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Libération, ex-journal rebelle devenu chambre d’écho des milliardaires : l’interview exclusive d’Antoine Arnault en dit long sur la dérive

Il fut un temps où Libération faisait trembler les puissants. Une une légendaire (« Casse-toi riche con ! ») avait même réussi à faire saigner Bernard Arnault en 2012.

Libération, ex-journal rebelle devenu chambre d’écho des milliardaires : l’interview exclusive d’Antoine Arnault en dit long sur la dérive
Bernard Arnault (à gauche) aux côtés de son fils, Antoine Arnault (à droite) à Paris, le 14 décembre 2023. (Emmanuel Dunand/AFP)

Treize ans plus tard, le même journal ouvre grand ses colonnes à Antoine Arnault pour une longue interview-fleuve « exclusive », publiée ce mercredi 3 décembre, où le fils aîné du patron de LVMH se pose en victime d’une fratrie divisée et en « soldat dévoué » de l’empire familial.

Le contraste est saisissant. Entre-temps, Libération a changé deux fois de propriétaire milliardaire : Patrick Drahi en 2014, puis Daniel Kretinsky en 2021. Deux oligarques qui ont transformé le titre en succursale docile du grand capital.

Et voilà que, pile au moment où l’on apprend que la famille Arnault est accusée d’avoir escroqué plusieurs milliards d’euros à une héritière Hermès âgée et vulnérable (affaire révélée par… Libération elle-même il y a quelques mois), le journal offre à Antoine Arnault une tribune géante pour polisher son image et régler ses comptes internes. Timing parfait.

Succession explosive, «le Parisien», Paris FC… Les confidences inédites d’Antoine Arnault, «soldat de LVMH»
La famille à la tête du premier groupe de luxe mondial connaît-elle une guerre intestine et potentiellement ravageuse ? En exclusivité à «Libération», le premier fils de Bernard Arnault affirme ne pas agir au «service de [s]es ambitions».

Dans cet entretien signé Charlotte Chaffanjon et Adrien Franque, Antoine Arnault joue les offensés : on le « cible », on le « chiffonne », il ne comprend pas pourquoi « tout d’un coup » il inquiète. Il se présente en rassembleur, en seul adulte dans une fratrie où les « petits » (ceux de la seconde épouse Hélène Mercier-Arnault) voudraient aller « plus vite ».

Il assure qu’il n’a aucune ambition personnelle, qu’il est juste là pour « dire la vérité » à son père et protéger l’image du groupe. On frôle la sainteté.

Sauf que, pendant ce temps, les sujets qui fâchent sont soigneusement édulcorés ou passés sous silence :

  • L’enquête Hermès ? À peine évoquée en une phrase, comme un détail parmi d’autres « crises » à gérer.
  • Les sous-traitants de Dior accusés d’exploitation en Italie ? Une ligne.
  • Les accusations de harcèlement chez Moët Hennessy ? Zéro.
  • Le rachat du Paris FC comme outil d’influence politique et tribune VIP pour Valérie Pécresse ou Rachida Dati ? Présenté comme un joli projet familial fédérateur.

À aucun moment les journalistes ne confrontent vraiment Antoine Arnault sur ces dossiers brûlants. On reste dans le registre du portrait flatteur : « force tranquille », « fidélité de labrador », « mec super » selon Stéphane Fouks (Havas) ou Daphné Roulier. Les critiques ? Reléguées à des sources anonymes et vite balayées.

Les 14 milliards fantômes d’Hermès : Arnault, Freymond et les cadavres dans le Birkin
Imaginez : un vieil héritier, Nicolas Puech, scrute le vide de son coffre-fort. Six millions d’actions Hermès. Disparues. Poof. Valeur actuelle : 12 milliards de francs suisses. Et au bout du fil, Bernard Arnault, qui rit en empochant 2,9 milliards d’euros de plus-value.

