. Il attend que ça. Pourtant, Emmanuel Macron est à la jeunesse ce que Barbie est au féminisme. Un jouet d’apparat. Mignon, plus ou moins utile, mais qui a le mérite d’exister et de se lever le matin. Comme on nous fait croire qu’il faut se lever tôt pour espérer ne pas être rejeté par la société, tous répètent qu’ils ne dorment pas. Qu’ils ont besoin de trois heures de sommeil. Qu’ils sont des sur-hommes. Sur-entrainés. Mais nous ne sommes pas encore en guerre. Alors pourquoi ne pas se reposer. Simplement pour penser. Un peu. Parce que on sait que le sommeil est l’élément essentiel pour nourrir notre cerveau et si ces hommes ne dorment pas, cela voudrait-il dire qu’ils ne pensent pas ?
Mais là n’est pas le sujet. On a laissé une partie de la jeunesse française dans une immense salle d’attente. Avec en toile de fond un portrait de Tony Montana entrecoupé des rires de Cyril Hanouna.
La réalité de la jeunesse française est catastrophique. Au delà du point de vue économique, l’espoir de jours meilleurs a disparu. On ne nous écoute pas. Nous n’avons plus de tribune à part celles que l’on se créent. Et comme Google a définitivement prit la place du père chez beaucoup de jeunes sans repères, une nouvelle génération hybride est née. Ce n’était pas prévu. Ce n’était pas dans l’agenda. Mais on est là.
François, à ce stade je peux me permettre de vous appeler François. Vous devez regretter parfois votre petite Mairie à Tulle. Quand vos problèmes se limitaient à quelques prénoms féminins. Valérie, Julie ou Ségolène c’est quand même moins violent à gérer que Coulibaly, Abaaoud et Abdeslam.
Il ne vous reste plus que treize mois à tenir. Cela va de soi que vous ne tiendrez aucun de vos engagements mais par politesse serais-ce trop vous demander de vous excuser ? Des excuses publiques. Courtes. Simples. Ça nous toucherait. Faites semblant d’être ému pour vous faire croire que vous êtes encore l’élu de la nation. Mais au fond vous comme nous, ne sommes dupes, on la connaît la vérité. On sait bien qu’elle n’est pas belle à voir. L’illuminé de la république, tombé là par hasard, se voit gérer du jour au lendemain une crise économique mondiale, un terrorisme immaîtrisable.
On nous laisse entre les mains de prêtres pédophiles pour garder la foi. Pour prier plus longtemps. Leurs victimes, toujours jeunes, elles aussi, n’ont pas le droit de réponse. Par contre vu la puissance du lobbying au Vatican, eux peuvent se défendre. Et s’en sortir. Les jeunes qui ont eu l’obligation de les sucer dans la maison de Dieu, eux, n’ont pas leur mot à dire.
Et on ne vous parle pas de l’enseignant qui s’est amusé pendant des années à réaliser des semaines du goût avec pour jouet son sexe dans la bouche des enfants.
Plus personne n’ose s’exprimer en France, à tel point que Patrick Sébastien devient un auteur majeur simplement parce qu’il ose écrire ce qu’il pense. D’Albert Camus à Patrick Sébastien, c’est le résumé le plus court qu’on puisse faire du dernier demi-siècle français. On affronte plus la guerre à venir avec des idées mais avec des ricanements. C’est aussi pour ça que les lycées et autres commissariats commencent à bruler. Les « Panama Papers », c’est dérisoire à côté de ce qui arrive à la jeunesse en ce moment. Le vrai sujet devrait être les moins de 35 ans. Maintenant qu’ils se savent visés sur les terrasses de café, le sujet ne peut plus être évité.
Les peuples, et non les entreprises, vont avoir à partir d’aujourd’hui la possibilité d’élire quelqu’un qui porte leurs besoins et leurs rêves, et qui commencera à éluder une présidence dirigée par les 500 plus grandes fortunes. L’Élysée imaginée par le peuple et pour le peuple, non par les établissements financiers.
Comme nous ne voulons pas être réduits au silence face à ces 500 personnes (que nous vous avons listé ici) et qui contrôlent la production de notre culture et nos images au XXIe siècle, comprenez que nous étions obligés de nous organiser, avec ou contre vous. Il fallait que vous soyez au courant. Pour qu’on ne puisse pas entendre un jour que vous ne saviez pas. Et n’oubliez jamais que vous avez besoin de nous. Mais que nous n’avons pas besoin de vous.
En espérant que notre lettre saura attirer toute votre attention, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en notre… enfin vous voyez quoi.