On n’aura jamais vu Francesca Woodman autant habillée. Pour la première fois, la galerie Marian Goodman à New-York expose des oeuvres surprenantes révélant un aspect méconnu de son travail. Tissus, étoles, robes, jupes, gants, tout y passe dans des photos où la mode est montrée comme nulle part ailleurs. A en faire pâlir de jalousie les magazines fashion du monde. Ces images et croquis, réalisés dans les dernières années de sa courte vie évoquent l’attachement de la photographe au style et à l’habillement d’une femme qui a toujours montré les femmes nues. Posant elle-même ainsi que quelques modèles dont on ne connaitra jamais l’identité, l’artiste révèle un attachement méconnu à ce qui est aujourd’hui devenu une industrie.
Comme l’écrit Alison Gingeras, » la mode est devenu un outil essentiel pour la pratique artistique émergente de Woodman ainsi que pour son auto-définition. Plus que de simplement fournir des accessoires, la mode était un catalyseur de créativité dans sa vie ».
Suicidée à l’âge de 22 ans, elle est devenue une légende par sa précocité intellectuelle et artistique et son érotisme froid. Ses photos « morcelées », sa réflexion sur la femme, la nudité spectrale de son corps, et son destin tragique en font une des plus grandes photographes au monde. Dommage qu’elle ne soit plus là, pour poser la pureté de son regard sur la mode actuelle.