Quand on sait que Daniel Kretinsky est lui-même en affaires avec les milieux du luxe et que Patrick Drahi, avant lui, avait déjà fait de Libération un journal « compatible » avec les intérêts des grandes fortunes, cette opération de communication en dit long.

Le titre qui se revendiquait « de gauche » et anti-patronat est devenu le confident attitré des Arnault au moment précis où ceux-ci ont le plus besoin de redorer leur blason.

Libération n’est plus un journal : c’est une agence de relations publiques haut de gamme au service de ceux qui peuvent se l’offrir. La boucle est bouclée. L’ancien chiffon rouge est devenu un tapis rouge. La preuve ici :

Succession explosive, «le Parisien», Paris FC… Les confidences inédites d’Antoine Arnault, «soldat de LVMH»

Charlotte Chaffanjon, Adrien Franque

La famille à la tête du premier groupe de luxe mondial connaît-elle les prémices d’une guerre intestine potentiellement ravageuse ? Alors qu’il se sait visé par une forte opposition en interne, le premier fils de Bernard Arnault a reçu «Libération» en exclusivité. Il affirme ne pas agir au «service de [s] es ambitions».

Malgré une poignée de main chaleureuse et un large sourire, ce n’est pas de gaieté de cœur qu’Antoine Arnault nous accueille. Il faut le comprendre : «Parler àLibération, c’est un peu particulier pour notre famille, c’est un chiffon rouge, vous imaginez bien. On a toujours la cicatrice de ce fameux numéro…» Ce fameux numéro ? Celui du lundi 10 septembre 2012, affichant à sa une un Bernard Arnault tout heureux, valisette rouge à la main, sous le titre «Casse-toi, riche con !». Le milliardaire venait de demander la nationalité belge, avant de renoncer face au tollé provoqué par l’hypothèse de son déménagement fiscal. «Ça a été tellement violent et agressif», se souvient le deuxième des cinq enfants du boss de LVMH.

Treize ans plus tard, une nouvelle une de Libé a provoqué des remous au sein du clan. C’était le 27 septembre, une enquête consacrée à la bataille à couteaux tirés entre les héritiers de l’empire du luxe autour de l’avenir du journal le Parisien, propriété de LVMH depuis 2015. D’un côté se situaient Antoine, 48 ans, et sa sœur aînée, Delphine Arnault, 50 ans, PDG de Dior, les enfants de la première épouse de Bernard Arnault, 76 ans. Eux souhaitaient garder le titre, perçu comme un outil d’influence important à un an d’une présidentielle . Tout en s’inquiétant de la sérieuse piste d’une cession à Vincent Bolloré , en pleine construction d’un empire médiatique réactionnaire . «Ce serait une grosse connerie», avait fait savoir Antoine Arnault à son père.

Face à eux, Alexandre, 33 ans, Frédéric, 31 ans, et dans une moindre mesure Jean, 27 ans. A rebours de leurs aînés, les garçons d’Hélène Mercier-Arnault, seconde et actuelle épouse de Bernard Arnault, s’étaient activés pour convaincre leur paternel de vendre ce journal qu’ils jugent coûteux et obsolète. Bilan de l’affaire en ce début décembre : les premiers ont remporté la manche. Vincent Bolloré est écarté pour un bail, LVMH a annoncé recapitaliser le Parisien à hauteur de 150 millions d’euros . Un plan d’économies qui s’avérera sans doute drastique est lancé, le dirigeant du groupe les Echos – le Parisien, Pierre Louette, devrait, dit-on en haut lieu, être prochainement remplacé, et Antoine Arnault l’affirme à Libé : «C’est terminé, on gardele Parisien et j’en suis très content.»

Pourtant, il le sait bien, cette petite victoire ne dissipe pas les nuages au-dessus de sa tête. Car ce qui s’est joué là pourrait beaucoup ressembler aux prémices d’une guerre de succession, qui promet d’être ravageuse au vu de l’enjeu : un empire du luxe au chiffre d’affaires de 84,7 milliards d’euros en 2024 et aux 200 000 salariés à travers la planète.

