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Tout vient à point à qui sait attendre. À soixante ans passés, Claude Ardid, journaliste retraité mais toujours très actif, a passé plus de deux mois en immersion à la brigade de protection des mineurs (BPM) de Marseille.
« La plus belle expérience de toute ma vie professionnelle », lâche l’intéressé. Mais une expérience traumatisante. Une descente aux enfers faite d’inceste, de pédophilie, de maltraitance, d’enlèvement, de prostitution adolescente… qui montre l’état de délabrement de notre société.
De cette immersion, à la limite de la noyade, Claude Ardid a tiré un livre coup de poing intitulé Les Enfants du purgatoire, paru aux Éditions de L’Observatoire (préface de Boris Cyrulnik).
Entretien.
Pourquoi ce titre? Pourquoi parler de purgatoire alors qu’on a vraiment l’impression d’une descente aux enfers?
Pour certains, je vous confirme que c’est l’enfer. Mais malgré la noirceur de la matière du livre, je voulais garder une touche d’espoir. Le purgatoire est le lieu où les criminels peuvent encore expier leurs péchés et les victimes sauver leur âme. Et puis ça fait écho au titre Les Enfants du paradis, un film que j’aimais bien.
Puisque vous parlez de cinéma, votre livre, c’est Polisse, sauf que c’est la réalité crue et non une fiction?
C’est même la réalité puissance dix! Le film Polisse est très juste parce que la réalisatrice et actrice Maïwenn a pris le temps de travailler avec la brigade de protection des mineurs de Paris. Mais par rapport à ce que montre le film, ce que j’ai vécu, c’est puissance dix! En allant cinq jours sur sept à l’Évêché (hôtel de police de Marseille), à y passer dix heures par jour, je m’attendais à souffrir, je savais que j’allais être témoin d’affaires exceptionnelles, mais pas à ce point. Assis dans un coin des salles d’auditions, à prendre des notes sur mes cahiers d’écolier, j’ai entendu des faits divers sordides de bébés secoués décédés, de viols de gamins. J’ai vu de véritables monstres.
Ce qui est perturbant à la lecture de ce livre, c’est qu’on en arriverait presque à suspecter tout le monde.
Effectivement. Lors d’un précédent travail sur la prostitution des gamines, j’avais déjà montré que, contrairement aux idées reçues, ce phénomène ne concernait pas que des adolescentes des quartiers, mais qu’il pouvait aussi toucher les milieux bourgeois. C’est pareil pour les affaires d’inceste ou de pédophilie sur lesquelles la BPM de Marseille enquête tous les jours: ça frappe aussi bien les milieux populaires que bourgeois. Et même la police n’est pas à l’abri. Un mec de la BPM de Marseille a plongé pour pédophilie. Un loup dans la bergerie en quelque sorte. Ça a été un choc pour toute l’équipe.
Le journaliste reste marqué par ce qu’il a vu et entendu durant les auditions dans les locaux de l’Évêché à Marseille. Photo Valérie Le Parc.
Sur la forme du livre, pourquoi avoir fait le choix d’enchaîner les affaires jusqu’à la nausée?
Je ne voulais pas écrire un livre froid. J’ai donc opté pour le récit à la première personne. Un genre de mini road trip entre les étages de l’Évêché, dans lequel je raconte mon expérience de journaliste au milieu de flics, majoritairement des femmes (vingt-trois sur la trentaine que compte la BPM), très humaines, très drôles malgré la noirceur, l’horreur des affaires qu’elles traitent toute la journée. J’ai fait le choix de raconter mon histoire, mes étonnements, mes colères, mes larmes aussi pour mieux mettre en exergue la gravité des souffrances endurées par les victimes et la dureté du métier de ces flics extraordinaires, auxquels personne ne s’intéresse jamais.
Vous parlez souvent de la crainte de ces flics, femmes et hommes confondus, de connaître l’affaire de trop?
Oui, tous m’ont confié leur crainte d’être confronté à l’assassinat de trop, d’avoir un jour un gamin maltraité, violenté qui meurt dans leurs bras. C’est un leitmotiv à la BPM. Bien sûr, je leur ai demandé comment ils faisaient pour tenir. « C’est dur, mais on est là. Comme des soldats, on part à la guerre tous les matins. On est des urgentistes, on n’a pas le choix », m’a répondu Stéphanie, surnommée « le chat noir ».
Comment expliquer que vous ayez été intégré si rapidement, si facilement à cette brigade?
Lorsque je suis arrivé, toutes n’étaient pas au courant que j’étais journaliste. Certaines pensaient que j’étais un boeuf-carotte, un flic de la police des polices. Quand elles ont appris que je venais pour une immersion de deux mois et que j’avais l’intention d’écrire un livre, l’une d’elles m’a dit: « Bienvenue dans la petite boutique des horreurs! ». Au bout de deux ou trois jours, j’étais des leurs, je mangeais avec elles, je faisais du sport avec elles, je prenais le train avec celles qui habitent dans le Var. Dans des moments pourtant de gravité, j’ai même partagé des fous rires avec elles. Je crois que dans la mesure où jamais personne n’a posé un regard journalistique sur la BPM de Marseille, elles ont saisi l’occasion et elles m’ont ouvert toutes grandes les portes pour que je raconte leur métier, comment ça se passe. Au moment de les quitter, elles m’ont avoué que j’avais bouleversé le cours de leurs existences, qu’en leur posant des questions qu’elles ne se posaient plus elles-mêmes, ma présence avait eu l’effet d’une thérapie.
Avant que le livre ne soit imprimé, l’avez-vous fait lire à ceux dont vous avez partagé le quotidien pendant deux mois?
Marc, le patron de la brigade l’a relu et a corrigé deux ou trois points sur des aspects techniques. La semaine dernière, j’ai mangé avec l’ensemble des enquêtrices du groupe 4 et je leur ai apporté des exemplaires. Après l’avoir lu, toutes m’ont remercié et m’ont dit: « Tu nous as fait pleurer. On n’a jamais été traité comme ça. On n’a jamais raconté notre quotidien comme ça ».
Vous affirmez que jamais un journaliste n’a mis les pieds à la BPM de Marseille. Comment l’expliquez-vous?
Peut-être parce que les viols de mineurs, les incestes concernent tout le monde et que les gens ont peur qu’on leur tende le miroir et qu’on leur dise: regardez-vous!
Comment êtes-vous ressorti de cette immersion de deux mois?
On en sort bouleversé bien entendu. Convaincu que ces femmes et quelques hommes font un travail extraordinaire. Mais aussi très en colère contre la société et les politiques. Une société fracturée, malade qui ne donne pas les moyens à la police, à la justice de sauver ces enfants victimes de maltraitance. Pour ma part, je m’en sors aussi en passant par la case psychothérapie. Non seulement pour effacer toutes ces émotions ressenties lors des nombreuses auditions auxquelles j’ai assisté, parfois en larmes. Et pour mieux comprendre mon parcours professionnel: du petit Gregory à Émile Louis, en passant par Marc Dutroux ou Michel Fourniret, ça fait quarante ans que je travaille sur ces affaires-là.
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