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Enquête sur les activités disponibles pour les détenus dans les prisons françaises

Les prisons françaises proposent à leurs détenus une gamme d’activités destinées à occuper le temps, améliorer le quotidien et favoriser la réinsertion. La loi pénitentiaire garantit en principe l’accès aux activités scolaires, culturelles, sportives et de travail pour les personnes incarcérées.

Enquête sur les activités disponibles pour les détenus dans les prisons françaises

En pratique, ces activités varient selon le type d’établissement (maison d’arrêt pour courtes peines ou prévenus, centre de détention ou maison centrale pour longues peines, etc.) et selon les moyens disponibles. Voici un tour d’horizon exhaustif des activités accessibles en détention, classées par catégories, avec pour chacune des exemples concrets.

Activités éducatives et formations professionnelles

L’éducation en prison est un droit fondamental et un axe prioritaire de prise en charge, notamment pour les détenus les plus jeunes. Tout détenu, mineur ou majeur, peut accéder à des formations de base (apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul) ou de niveau supérieur en vue de sa réinsertion. Pour les personnes illettrées ou non-francophones, des cours d’alphabétisation et de français langue étrangère sont organisés. Les détenus mineurs ont l’obligation de suivre un enseignement : un adolescent incarcéré dispose d’un temps scolaire d’au moins 12 heures par semaine, au sein de petites classes de 4 à 7 élèves encadrées par des enseignants de l’Éducation nationale. Dès son arrivée, un mineur bénéficie d’un bilan de ses besoins éducatifs et se voit proposer un programme scolaire adapté. Les parents de mineurs détenus sont tenus informés de leur scolarité, et des possibilités de formation en apprentissage ont été introduites depuis 2020 pour les mineurs incarcérés dans les établissements expérimentateurs.

Pour les détenus majeurs, l’enseignement secondaire et supérieur est accessible à l’intérieur de la prison (cours par correspondance, modules en présentiel) ou parfois à l’extérieur sous forme de permissions de sortir pour suivre une formation spécifique. De nombreux détenus préparent et passent ainsi des diplômes en détention : du Certificat de formation générale (CFG) ou diplôme national du brevet, jusqu’au baccalauréat, voire des études universitaires à distance (BTS, licence…). Les examens peuvent être organisés en prison sous la supervision d’enseignants, ou bien le détenu peut obtenir une permission de sortie pour aller composer à l’extérieur si sa situation juridique le permet. Fait notable, les diplômes obtenus en prison sont identiques à ceux de la vie libre (aucune mention de l’incarcération n’y figure). Chaque prison dispose généralement d’une salle de classe ou d’un espace dédié aux études, et les détenus inscrits reçoivent un emploi du temps de cours.

Formations professionnelles : en parallèle des parcours scolaires classiques, les personnes détenues peuvent suivre des formations qualifiantes à des métiers. Ces formations professionnelles (par exemple en menuiserie, en bâtiment, en cuisine, en horticulture, en informatique, etc.) sont souvent financées et organisées par les Conseils régionaux ou des organismes partenaires. Le détenu doit en faire la demande via le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) de l’établissement, puis être sélectionné en fonction des places disponibles. Les formations aboutissent à des certifications professionnelles (par exemple un CAP dans un métier manuel) reconnues, permettant d’acquérir des compétences en vue de la libération. À titre d’exemple, la prison de Nantes s’est dotée d’un vaste jardin potager en 2017 où une dizaine de détenus suivent une formation en horticulture encadrée par des formateurs, débouchant sur un certificat dans les espaces verts. De même, à la prison de Réau, en Seine-et-Marne, des détenues participent à un atelier de maraîchage encadré par des bénévoles, où elles apprennent à jardiner (ce qui pourra être utile pour des emplois en extérieur) tout en se détendant.

Participation et réussite : malgré l’offre de cours, seule une partie des détenus en bénéficie effectivement. Environ un quart de la population carcérale suit une activité d’enseignement à un moment donné, avec un temps moyen de cours de 6 heures par semaine pour les adultes (et 12 heures pour les mineurs). Les capacités des classes sont limitées et la demande dépasse souvent l’offre. Néanmoins, chaque année, plusieurs centaines de détenus obtiennent des diplômes en détention. Par exemple, au cours de l’année scolaire 2022-2023, plus de 500 personnes détenues ont réussi un examen (certificat, brevet, baccalauréat, etc.), un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente. Ce résultat reste modeste rapporté à l’ensemble des 70 000 détenus, sachant qu’environ 44 % des détenus n’ont aucun diplôme à l’entrée en prison et 10 % sont en situation d’illettrisme. L’enseignement en prison vise justement à réduire ce retard éducatif : par exemple, des détenus ont pu passer leur bac avec mention, et certains poursuivent des études supérieures en partenariat avec des universités (programmes « Prison-Avenir » par correspondance, etc.).