En charge de «tous les sujets crisogènes»

La position d’Antoine Arnault est particulière au sein de LVMH. Il en est, depuis 2018, le directeur image et environnement, chargé de faire briller et de protéger la réputation du groupe, armé des communicants les plus en vue de Paris. Un poste privilégié, qui lui offre une vision à 360 degrés des problématiques à gérer. «Tous les sujets crisogènes passent par ce bureau», admet-il lors de sa rencontre avec Libération,mardi 25 novembre rue du Faubourg-Saint-Honoré, dans son antre de président de la marque Berluti, un de ses autres postes au sein de LVMH.

Dans ce temple du luxe à la française, les bouteilles d’Evian sont alignées sur un plateau siglé Louis Vuitton, l’un de ceux qui servaient à remettre les médailles lors des Jeux olympiques de Paris de 2024. Un été béni pour LVMH, principal partenaire de la compétition avec son armada d’entreprises glamourissimes, des bijoux (la Maison Chaumet pour les médailles) au champagne (Moët & Chandon), entre autres. Exposition maximale et triomphe pour Antoine Arnault, à la manœuvre de ces festivités pour le groupe.

La suite, ces derniers mois, fut plus sombre. Le contexte économique du secteur du luxe qui se tend à cause d’un marché chinois déprimé, les sous-traitants de Dior ou Loro Piana soupçonnés d’exploitation en Italie (à l’insu des sociétés du groupe de luxe français), des accusations de harcèlement moral et sexuel à l’encontre des dirigeants de Moët Hennessy , cet énorme bazar autour du Parisien, mais aussi, l’affaire Hermès qui ressurgit, avec, comme l’a révélé Libé, un héritier qui réclame à LVMH et à Bernard Arnault 14 milliards d’euros.

Et, surtout, tous ces sujets qui filtrent dans la presse, les uns après les autres, quasiment en direct, créant, à force, une atmosphère délétère au siège de LVMH avenue Montaigne, au point de faire s’interroger Antoine Arnault. Puisqu’il gère les crises, est-ce lui qui serait visé par tous ces déballages ? Et qui en serait à l’origine ? En qui donc peut-il encore avoir confiance ? «Je ne comprends pas pourquoi, tout d’un coup, j’inquiète ou je chiffonne. Je n’ai pas particulièrement l’impression de monter en puissance», lâche-t-il lors de notre rencontre, yeux bleus du père plissés, affable dans cette période de tension absolument inédite. Et de marteler, comme pour appuyer qu’il se sent une cible à abattre : «Il faut bien que je défende mon image et mon bilan.»

«Une menace dans un grand plan de succession»

Cela commence par cette spécificité, unique selon lui, qui lui offre ses fonctions transversales chez LVMH : «Je pense avoir une qualité et un rôle à jouer dans cet écosystème et dans ce groupe : je dis la vérité à mon père !» fanfaronne Antoine Arnault. L’ancien PDG de Radio France Mathieu Gallet peut en témoigner. Appelé en renfort pendant la crise aux Echos, à la suite de l’éviction rocambolesque du directeur de la rédaction Nicolas Barré en mars 2023 (sur fond d’articles concernant Vincent Bolloré susceptibles d’avoir déplu à Bernard Arnault ), il est alors chargé de trouver un dirigeant qui puisse contenter à la fois l’actionnaire et la rédaction, in fine Christophe Jakubyszyn, débauché de BFM Business . «Pour sortir de la crise, Antoine a su trouver les mots pour expliquer franchement les spécificités du secteur des médias à son père», se souvient Mathieu Gallet.

