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La bande-passante a remplacé les boulevards et les frontières

La bande-passante a remplacé les boulevards et les frontières

A l’heure où toutes les capitales du monde occidental s’effondrent et où plus de 3 milliards de personnes jouent aux jeux vidéo (même la campagne de Joe Biden s’affiche virtuellement sur les panneaux officiels du jeu Animal Crossing) tout est déjà réuni pour déclarer que la bande-passante a d’ores et déjà définitivement remplacé les boulevards et les frontières.

La communauté des joueurs forme désormais la citoyenneté de la plus grande nation numérique sans frontières du 21ème siècle. Cela n’a rien d’anecdotique pour anticiper l’avenir proche. De la même façon que la mort en simultané de mégalopoles comme New-York, Los Angeles, Paris ou Londres. Même après la fin du Covid-19, nous savons déjà que les sièges des banques de Wall Street se délocaliseront sans doute à Nashville ou Denver. Les dirigeants de banques sont bons en chiffres, ils savent économiser. Ils voient dans la pandémie un bon deal. Moins de notes de frais. Moins de voyages. Moins de grands bureaux. Moins à dépenser dans les loyers. Ce qui signifie mathématiquement plus d’argent pour leurs comptes de résultats.

J’ai récemment publié un édito expliquant aussi pourquoi Paris était mort, pour toujours. J’avais oublié de parler des banlieues autour de Paris où la situation est encore plus critique. La Seine-Saint-Denis, par exemple, qui a fourni le plus grand nombre de travailleurs essentiels d’Île-de-France (de nombreux résidents ont continué de prendre les transports en commun pour se rendre au travail pendant les deux mois de confinement, alors même que la région souffre d’une pénurie de médecins) est dans une situation chaotique. Le taux de mortalité en Seine-Saint-Denis du 1er mars au 19 avril a été de 134 % supérieur par rapport à l’année précédente. Alors qu’à Paris, le taux de mortalité était 99% plus élevé que l’année précédente. On continue de mourir plus vite et plus fort chez les pauvres que chez les riches.

En Île-de-France, il y a eu aussi plus de 100 000 emplois qui ont été perdus depuis la mi-mars. Et ce n’est que le début. Pour vous donner une idée précise, l’année dernière, plus de 38 millions de personnes ont visité Paris. Cet été, les interdictions de voyager à l’étranger ont fait baisser le taux d’occupation des hôtels de 86%. La métropole parisienne a vu son activité économique chuter de plus de 37% pendant la pandémie par rapport à la même période l’année dernière. Imaginez les dégâts que cela va produire dans les mois qui viennent.

Vous devez savoir que ce que vous connaissez du Paris d’aujourd’hui est le fruit d’une métamorphose radicale de la capitale française suite à l’épidémie de choléra qui a ravagé la ville en 1832, tuant 19 000 personnes en six mois. A l’époque, comme aujourd’hui, les riches parisiens ont fui vers leurs maisons de campagne. Les pauvres ont été laissés à l’abandon en train de mourir dans des rues sales avec des eaux usées.

Des rumeurs circulaient selon lesquelles la maladie était un complot contre le peuple qui, comme Victor Hugo l’immortalisait dans les Misérables, était en train de se révolter. En réponse, Napoléon III chargea le baron Haussmann de faire de Paris une capitale moderne, à l’épreuve des épidémies et des révoltes.

Les quartiers pauvres encombrés ont été démolis pour faire place à de larges avenues permettant à la fois à l’air et aux troupes de circuler librement dans toute la ville. Un nouveau système d’égout souterrain a été créé. Les pauvres ont été poussés à l’écart de la ville. Quelle est la différence aujourd’hui ? A part que l’histoire se répète, encore et encore. Sauf, peut-être, que cette fois, une modification de l’architecture n’y changera rien. Parce que cette fois, c’est la bande-passante qui va remplacer tous les boulevards. Et probablement pour toujours.


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