Mais qu’est-ce donc que ce nouveau phénomène sous le nom de « Génération Popop » (Popop pour « Politiquement Pop ») ? Une tendance ? Un néologisme à la con ? Ou plus simplement la nouvelle appellation bâtarde des magazines féminins en quête de pertinence éditoriale ?
Peut-être rien de tout ça. Les « popops » sont simplement l’un des signaux faibles marquant une rupture avec toutes les autres générations plus politisées que l’actuelle. La vraie question maintenant est de savoir si le popop va tuer le bobo. Et donc par extension si le popop va le remplacer.
Les bobos sont vieux. Les popops sont jeunes. Les bobos ont mathématiquement moins d’avenir que les popops. Qui eux mêmes se feront détrousser par les anti-popops. Ces futurs anti-politiquement pop qui n’attenteront rien de la candidature à la présidence des États-Unis de Mark Zuckerberg en 2020 mais qui miseront tout sur celle d’Angelina Jolie en 2024.
Quand les bobos regardaient en France les Guignols de l’info, les popops eux regardent Yann Barthes et sa troupe faussement impertinemment pop. Les premiers lisaient Actuel, Max, 20 ans et les débuts de Technikart, les autres se contentent d’Instagram et de Snapchat. Quand les premiers découvraient Radio Nova, les seconds ont eu Vice et Netflix…
Pire que le bobo. Le popop.
Pour ce dernier rien n’est sérieux. Tout est prétexte a la culture du LOL. Kim Jun-Un envoie des missiles n’importe où ? Pas grave on peut se moquer de sa coupe de cheveux. Donald Trump provoque les plus faibles. Pas grave on peut lui répondre avec des smileys sur Twitter. Emmanuel Macron baisse les APL des étudiants. Pas grave on peut se moquer de l’âge de sa femme. Vladimir Poutine montre sa puissance guerrière inconséquente au monde. Pas grave il a posé torse nu pendant ses vacances.
Oui le Politiquement-pop est inconscient et inconséquent. Rien n’a de prise sur lui à part son nombre de « followers » sur Instagram. Personne n’a grâce à ses yeux à part ceux qui le like frénétiquement.
Le popop aime que rien ne soit traité sérieusement. Il faut détourner ou moquer tout ceux susceptibles d’envoyer une arme à l’autre bout du monde. Entre les annonces d’attentats quotidiens et les images meurtrières diffusées un peu partout, seul l’angle pop est accepté à ses yeux. Une manière de crever doucement l’abcès. De désamorcer le poids des images. La gentille moquerie plutôt que la prise de conscience. Le ricanement plutôt que la réflexion. Le détournement plutôt que le décryptage. Le popop cache son nihilisme chronique sans savoir vraiment ce que cela veut dire. Le Popop annonce un avenir géo-politique avec un futur très limité. Parce que le popop ne voit pas plus loin que le bout de son iPhone.
L’information doit être traitée en vidéo et idéalement en moins de 120 secondes pour un sujet complexe. Et moins de 60 secondes pour un sujet accessible. Autant dire que le temps consacré au savoir est proche de zéro. Comment alors dessiner demain un avenir politique avec comme savoir une suite de vidéos aux mots idiots ?
Comment bâtir un contre-pouvoir contre-culturel si le savoir commun est régit par 3 ou 4 plateformes qui détiennent toutes les données d’une génération qui ne le sait pas encore vraiment ?
La génération qui aura suivi les frasques de la famille Kardashian et de la bande de Cyril Hanouna est culturellement en dépression lourde. La vie politique des kids ressemble vous l’aurez compris aux vidéos qu’ils regardent sur MinuteBuzz ou Konbini. A savoir, vide de sens et sans pertinence.
Pour le défendre un peu, le popop n’est pas tout à fait responsable de sa médiocrité. Puisqu’il a vécu dès sa naissance un réel formatage idéologique. Pas coupable donc mais victime.
Avec Hitler, Franco, Pétain, Staline ou Lénine, au moins c’était clair et direct, l’information était de nature propagandesque. Aujourd’hui cette génération a l’impression qu’on lui enseigne la liberté et la vérité. Évidemment il n’en est rien. L’idée que l’Europe, l’euro, le marché, l’argent ferait la vérité des peuples est enseignée partout très tôt, très vite.
C’est une contamination. Et la génération popop obéit à cette propagande. Personne ne veut prendre le risque de désobéir. Par peur de sortir des rangs. D’être marginalisé. Pire… de ne plus avoir un seul like sur les réseaux sociaux. Toute l’intelligence de la génération popop est donc formatée par une idéologie. Mais le pire c’est que cette nouvelle génération ne le sait pas. Autant sous Lénine, Castro ou Staline c’était clair et direct, tous savaient qu’ils étaient formatés par une idéologie. Autant sous Emmanuel Macron, on ne voit pas quelle est l’idéologie à laquelle on oblige à croire cette génération devenue donc malgré elle politiquement pop.