D’autres fois, il est difficile de faire entendre raison à Bernard Arnault. Par exemple, l’aîné des fils n’est pas particulièrement transporté par l’emballement paternel pour Donald Trump. Pourquoi a-t-il autant besoin de s’afficher comme cela auprès de ce président américain réactionnaire ultra controversé ? Antoine Arnault lui a fait part de ses doutes avant de constater que ses recommandations n’avaient aucun effet. Pire même, les liens entre Bernard Arnault et Donald Trump, vieux de quarante ans, quand les deux se côtoyaient dans le secteur de l’immobilier new-yorkais , se sont intensifiés depuis la récente réélection du républicain populiste, et les milliardaires s’échangent désormais régulièrement des SMS et même quelques coups de fil… «Comme quoi, il n’écoute pas toujours !» se marre-t-il.

En creux, derrière la guerre intestine que se livre la fratrie sur fond de divergences de vision pour l’avenir, se dessine une affaire intime bien plus complexe et délicate. Celle d’une famille recomposée, qui aurait du mal, précisément, à composer ensemble. Il y est question du remariage de Bernard Arnault, de son épouse depuis trente-quatre ans, Hélène Mercier-Arnault, qui voudrait «que ses trois fils aillent plus vite» dans leur ascension au sein du groupe -bien qu’ils occupent déjà des postes majeurs à la direction de différentes maisons de LVMH-, décrypte un observateur. Et verrait Antoine et Delphine, qui se fait volontairement très discrète, mais également l’époux de cette dernière, le fondateur de Free, Xavier Niel , «comme une menace dans un grand plan de succession». Pour tenter d’y comprendre quelque chose, il faut naviguer au milieu d’un climat irrespirable, entre communicants officiels ou officieux, dans lequel tout le monde balance des critiques sur les uns et les autres.

Hélène Mercier-Arnault, qui se sent pointée du doigt par une partie de la famille comme étant une source de déstabilisation, a accepté de répondre à Libération, par écrit : «Je ressens un grand attachement pour Antoine. Je ne suis pas sa mère, mais je l’aime comme un fils.» Avant de tenter de démonter les rumeurs : «Ce conflit ouvert est une vue de l’esprit. Et moi, en chef d’orchestre, c’est un roman dans le roman. Nous sommes une famille recomposée, mais unie et qui s’aime. Il n’y a aucun conflit ouvert. Mon mari est d’ailleurs exactement du même avis.»

Son mari, justement. De l’avis de la quasi-intégralité des protagonistes interrogés, ce désordre familial aux conséquences industrielles potentiellement majeures est avant tout le résultat des atermoiements de Bernard Arnault autour de la question de sa propre succession, qualifiée par ses enfants «d’éléphant dans la pièce».

Après avoir transformé en 2022 sa holding Financière Agache en commandite pour assurer la transmission de l’empire à ses cinq héritiers, le patriarche s’est arrêté là, sans donner plus d’indices sur l’identité de son successeur, et s’imagine rester encore une décennie aux commandes. Hélène Mercier-Arnault admet elle-même : «C’est un thème que nous n’abordons quasiment jamais tous les deux, et cela lui appartient entièrement.»

Sauf que derrière cet attentisme, les ambitieux trépignent. La grandiose série de HBO Succession, qui voit les enfants d’un magnat des médias se déchirer pour prendre sa place, peut-elle aller se rhabiller ? «J’ai regardé deux épisodes, et j’ai trouvé l’ensemble tellement caricatural que ça m’a vite lassé, raconte Antoine Arnault. Tout le monde en parlait avec une telle exaltation que me forcer à poursuivre me semblait presque malsain.»

«Force tranquille» ou «play boy» jet-setteur

Son positionnement est simple : il n’affiche aucune ardeur personnelle, se présente comme étant au service de son père. «Je suis un soldat du groupe, certainement pas au service de mes ambitions», dit-il. Il se définit bien volontiers comme un «rassembleur». Sa mère, Anne Dewavrin, qui a divorcé de Bernard Arnault en 1990 et a cherché à élever ses enfants le plus «normalement» possible, l’aurait d’ailleurs bien vu diplomate. Ses plus proches amis, eux, l’imaginaient plutôt en producteur de cinéma à succès qu’en capitaine d’industrie.

