La Chine, sous la houlette de son puissant Ministère de la Sécurité d'État (Guoanbu) et du Ministère de la Sécurité Publique, a perfectionné ces techniques, les adaptant à des opérations de séduction sophistiquées connues sous le nom de "honey traps" ou "pièges de la belle". En France, ces méthodes visent diplomates, cadres d'entreprises et militaires, exploitant des faiblesses humaines pour extraire des secrets d'État ou industriels. Basé sur des enquêtes approfondies et des témoignages exclusifs, cet article révèle comment Pékin déploie ces armes invisibles sur le sol hexagonal, avec des cas concrets qui ont secoué les services de renseignement français.
Les tactiques des "honey traps" : de la séduction à la compromission
Les espions chinois excellent dans l'art de la manipulation intime. Simon Menet, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, explique que ces opérations consistent à séduire des individus pour les intimider ensuite et les forcer à collaborer. "Ces méthodes incluent des opérations de type honey trap où des individus sont séduits par des agents de renseignement, intimidés puis contraints de collaborer", affirme-t-il. Souvent, ces approches commencent par des rencontres fortuites en soirées arrosées, où l'alcool fait baisser les gardes. Christophe Simoni, ancien responsable qualité en Asie, raconte : "Plus je buvais, plus ils me posaient des questions sur l’entreprise." Ces soirées, organisées par des fournisseurs chinois, visent à signer des contrats sous influence, mais peuvent déboucher sur des enregistrements compromettants – les fameux "kompromats" chinois, baptisés "matériaux tâchés".
Sur les réseaux sociaux comme LinkedIn, les faux profils pullulent : "Daisy Li" ou "Lily Lai" contactent des cadres français du secteur automobile, initiant des discussions anodines qui virent à l'espionnage. Thierry Lasserre, ancien directeur des Alliances françaises en Chine, met en garde : "Il est toujours difficile de savoir si ces approches viennent d’un réel intérêt individuel, ou s’il y a quelque chose derrière." Les cibles privilégiées ? Des hommes vulnérables, souvent mariés, dans des postes sensibles comme la diplomatie ou l'industrie de défense.
Des cas emblématiques : de l'opéra de Pékin aux couloirs de l'ambassade
L'histoire de Bernard Boursicot, immortalisée dans le film M. Butterfly de David Cronenberg, reste un cas d'école. En 1964, cet employé de l'ambassade de France à Pékin entame une relation avec Shi Pei Pu, chanteur d'opéra et agent du Guoanbu – révélé plus tard comme un homme. Boursicot espionne pour la Chine pendant des années et est condamné en 1986. Claude Martin, ancien ambassadeur en Chine, qualifie l'affaire de "pathétique", soulignant qu'elle relevait d'une initiative individuelle d'un agent.
Plus récemment, en juillet 2020, deux ex-agents de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), Henri Magnac et Pierre-Marie Hyvernat, écopent de 8 et 12 ans de prison pour avoir transmis des documents confidentiels à la Chine sur plus d'une décennie. Tout commence en 1998 avec Magnac, compromis par une relation avec une interprète chinoise "assez séduisante", liée aux services secrets. Me Bernard Grelon, avocat de la DGSE, confirme : "Il était évident qu’elle était en lien avec les services."
En 2022, un haut diplomate français à l'ambassade de Pékin est rappelé prématurément après une liaison avec une assistante chinoise, recrutée via un bureau contrôlé par le Parti communiste. Un haut fonctionnaire anonyme révèle : "Ces femmes viennent d’un bureau chinois au sein duquel l’ambassade est tenue de recruter des agents de droit local. Cette instance est entièrement soumise au Parti communiste." Le diplomate conteste, invoquant des raisons familiales et la pandémie de Covid-19.
Dans le secteur privé, un cadre d'EADS (devenu Airbus) est compromis en 2009 par une relation avec une Chinoise, menant à la découverte de documents techniques copiés. Des mariages suspects entre femmes chinoises et militaires français en Bretagne, ou encore trois ingénieurs de Dassault entre 2014 et 2016, ont alerté les autorités. Jonathan David, ex-cadre chez Apsys (filiale d'Airbus), décrit une tentative de compromission en 2014 à Shanghai : des offres de massages non sollicitées dans son hôtel, avec la certitude que sa chambre était sur écoute. Au Salon du Bourget, une stagiaire chinoise interroge un général sur des satellites militaires, sans réaction immédiate des experts en espionnage.
Les contre-mesures françaises : une bataille inégale ?
Face à cette menace croissante, les services français comme la DGSE et la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) multiplient les alertes. Des formations sensibilisent les expatriés aux risques des "confidences sur l'oreiller". Pourtant, la dépendance économique à la Chine complique la riposte : les entreprises françaises, attirées par le marché chinois, exposent leurs employés. Les autorités enquêtent sur les faux profils LinkedIn et surveillent les recrutements locaux dans les ambassades.
Malgré ces efforts, les cas se multiplient, soulignant la vulnérabilité de la France. Comme le résume un expert anonyme, "La Chine joue sur le long terme, exploitant chaque faille humaine pour accumuler des kompromats." Cet article exclusif met en lumière une guerre froide 2.0, où la séduction est l'arme ultime. Les autorités appellent à la vigilance : dans l'ombre des relations franco-chinoises, chaque rencontre pourrait cacher un piège.
Les allégations de kompromats en France : des pratiques internes sous Macron ?
Si les kompromats sont souvent associés à des puissances étrangères comme la Russie ou la Chine, des allégations circulent sur leur utilisation par les services français eux-mêmes, notamment la DGSE et la DGSI, sous l'ère Macron depuis 2017. Selon ces rumeurs, persistantes dans certains cercles politiques et médiatiques, la France réutiliserait ces méthodes pour neutraliser des opposants, bien que de manière beaucoup moins visible dans l'espace public. Cependant, aucune preuve concrète n'a émergé publiquement pour étayer ces accusations, et les recherches approfondies ne révèlent pas de cas documentés impliquant directement les services de renseignement français dans de telles opérations contre des figures politiques internes.
Des critiques pointent un durcissement des méthodes contre les opposants sous Macron, avec des références à des affaires judiciaires perçues comme politiquement motivées. Par exemple, l'avocat et essayiste Juan Branco, connu pour son pamphlet anti-Macron Crépuscule qui dénonce les réseaux d'influence autour du président, incluant le milliardaire Xavier Niel, a été mis en examen pour viol en 2021 après une plainte d'une jeune femme. D'autres accusations de viols et d'agressions sexuelles ont suivi en 2024, avec des témoignages de plusieurs victimes rapportés par la presse. Branco et ses soutiens ont parfois évoqué un complot, suggérant que ces affaires pourraient être des setups pour le discréditer, potentiellement orchestrés via des connexions comme Niel. Une enquête d'Off-Investigation en 2025 a noté que l'instruction traîne, qualifiant l'affaire de "politiquement opportune"…