Mistral AI : le champion français de l'IA bâti sur du piratage massif de livres

En cette fin décembre 2025, l'enquête explosive de Mediapart met à nu les pratiques scandaleuses au cœur de l'intelligence artificielle générative. Meta, le géant américain, a massivement piraté des sites illégaux comme LibGen pour aspirer des millions de livres protégés par le droit d'auteur, et ce, sous la direction directe de Guillaume Lample – aujourd'hui cofondateur et pilier scientifique de Mistral AI, la start-up française valorisée à des milliards et célébrée comme le fleuron européen de l'IA "ouverte" et "éthique".

Les faits sont accablants : dès 2022, Lample a supervisé le téléchargement de dizaines de téraoctets de données piratées, justifiant ces actes illégaux par un cynique "tout le monde le fait" – citant OpenAI, Google et DeepMind. Face aux objections internes de collègues soulignant que "pirater des livres, c'est franchir une ligne rouge", il balaie les scrupules : on va le faire quand même. Ces données volées ont nourri les premiers modèles LLaMA de Meta, dont Lample était un architecte clé, avant qu'il ne quitte l'entreprise pour lancer Mistral en 2023.

Comment un cofondateur de Mistral AI a piraté des millions de livres quand il travaillait chez Meta

Pour entraîner son modèle d’intelligence artificielle, la maison mère de Facebook a téléchargé illégalement, dès 2022, les ouvrages accumulés par le site pirate LibGen. Mediapart révèle l’implication…

MediapartClément Pouré, Soizic Pénicaud

Mistral AI, soutenue par des fonds publics français et portée aux nues par l'Élysée comme rempart à l'hégémonie américaine, se retrouve éclaboussée au plus haut niveau. Même si l'entreprise assure aujourd'hui n'utiliser que des données "publiques" ou licenciées, comment croire en sa vertu quand son directeur scientifique a personnellement dirigé l'un des plus grands vols de propriété intellectuelle de l'histoire numérique ? Cette hypocrisie flagrante discrédite totalement le discours sur l'IA "souveraine" et "transparente" made in France.

Prédictivement, 2026 sera l'année du règlement de comptes. Les auteurs et éditeurs, déjà mobilisés aux États-Unis contre Meta et consorts, porteront plainte en Europe, soutenus par l'AI Act qui impose désormais une traçabilité stricte des données d'entraînement. Mistral, déjà distancée par des modèles plus performants, risque des amendes écrasantes, une perte de contrats publics et une fuite de talents choqués par ces révélations. La licorne pourrait bien s'effondrer sous le poids de ses fondations pourries.

Ce scandale n'est pas isolé : il expose le modèle économique toxique de l'IA générative, fondé sur le pillage systématique des créations humaines. Tant que les géants – américains ou prétendument européens – voleront impunément le travail des écrivains pour engraisser leurs algorithmes, la révolution promise ne sera qu'une vaste escroquerie. La France, qui a tant misé sur Mistral, doit maintenant choisir : tolérer ce banditisme numérique au nom de la "compétitivité", ou enfin imposer une IA véritablement éthique, au risque de voir ses champions couler. Le masque est tombé : derrière l'innovation ronflante, il n'y a souvent que du vol organisé.