Ces derniers nous invitent à contacter une liste de personnalités hétéroclites, composée entre autres de l’acteur Vincent Lindon ou du banquier Sébastien Proto – tous n’ont pas répondu ou accepté nos sollicitations. Le directeur des relations exterieures de LVMH Jean-Charles Tréhan déroule, fort laudateur : «Antoine a un sens de la communication redoutable, et un instinct hors pair sur nos sujets. Il est en plus de cela très disponible, proche des équipes. Il saura toujours mettre son interlocuteur, quel qu’il soit, à l’aise.» Même emballement du côté de Clément Léonarduzzi, vice-président de Publicis, qui décrit «un mec super», et de Stéphane Fouks, le vice-président de Havas WorldWide : «Antoine Arnault c’est une jolie découverte, son arrivée a changé beaucoup de choses. Il a de la sagesse, de la tranquillité et du courage.»

Plus intime, la journaliste Daphné Roulier raconte qu’ils sont tous deux liés «par une fidélité de labrador» depuis vingt ans : «C’est vraiment un mec formidable, quelqu’un qu’on peut appeler à 4 heures du matin et qui arrivera avec la camionnette sans poser de questions.» Un observateur avisé de l’empire LVMH juge : «Au jeu de la succession, il a sa chance : il est l’ombudsman, le visage sympathique, ouvert. Il comprend la complexité du monde.»

Ses opposants en font, sans surprise, un tout autre portrait, mais réclament le off, l’anonymat. Antoine Arnault serait en réalité «le diviseur», moins brillant que les autres, à la scolarité chaotique, lorsque les plus jeunes affichent à leur tableau de chasse estudiantin des écoles bien plus prestigieuses que HEC Montréal, comme Polytechnique pour Frédéric Arnault. Un «playboy» jet-setteur, plus amateur de bonne bouffe, de golf et de poker (il fut un temps tête d’affiche du site Bwin) que de bilans comptables.

«Je ne suis pas fait pour bosser de 8 heures à 20 heures», répéterait le président de Berluti. Fêtard dans sa jeunesse ? Il l’assume bien volontiers devant ses intimes, admettant en avoir «fait voir de toutes les couleurs» à son père «à l’adolescence», plus intéressé qu’il était «par les matières littéraires, par les films, bientôt par les filles, que par les équations différentielles».

Ce qui ne l’a pas empêché, comme tous les enfants Arnault, de faire ses armes entre les différentes maisons LVMH. Démontrant son appétence pour les coups marketing comme dircom de Louis Vuitton au tournant des années 2010, avec des campagnes pub réunissant des grands noms du sport, du cinéma, de la musique. Souvent sous l’objectif de la légendaire photographe Annie Leibovitz. Il aura aussi transformé le bottier centenaire d’origine italienne Berluti en griffe de référence, multipliant par quatre son chiffre d’affaires, bien que ce soit au prix d’un lourd endettement.

C’est lui qui réclame à Bernard Arnault la structuration d’un pôle communication et influence il y a sept ans, en réaction au succès du documentaire de François Ruffin Merci Patron !, satire au vitriol de l’empire LVMH. «La stratégie de Bernard Arnault de ne rien faire, hormis d’être dans le rapport de force et la brutalité, avait montré ses limites. Antoine a proposé de faire autrement, son père l’a laissé faire», raconte un conseil d’Antoine Arnault, et d’ajouter : «Il y avait un besoin d’ouvrir les portes, d’adoucir et d’humaniser, plutôt que de faire la guerre à tout va.»