Activités culturelles et ateliers créatifs

La culture en prison est encouragée depuis plusieurs décennies comme un outil de réinsertion et d’évasion intellectuelle. Sous l’impulsion de protocoles Justice-Culture (initiés dès 1986 et renouvelés régulièrement), chaque établissement pénitentiaire propose des activités artistiques et culturelles variées aux détenus volontaires. Le code pénitentiaire prévoit d’ailleurs que les personnes incarcérées doivent pouvoir participer à la vie culturelle, au même titre qu’elles ont accès au travail, au sport ou à la formation professionnelle. En pratique, cela se traduit par la présence d’un coordinateur d’activités socio-culturelles dans chaque prison, chargé d’organiser des ateliers en fonction des souhaits exprimés par les détenus. De nombreux partenariats existent avec des structures extérieures (bibliothèques municipales, compagnies de théâtre, musées, associations d’artistes, etc.) pour animer ces ateliers au sein des murs de la prison.

Bibliothèque : chaque prison française doit être dotée d’une bibliothèque accessible à tous les détenus, comportant un fonds suffisamment varié de livres et de revues. Le droit à la lecture n’est pas retiré par l’incarcération, y compris en cas de régime disciplinaire ou d’isolement. Conformément aux standards internationaux (Règle n°64 des Règles Nelson Mandela de l’ONU), les détenus doivent être encouragés à utiliser pleinement la bibliothèque, qui doit contenir des ouvrages éducatifs et récréatifs en nombre suffisant pour tous. En France, cette exigence est inscrite dans la réglementation pénitentiaire (article D.443 du Code de procédure pénale). Concrètement, dans la plupart des établissements, la bibliothèque est un lieu dédié où les détenus peuvent emprunter des romans, des manuels, des BD, des journaux et parfois accéder à du matériel informatique pour consulter des encyclopédies ou suivre des cours en ligne. Souvent, un bibliothécaire professionnel (ou un personnel formé) gère cet espace, parfois assisté par des détenus auxiliaires bibliothécaires. Les collectivités locales prêtent main forte en fournissant des livres ou en organisant des animations (ex: venue d’écrivains, clubs de lecture). La bibliothèque est un des rares endroits où détenus de différentes ailes peuvent se côtoyer autour de la lecture, ce qui en fait un lieu de culture, de loisirs et de socialisation essentiel en détention.

Ateliers artistiques : la palette d’activités culturelles en prison couvre quasiment tous les domaines artistiques. Parmi les ateliers créatifs fréquemment proposés, on peut citer :

  • Théâtre et expression dramatique : Dans de nombreux établissements, des comédiens ou metteurs en scène interviennent pour monter des pièces avec un groupe de détenus volontaires. Ces ateliers théâtre, souvent très appréciés, débouchent parfois sur une représentation donnée devant d’autres détenus, voire un public extérieur invité. Par exemple, le festival “Vis-à-Vis” piloté par le théâtre Paris-Villette permet à des personnes détenues de créer un spectacle avec des professionnels puis de le jouer sur une véritable scène de théâtre. De telles expériences offrent aux participants une première découverte du spectacle vivant, valorisante et formatrice. Par ailleurs, des troupes de théâtre itinérantes viennent parfois jouer des pièces à l’intérieur des prisons pour le public détenu.
  • Écriture et littérature : Des ateliers d’écriture (poésie, nouvelles, autobiographie…) sont animés par des auteurs ou des animateurs bénévoles. Les détenus peuvent y exprimer leurs expériences par écrit et développer leurs capacités rédactionnelles. Il existe même des concours littéraires inter-prisons où les meilleurs textes de détenus sont primés et publiés. Des ateliers lecture et discussion de livres (type cercle de lecture) sont également organisés par des bibliothécaires ou associations comme Lire pour en Sortir, qui envoie des bénévoles discuter de livres lus par les détenus.
  • Arts plastiques et artisanat : De nombreux détenus découvrent ou poursuivent des activités artistiques manuelles pendant leur peine. Des ateliers de dessin, peinture, sculpture, poterie, mosaïque sont mis en place, encadrés par des artistes plasticiens. Par exemple, à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, un atelier de poterie permet aux détenus de créer des céramiques; ailleurs, des cours de bande dessinée ou de photographie ont été proposés. Ces activités développent la créativité et l’estime de soi, et donnent parfois lieu à des expositions des œuvres réalisées en détention.
  • Musique et audiovisuel : Certains établissements disposent d’une salle de musique équipée d’instruments (guitare, clavier, percussions…) où un intervenant peut enseigner la musique aux détenus intéressés. Des ateliers de chant ou la formation de chorales de détenus existent également. Parfois, des artistes connus viennent donner des mini-concerts en prison ou enregistrer des morceaux avec les détenus (il y a des exemples de CD ou de clips vidéo réalisés en détention dans le cadre de projets culturels). De plus, depuis quelques années, des ateliers de radio en prison se développent : des détenus animent une radio interne ou un podcast, apprenant ainsi les techniques journalistiques et s’exprimant sur les ondes (par exemple Radio Baumettes à Marseille, ou des émissions réalisées par des détenus diffusées sur des radios locales).

