Mais comment ce réseau familial a-t-il pu prospérer si longtemps ? Et quelles leçons en tirer pour le marché de l’art ?
Cette enquête plonge au cœur de l’affaire, en s’appuyant sur des sources fiables et en explorant les ramifications plus larges d’un phénomène qui gangrène le secteur.
Les origines d’un empire frauduleux
Tout commence avec Jean-Noël Barriquès, le patriarche d’une cinquantaine d’années, un multirécidiviste bien connu des services de police. Originaire d’une famille modeste, il a transformé son goût pour l’art en une machine à escroquer.
Avec ses fils, Kevin (24 ans) et Laurent (27 ans), il a monté un réseau de galeries éphémères et fixes dans les quartiers les plus huppés de France : Neuilly-sur-Seine, Cannes, Saint-Tropez, mais aussi Dijon, Lyon et Dinard.
Ces espaces, souvent loués dans des hôtels de luxe ou des emplacements prestigieux, inspiraient une confiance immédiate aux acheteurs – des touristes aisés, des retraités fortunés ou des amateurs d’art novices.
Le modus operandi était simple mais efficace : les Barriquès achetaient des reproductions bon marché sur des sites comme Allposters ou eBay USA, ajoutaient des signatures falsifiées à l’aide de tampons, et les vendaient comme des « multiples d’après l’œuvre originale » avec des certificats d’authenticité bidons.
Les prix initiaux étaient gonflés – jusqu’à 35 000 euros pour une fausse sculpture de César – avant d’être « négociés » à la baisse pour créer un sentiment d’urgence et de bonne affaire. Laurent Barriquès a admis lors du procès que ces œuvres provenaient directement de ces plateformes en ligne.
Parmi les artistes visés, des grands noms comme Marc Chagall, Pablo Picasso, Joan Miró, Roy Lichtenstein, Niki de Saint Phalle ou César. Les erreurs étaient flagrantes : des noms mal orthographiés comme « Charral » au lieu de Chagall ou « Picaço » pour Picasso, et même des lithographies identiques vendues plusieurs fois, comme « L’automobiliste à moustaches » de Miró, écoulée à deux reprises en novembre 2019 puis à Saint-Tropez.
Pour ajouter une couche de crédibilité, ils s’appuyaient sur Christian Malbruneau, un pseudo-expert de 73 ans se vantant d’associations avec le Château de Versailles, qui délivrait des certificats contre commission.
Les victimes témoignent : de la confiance aveugle à la désillusion
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