Ce sera la création des Journées particulières, événement qui expose les métiers et les savoir-faire des maisons LVMH et dont une nouvelle édition aura lieu, selon nos informations, à l’automne 2026. Mais aussi d’autres initiatives, la politique environnementale avec Life 360, le gros chèque pour la reconstruction de Notre-Dame , les dons de plusieurs millions d’euros au Secours populaire ou aux Restos du cœur, oboles parfois critiquées pour leur propension à être largement publicisées et en partie défiscalisées.

Ce sera aussi le sport, rare sujet qui soude la fratrie. Depuis un an, la famille a mis la main sur le Paris FC (PFC), Bernard Arnault ayant fait ce cadeau à ses fils. Luxe de père dépassé, mais milliardaire ? Antoine et Frédéric ont, en tout cas, mené les négociations ensemble, transportés à l’idée de faire un jour du modeste club de la capitale une future équipe européenne. «Il était clair qu’il s’agissait aussi de fédérer les enfants autour d’un projet familial», confirme le président du PFC, Pierre Ferracci, qui achèvera dans dix-huit mois de transmettre les rênes du club aux Arnault.

Les quatre fils sont réunis dans un même groupe WhatsApp, «Paris FC Journey», pour suivre les affaires du club, et souvent en tribune, au stade Jean-Bouin. Alors que le PFC vient d’accéder à la Ligue 1 , Antoine Arnault s’est impliqué à fond. Il a déniché des vidéos YouTube pour jauger les recrues potentielles, au téléphone soir et matin avec les agents, multiplié les rencontres avec les ultras. Jusqu’à l’envie de casser son écran à chaque défaite imméritée.

Certains proches de la famille voient dans cette aventure un investissement risqué, «avec tous les margoulins du foot qui vont être attirés comme des mouches sur du miel» : «C’est la démonstration que le père a un peu perdu la main.» «Même si ça peut avoir l’air d’une danseuse, le club va être rentabilisé et avoir de la valeur à moyen terme», se rassure-t-on côté Arnault. C’est un imparable outil d’influence aussi, tribune présidentielle trustée par les politiques tous les quinze jours, la présidente d’Ile-de-France, Valérie Pécresse. Ou par la candidate aux municipales de Paris Rachida Dati à leurs côtés, alors que LVMH étend son emprise immobilière et marketing sur la capitale.

«Travailler en famille, une chance et… un sacerdoce»

Reste que les enfants Arnault n’avaient pas besoin d’un club de foot pour bénéficier d’un des carnets d’adresses les plus chics de France. Il fallait voir l’affluence au Pavillon Ledoyen, ce 30 septembre, au soir de la remise de la légion d’honneur à Antoine Arnault, une récompense pour le rôle de LVMH dans l’organisation des JO 2024. Un assemblage baroque allant du patron de presse quasi-centenaire Claude Perdriel à l’ancien footballeur David Beckham, en passant par Brigitte Macron ou Vincent Bolloré. La star de l’évènement avait choisi dans son discours de glorifier son père, la «légende», avec un mot pour chaque frère et sœur : «Travailler en famille est une chance, une responsabilité, un bonheur, et un sacerdoce.»

Dans la foulée de la cérémonie, Antoine Arnault a rassemblé au premier étage de chez Prunier, l’un des trois restaurants qu’il possède avec l ’un des rois de la nuit parisienne, Benjamin Patou , à quelques encablures de l’Arc de triomphe. Une tablée qui pèse. Lumières tamisées et bougies. Autour de lui et de son épouse, la top model et femme d’affaires russe Natalia Vodianova, s’attablaient l’actrice française Isabelle Adjani, l’influenceuse américaine Kendall Jenner, la it-girl Paris Hilton. Sa sœur, Delphine Arnault, était bien évidemment présente. Alexandre, Frédéric et Jean, ses trois frères, n’avaient, en revanche, pas été conviés. Ils se retrouveront tous à Noël, dit Hélène Mercier-Arnault : «Pour passer les fêtes tous ensemble, comme tous les ans.» Champagne !


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