Ces activités culturelles, bien que riches, ne touchent qu’une minorité de détenus à chaque fois, étant donné que chaque atelier ne peut accueillir qu’un petit groupe (souvent 5 à 10 participants maximum). L’offre varie aussi selon les prisons : un centre de détention modernisé aura peut-être un éventail plus large d’ateliers (avec espaces dédiés comme salle de spectacle, studio, etc.), tandis qu’une maison d’arrêt surpeuplée aura du mal à organiser des activités régulières faute de locaux disponibles. Néanmoins, même ponctuelles, ces initiatives culturelles constituent pour les détenus qui y participent des moments précieux d’évasion mentale et de lien social.

Sports et activités physiques

L’exercice physique est l’activité la plus prisée par les détenus, à la fois pour se maintenir en forme et pour se libérer du stress de l’enfermement. La plupart des prisons offrent un minimum d’infrastructures sportives, et les règlements intérieurs encouragent la pratique du sport encadré. En milieu carcéral, le sport contribue à la santé des détenus, améliore le moral et peut inculquer des valeurs positives (respect des règles, esprit d’équipe) utiles à la réinsertion.

Promenade quotidienne : Tout détenu a droit à au moins une heure de promenade en plein air par jour. Il s’agit d’un temps de sortie en cour de promenade (souvent le matin et/ou le soir) où les détenus peuvent marcher, courir un peu, discuter entre eux et respirer à l’extérieur. Dans les faits, surtout en maison d’arrêt, de nombreux détenus passent 22 à 23 heures sur 24 enfermés en cellule et ne sortent que pour la promenade et éventuellement quelques activités ponctuelles. La promenade constitue donc l’activité physique minimale et essentielle : les détenus en profitent pour faire un peu d’exercice (certains tournent en rond dans la cour pour marcher plusieurs kilomètres, d’autres font des séries de pompes ou d’abdos en plein air). Quelques cours de promenade sont équipées de barres de traction ou d’un panier de basket fixés sur un mur pour donner de petites possibilités sportives en liberté surveillée.

Installations sportives : Beaucoup d’établissements disposent d’une salle de musculation (parfois de la taille d’une cellule aménagée) avec quelques appareils de muscu et d’haltérophilie de base. L’accès à la salle de sport est généralement proposé plusieurs fois par semaine, selon un planning par détenu ou par aile (par exemple, un créneau de musculation de 1h deux fois par semaine). La majorité des détenus ont accès à des activités sportives entre 1 et 3 heures par semaine, typiquement la musculation ou le fitness en salle. L’offre est toutefois insuffisante par rapport à la demande, et des listes d’attente existent souvent pour pouvoir utiliser la salle de gym. Outre la musculation, les prisons essaient de proposer des sports collectifs : lorsque l’architecture le permet, il y a un terrain de sport multifonctions (souvent un petit city-stade ou un gymnase dans les établissements récents). Les détenus peuvent y pratiquer du football en salle (futsal), du basket-ball, du volley-ball, ou encore du tennis de table. Par exemple, à la maison d’arrêt de Villepinte, un tournoi de futsal inter-bâtiments est organisé chaque année, opposant des équipes de détenus de différentes unités. Certaines prisons ont des équipements spécifiques : un mur d’escalade a été installé au centre de détention de Mauzac, on trouve des tables de ping-pong dans de nombreuses cours de promenade, etc. Pour encadrer ces activités, l’Administration pénitentiaire emploie des moniteurs de sport (éducateurs sportifs). Cependant, leurs effectifs sont limités : on compte seulement environ 300 moniteurs pour près de 70 000 détenus, soit un professionnel pour 230 détenus en moyenne. Ce ratio très faible explique que la pratique sportive en détention repose aussi sur l’initiative des détenus eux-mêmes (auto-organisation de matchs entre codétenus lors des promenades) et sur des partenariats avec des intervenants extérieurs.

