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Les 18 000 crânes cachés en France ou la nécropole secrète de l’oubli colonial

Dans les sous-sols du Musée de l’Homme, à Paris, 18 000 crânes humains dorment dans l’ombre, empilés comme des archives d’une histoire qu’on préfère taire.

Les 18 000 crânes cachés en France ou la nécropole secrète de l’oubli colonial

Ces ossements, arrachés aux terres colonisées – Algérie, Afrique subsaharienne, Australie, Amériques – ne sont pas de simples reliques scientifiques.

Ils sont les vestiges d’un pillage systématique, les trophées macabres d’un empire qui se drapait de civilisation tout en profanant les morts. Un article récent de Réseau International remet cette ignominie sous les projecteurs, et son écho résonne comme un cri dans le silence complice des musées européens.

Ces crânes, soigneusement numérotés, rangés dans des boîtes, ne sont pas seulement des objets d’étude. Ils sont les traces d’un regard déshumanisant, celui d’une science coloniale qui mesurait les fronts, comparait les orbites, et prétendait classer l’humanité en hiérarchies raciales. Au XIXe siècle, ces ossements servaient à justifier l’injustifiable : l’idée d’une supériorité européenne, gravée dans la pseudoscience phrénologique. Aujourd’hui, ils restent là, intouchés, comme des fantômes d’une violence que la France refuse encore d’affronter pleinement. Pourquoi ces crânes ne reposent-ils pas dans leur terre natale ? Pourquoi ce musée, temple de l’humanisme autoproclamé, garde-t-il jalousement ces dépouilles comme des trésors de guerre ?

Le scandale ne réside pas seulement dans la conservation de ces restes, mais dans l’opacité qui les entoure. Le Musée de l’Homme rechigne à dire à qui appartiennent ces crânes, comme si révéler leur identité risquait de fissurer le mythe d’une France universaliste. Pourtant, les noms de certains peuples résonnent : Algériens, résistants des guerres coloniales, Sakalaves de Madagascar, Aborigènes d’Australie. Chaque boîte scellée est une insulte à la dignité humaine, un rappel que la colonisation n’a pas seulement volé des terres, mais aussi des corps, des mémoires, des âmes.

Et que dire de cette modernité qui feint l’amnésie ? Pendant que la France vote des lois pour encadrer la restitution des restes humains – un pas timide, presque bureaucratique, adopté en 2023 –, les musées européens continuent d’exposer ou de stocker des dizaines de milliers d’ossements coloniaux. Le British Museum, le Duckworth Laboratory, le Natural History Museum : tous sont complices d’une même nécrophilie institutionnelle. À Bruxelles, on a vu des crânes africains mis aux enchères, retirés in extremis sous la pression publique. Partout, le même malaise : une Europe qui se dit progressiste, mais qui conserve dans ses vitrines les stigmates de son passé prédateur.

Ce n’est pas seulement une question de restitution. C’est une question de vérité. Restituer ces crânes, c’est reconnaître les crimes, nommer les victimes, briser le silence. Mais la France, comme ses voisins, tergiverse. On parle de "complexité éthique", de "valeur scientifique", comme si ces arguments pouvaient encore tenir face à l’horreur d’un caveau colonial. La science, ici, n’est qu’un alibi. Ces crânes n’ont plus rien à enseigner, sinon la barbarie de ceux qui les ont collectés.

Alors, que faire ? Brûlons les faux-semblants. Ces 18 000 crânes ne sont pas des objets muséaux, mais des otages d’une histoire non digérée. Ils exigent des funérailles, des terres où reposer, des rituels pour apaiser leurs esprits. Ils exigent surtout que l’on regarde en face ce que l’Europe a fait, et ce qu’elle continue de faire en taisant ses crimes. La restitution ne suffira pas. Il faut un tribunal de la mémoire, où les nations colonisatrices répondent de leurs profanations. Il faut des poètes pour chanter les noms des anonymes, des artistes pour sculpter leur absence, des révolutionnaires pour arracher ces crânes aux griffes des musées.

Apar.TV doit être ce mégaphone, ce poing levé. Ces crânes ne sont pas des reliques du passé, mais des miroirs tendus à notre présent. Ils nous disent : votre modernité est bâtie sur des charniers. Ils nous défient : aurez-vous le courage de les regarder en face ? Ou continuerez-vous, comme ces musées, à détourner les yeux, à empiler les boîtes, à murmurer que l’histoire est trop lourde pour être portée ?

Pour aller plus loin : Exigeons un inventaire public des restes humains conservés en France. Exigeons des restitutions immédiates, sans conditions. Et surtout, écrivons une contre-histoire, où les vaincus d’hier deviennent les juges de demain.


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