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Nous avons déposé un recours devant la CEDH contre la Loi Schiappa et la condamnation de Jordan L., dans l'affaire Mila

Jordan L. est un jeune catholique de Lisieux sans casier judiciaire, condamné à un an de prison, du fait d'un seul tweet, lu par trente personnes, ne contenant ni menaces, ni provocation à la commission de crimes et délits.

Nous avons déposé un recours devant la CEDH contre la Loi Schiappa et la condamnation de Jordan L., dans l'affaire Mila

Ce tweet n'avait même pas été lu par Mila ORRIOLS avant l'audience. Mais le Procureur, récemment nommé par le gouvernement, et le gouvernement - qui venait de faire adopter cette loi - voulaient un procès spectacle, organisé dans la plus grande salle du Tribunal judiciaire de Paris. Ils ont donc mobilisé l'unité d'enquête chargée des crimes contre l'humanité et de génocide. Ils ont choisi au hasard treize personnes au sein de la société. Il les ont arrêtés à six heures du matin, perquisitionnés, placés en garde à vue et envoyé à Paris, avant de leur imposer un contrôle judiciaire sévère.

Pour rappel, Mila ORRIOLS, depuis reconnue pour ses saillies racistes, avait tenu des propos vulgaires et provocateurs sur l'islam, et était défendue par Richard MALKA au nom du droit au blasphème. La partie civile et le parquet avait besoin d'utiliser un catholique pour parer aux procès d'intention concernant la supposée islamophobie de leur démarche. Jordan L., qui avait fait l'objet d'un signalement anonyme sur Pharos, pour un tweet qui avait fait deux likes, qui n'avait pas été adressé à la personne en question, qui se contentait de commenter, de façon vulgaire et provocatrice, les propos d'une personnalité publique provocatrice et vulgaire, en a fait les frais.

Le procès spectacle, dégoutant, qui a été organisé six mois plus tard, a été permis par une loi rédigée avec les pieds, qui fait de la lutte contre les violences sexuelles et morales un instrument au service des puissants, mobilisable pour détruire, faire chanter, dévaster sans justification. Le code pénal, que ce soit par la répression des menaces, des injures, de la diffamation ou de la provocation à la commission de crimes et délits, enfin du harcèlement simple, est largement suffisant pour protéger les plus fragiles.

Cette nouvelle disposition du code pénal ne sert à rien, si ce n'est intimider et protéger les proches du pouvoir (Magali Berdah contre Booba ; Cauet contre ses victimes présumées ; Marlène Schiappa contre le twittos ayant révélé son placement de produit pour des soins capillaires...) ou pour lancer des offensives idéologiques (Mila). Elle distrait les services d'enquête et les magistrats. Cela me permet d'aborder un second point, infiniment plus grave, et pourtant relié au premier.

J'ai ressenti, en découvrant le sort fait à Philippine, de l'horreur et du dégoût à l'égard de la police judiciaire et du parquet de Paris, qui depuis des années se montrent plus occupés à poursuivre et détruire opposants et personnes lambda, organiser des procès spectacles et répondre à des paniques morales que de défendre les personnes vulnérables, le droit et la sécurité de nos citoyens. La suffisance, la soumission au politique, l'obsession pour le pouvoir et la carrière, enfin, l'absence complète de pensée et de réflexion, en ont fait des instruments du mal, au détriment du bien commun. Qu'il ait fallu une battue citoyenne pour retrouver le corps d'une jeune femme, alors que rien n'était fait par les autorités, est un symptôme effrayant.

Qu'on puisse penser que ce corps n'aurait peut-être été jamais retrouvé, ou des mois, des années plus tard, dans l'état que l'on imagine, si des citoyens ne s'étaient saisis eux-mêmes du sujet, si son téléphone n'avait pas borné, dit tout de notre société. Ce n'est pas un fait divers comme un autre. La responsabilité de l'Etat est accablante.

Et une certaine gauche, incapable de résister aux tentations et facilités, sombre en un aveuglement coupable, symétrique à celui de l'extrême droite, en cherchant à l'instrumentaliser idéologiquement ces affaires, plutôt que de s'attaquer aux dysfonctionnements d'un État qui, n'assurant plus ses fonctions, nous expose au retour de la violence et de la barbarie. Les conclusions auraient pourtant dû être simples et évidentes, et le gouvernement montre une irresponsabilité accablante dans cette affaire. La première mesure est évidente.

Le préfet de l'Yonne aurait dû être immédiatement démis. Mais en cette République, l'impunité des agents de l'Etat est un absolu transpartisan. Ce n'est pas pour rien que le sous-préfet en charge de la sécurité lors de l'attentat de Nice a été promu à la chefferie de cabinet de l'Elysée puis plus jeune préfet de France ; tandis que le préfet était lui exfiltré à l'Inspection Générale des Finances, le plus grand corps de l'Etat. On ne parle pas des magistrats. En seize ans, malgré des milliers de saisines par des citoyens pour une infinité d'affaires parfois outrancièrement scandaleuses, le CSM n'a condamné qu'un magistrat. Un seul magistrat. A Un blâme.

C'est-à-dire à rien. Quiconque a fréquenté un palais de justice sait pourtant les horreurs qui peuplent au quotidien ces espaces, que ce soit en audience ou en cabinet.

Les abus inconcevables se succèdent aux petites lâchetés et incompétences, faux, manipulations et règlements de compte, injustices flagrantes et pures traduction des rapports de pouvoir au sein de la société.

Là encore, au détriment des plus vulnérables. La minorité qui resiste se fait le plus souvent laminer. Celle qui dénonce est inexistante, par peur de se faire écraser.

Et pourtant, rien. Les cadavres peuvent continuer à s'accumuler. Gare à la colère, cependant, qui ne cesse de monter.


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