La Ve République vacille, et l’Élysée tremble. Pavel Durov, le sulfureux patron de Telegram, a décidé de jouer les pyromanes dans le pré carré de la Macronie, et il ne fait pas dans la dentelle.
Le procès de Sean "Diddy" Combs, qui secoue New York en ce mois de mai 2025, est une plongée dans l’horreur, révélant un prédateur qui a bâti un empire de terreur et d’abus sexuels derrière les strass et les projecteurs.
En ce 24 mai 2025, nous nous tenons à un carrefour critique de l’histoire de la France. Les récentes révélations sur l’influence de la Franc-Maçonnerie dans l’État et la justice, culminant avec l’affaire de la loge Athanor, nous contraignent à une prise de conscience collective.
Le parquet de Paris a sollicité, vendredi 19 avril, le renvoi devant un tribunal correctionnel de la communicante Michèle Marchand pour des faits d’extorsion au préjudice de la présentatrice télé Karine Le Marchand, comme l’a révélé l’AFP.
Selon le réquisitoire définitif consulté par Mediapart, la papesse de la presse people, intime du couple Macron – dont elle a accompagné la prise de pouvoir en 2017 –, qui est aussi mise en cause pour avoir orchestré la fausse rétractation d’un protagoniste de l’affaire des financements libyens de Nicolas Sarkozy, est soupçonnée d’avoir soutiré de l’argent à l’animatrice star de M6 après s’être procuré des photographies de sa fille mineure sortant d’un commissariat en février 2020.
Ces faits ont surgi au cours d’une enquête judiciaire ayant mis en lumière les pratiques occultes et relations intéressées de « Mimi » Marchand et de son agence Bestimage avec des policiers du XVIe arrondissement de Paris.
Dans le même dossier, la vice-procureure de la République, Mélanie Briard, a aussi demandé le renvoi d’un des photographes fétiches de la communicante, Sébastien Valiela, pour des faits de « recel de violation du secret professionnel » et « corruption active » sur des fonctionnaires.
Ces derniers avaient informé le paparazzi du placement en garde à vue de la fille de Karine Le Marchand dans une affaire liée à de la consommation de résine de cannabis, le 17 février 2020. Les policiers lui avaient aussi transmis, deux jours plus tôt, des informations sur l’interpellation de Piotr Pavlenski et Alexandra de Taddeo, couple à l’origine de la diffusion d’une sextape de l’ancien ministre Benjamin Griveaux. Raison pour laquelle la représentante du parquet a également sollicité le renvoi de deux policiers affectés au commissariat du XVIe arrondissement devant le tribunal correctionnel (un troisième mis en cause est décédé au cours de l’enquête).
Le premier, Marc M., agent de la brigade anticriminalité (BAC), âgé de 45 ans, est mis en cause pour la transmission d’informations secrètes (« violation du secret professionnel ») et la rédaction d’un faux procès-verbal maquillant son forfait (« faux en écriture publique »). Le second, David O., 55 ans, en fonction à l’unité de police administrative, risque d’être jugé pour le « recel » d’informations confidentielles : on lui reproche d’avoir été un intermédiaire dans l’affaire.
Il revient désormais à la juge d’instruction Noémie Courgeon de décider en dernier ressort du renvoi (ou non) des mis en examen, qui bénéficient tous de la présomption d’innocence, devant un tribunal dans la perspective d’un éventuel procès.
Sollicitée par Mediapart, l’avocate de Mimi Marchand, Me Caroline Toby, a indiqué qu’elle allait adresser à la juge des observations aux fins de non-lieu, sa cliente contestant le délit qui lui est reproché.
Ce sera trop tard… C’est embêtant pour la petite.Message de Mimi Marchand à Karine Le Marchand
Au terme de quatre années d’investigation, l’enquête judiciaire a permis d’établir que c’est le policier Marc M. qui a informé le paparazzi de Bestimage Sébastien Valiela – avec lequel il nourrissait des échanges réguliers et intéressés – du placement en garde à vue de la fille de Karine Le Marchand, le 17 février 2020. La jeune femme, qui est encore mineure, passe alors la nuit au poste pour une petite affaire de consommation de cannabis. Le lendemain, en sortant du commissariat, elle est prise en photo par Sébastien Valiela, qui ramène les images à Mimi Marchand.
Cette dernière s’empresse de prévenir Karine Le Marchand, qu’elle considèrecomme son « amie »… en lui racontant une tout autre histoire. La communicante explique à l’animatrice qu’un photographe inexpérimenté, qui menait là sa première affaire, a obtenu une information d’un policier et lui a proposé les images de sa fille. « Elle m’a dit : “Je lui ai donné 3 500 euros et j’ai récupéré toutes les photos, je les ai mises sur une clé USB, ne t’inquiète pas, ça ne va pas sortir” », a relaté Karine Le Marchand devant la juge d’instruction.
L’animatrice se montre rassurée, mais décide tout de même de porter plainte auprès de l’IGPN dans le but d’identifier la taupe au sein du commissariat. À ce moment-là, Karine Le Marchand ne doute pas du récit fourni par la communicante, qu’elle a rencontrée au début de la première campagne présidentielle d’Emmanuel Macron en 2016.
Les deux femmes avaient ensuite échangé en 2018, quand Mimi Marchand la sollicite pour un service. « Madame Marchand m’appelle un jour en larmes, parce qu’une biographie sortait sur elle, en me demandant d’interférer si possible auprès de la direction du groupe M6 afin que le contenu de ce livre [et] que sa sortie ne soi[en]t pas relayé[s] dans les médias », a témoigné Karine Le Marchand en audition. Demande à laquelle l’animatrice dit avoir donné suite, avec succès : « Elle pleurait en me disant que c’était horrible ce qui se disait. J’ai été touchée par ce qu’elle m’a dit, j’ai appelé [un] directeur […] du groupe, afin qu’il ne relaye pas la sortie de ce livre, ce qui a été fait. J’ai rassuré Mimi Marchand, elle m’a chaleureusement remerciée. »
Quand la papesse de la presse people bloque les photos de sa fille deux ans plus tard, Karine Le Marchand a l’impression d’un renvoi d’ascenseur. « Merci Mimi je te le revaudrai, déjà je te dois des sous », lui écrit-elle avec sincérité, estimant devoir rembourser tout ou partie des 3 500 euros. Karine Le Marchand lui donne, dès la semaine suivante, 1 600 euros, dans une enveloppe dans un restaurant de Neuilly-sur-Seine, sur un total à venir de 3 000 euros.
Une somme que Mimi Marchand conteste formellement avoir sollicitée. « Je ne lui ai jamais demandé d’argent et elle ne m’en a pas remis. Jamais », a-t-elle d’abord soutenu pendant l’enquête. Avant de revenir sur cette déclaration lors d’une confrontation avec Karine Le Marchand, le 26 septembre 2022 : « Oui, elle m’a donné 1 600 euros et je l’ai pas dit, donc j’ai menti. »
Pour le parquet de Paris, l’enquête judiciaire a permis de démontrer « la pression crescendo exercée par Michèle Marchand », qui aurait « usé de manière construite et habile d’une contrainte psychologique à l’égard de Karine Le Marchand ».
Karine Le Marchand ne versera jamais la seconde tranche. Après le confinement, à la suite d’un message de la communicante en juillet 2020, elle lui écrit : « Je te dois de l’argent, je n’oublie pas. » Ce à quoi Mimi Marchand réplique immédiatement : « Je sais que tu n’oublies pas, on verra ça à la rentrée, les temps seront durs. Ne me serais pas permise de te relancer ! On ne peut pas faire des photos de toi, toujours très belle, à la plage, seule mais bien gaulée ? » Karine Le Marchand refuse.
Quelques mois plus tard, elle apprend grâce aux avancées de l’enquête judiciaire que c’est Sébastien Valiela, le photographe travaillant avec son « amie », qui se trouve en réalité derrière les photos de sa fille. L’animatrice tombe de l’armoire. « Une personne à qui j’ai rendu service n’a pas hésité à organiser une paparazzade pour faire du mal à ma fille. Il est évident que cette personne n’a que l’argent comme mobile de tout ce qu’elle entreprend, quitte à détruire des vies. Poursuivre des gens, détruire leur image, dire à tout le monde ce qu’ils cachent, voilà, ça c’est le cœur de son métier », dénonce-t-elle face à Mimi Marchand, lors de leur confrontation dans le bureau de la juge.
Karine Le Marchand rappelle à cette occasion qu’elle a été contrainte, en 2021, de saisir l’IGPN pour dénoncer les sollicitations répétées de la communicante en parallèle des avancées de l’enquête judiciaire. Le 16 juin, elle signifie à Mimi Marchand qu’elle ne peut pas la recontacter dans l’immédiat, malgré ses demandes pressantes. Le soir même, l’animatrice reçoit ce message de son « amie » : « Ce sera trop tard… C’est embêtant pour la petite. » Le lendemain matin, le photographe Sébastien Valiela est placé en garde à vue.
Les coulisses de l’opération Pavlenski
L’enquête qui menace de faire trébucher l’une des communicantes les plus influentes est née d’un de ses gros « coups » avec la publication, le 20 février 2020 à la une de Paris Match, d’une photographie de l’interpellation, cinq jours plus tôt, de l’artiste russe Piotr Pavlenski et de sa compagne de l’époque, Alexandra de Taddeo, juste après la diffusion de vidéos intimes de celui qui était alors le candidat de la majorité présidentielle à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux. Ce scoop a représenté la deuxième plus grosse vente de Bestimage en 2020 (18 000 euros), en même temps qu’il a permis à Mimi Marchand d’aider un de ses relais importants en Macronie.
Mais cette parution a aussi suscité des questionnements sur la nature de son réseau d’informateurs. Cinq jours après la publication de Paris Match, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour violation du secret professionnel, confiée à la police des polices (Inspection générale de la police nationale, IGPN), qui permet rapidement de retracer les liens du paparazzi Sébastien Valiela, l’auteur des photos, avec un groupe de policiers.
Rapidement, la justice s’aperçoit que ces relations n’entrent pas dans le cadre d’une relation classique d’un journaliste avec des sources. Puisque les investigations ont notamment permis de « révéler la collusion », selon les termes du parquet, entre le photographe de Bestimage et le fonctionnaire de la BAC Marc M., lesquels s’échangent des informations dans le cadre de ce que le policier lui-même qualifie de « coopération sans réserve ».
Le 15 février 2020, Marc M. rencarde ainsi Sébastien Valiela pendant la fuite du couple Pavlenski-Taddeo, avant que le photographe ne participe lui-même à la filature conduisant à l’interpellation – information importante que le policier fera disparaître du procès-verbal de surveillance. Un procès-verbal que Marc M. a ensuite transmis au brigadier David O., suspecté d’avoir joué un rôle de « facilitateur » entre son collègue et Sébastien Valiela, ainsi qu’à la déléguée de secteur du syndicat Alliance, alors qu’ils n’étaient pas liés à la procédure.
Ces échanges entre les policiers et le photographe étaient-ils financièrement intéressés ? Les protagonistes le contestent. Dans un message adressé à l’un des agents pendant la procédure sur la messagerie Telegram, Sébastien Valiela insiste sur la nécessité de parler de « petit arrangement entre [eux] » ou d’« aide mutuelle », en précisant qu’il « n’y a pas d’histoire d’argent ».
Toutefois, l’enquête a permis de recueillir des témoignages sur des versements en espèces qui auraient pu être effectués au profit de policiers que Sébastien Valiela a ensuite invités à boire des verres dans un bar du XVIIe arrondissement. Des éléments suffisants, aux yeux du parquet, pour prouver l’existence « d’une gratification en échange d’un service rendu ». Et ce même si « l’existence d’une contrepartie financière n’a pas pu être précisément établie ».
Artiste conceptuelle, critique d'art et historienne, Mary est célèbre pour son analyse critique du régime autonome de l'art hérité de la tradition moderniste.
Les empoisonnements politiques, orchestrés dans l’ombre, ont marqué l’histoire par leur brutalité et leur opacité. Simplement parce que l’empoisonnement est l’arme fatale pour faire taire à distance. Retour sur six affaires emblématiques, entre réalités historiques et intrigues contemporaines.
L'avenir appartient à ceux qui détruisent les codes pour mieux les recréer. Infiltrez notre réseau de penseurs, créatifs et visionnaires qui transforment la culture du 21e siècle. Ici, la fantaisie devient réalité et tout est culture en devenir.