Programmes et partenariats sportifs : Un protocole interministériel entre le ministère de la Justice et le ministère des Sports existe depuis 2007 afin de développer le sport en prison. Grâce à cela, des fédérations sportives interviennent en milieu carcéral : par exemple, la Fédération de football organise ponctuellement des entraînements ou des petits championnats internes; la Fédération de judo a lancé des cours de judo dans certaines prisons; l’UFOLEP (Union française des œuvres laïques d’éducation physique) conduit des projets pour former des moniteurs sportifs parmi les détenus. Des événements sportifs sont aussi organisés : tournois inter-prisons (notamment en rugby ou en basket, avec des matchs amicaux entre détenus de prisons différentes dans un cadre sécurisé), courses pédestres symboliques (comme des « 24h footing en cellule » où les détenus cumulent les kilomètres sur place). Ces initiatives restent ponctuelles mais permettent de motiver les détenus et de leur fixer des objectifs positifs. Pour les détenus de longue peine, certains établissements mettent en place des parcours de santé ou des ateliers réguliers de remise en forme, parfois en lien avec la préparation à la sortie (par exemple, un détenu a pu passer un brevet d’éducateur sportif pendant sa détention).

Il faut noter que le temps consacré aux activités sportives demeure limité dans la journée d’un détenu moyen, comparé aux recommandations internationales (le Conseil de l’Europe préconise 8 heures d’activités hors cellule par jour, un seuil très loin d’être atteint en France). Néanmoins, même de courte durée, le sport en détention a des effets bénéfiques : amélioration de la condition physique, évacuation de la tension nerveuse, sentiment de liberté retrouvée pendant l’effort, et apaisement des relations entre détenus (les sports collectifs encouragent le fair-play et la cohésion).

Sports insolites : Si les disciplines classiques (football, musculation, jogging) constituent l’essentiel de la pratique, il arrive que des activités plus originales soient proposées aux personnes incarcérées. Par exemple, certaines prisons disposent d’un billard ou d’un baby-foot dans la salle commune de sport ou de loisirs. À la maison d’arrêt de Draguignan, la direction a pu installer une table de billard en libre accès pour les détenus d’un quartier « Respect » (destiné à encourager le bon comportement) – ceci a été mis en place pour occuper les détenus de manière constructive. De même, les échecs sont encouragés : des tournois d’échecs inter-détenus ont lieu dans plusieurs prisons, et des associations extérieures viennent apprendre le jeu d’échecs aux détenus (par exemple, un grand maître d’échecs a organisé des simultanées contre des détenus à la prison de Lyon). On peut aussi mentionner des cours de boxe ou d’arts martiaux encadrés par des bénévoles, dans certains centres pour jeunes détenus, afin de canaliser leur énergie dans un cadre sportif réglementé.

Loisirs, communication et confort matériel en détention

En dehors des programmes éducatifs, culturels ou sportifs, les détenus disposent de certaines commodités et activités de loisirs pour améliorer leur quotidien dans la cellule. Le niveau de confort matériel autorisé en prison est souvent sujet à débat dans l’opinion publique, mais répond à la fois à des objectifs humanitaires (maintenir un cadre de vie digne) et de gestion interne (occuper les détenus pour prévenir l’oisiveté totale). Voici les principaux éléments de la vie quotidienne et des loisirs « passifs » accessibles en détention :

Téléphone : Pouvoir contacter ses proches est crucial pour les détenus. Longtemps, les appels téléphoniques n’étaient possibles que depuis des cabines collectives situées dans les coursives ou les cours de promenade, à horaires fixés et après autorisation. Cependant, depuis la fin des années 2010, l’administration a équipé la plupart des prisons de téléphones fixes en cellule. En 2019, la prison parisienne de la Santé, rénovée, a inauguré ce système, et un déploiement massif a suivi : d’ici début 2021, toutes les cellules de prison en France métropolitaine ont été progressivement dotées d’un combiné téléphonique (sauf les quartiers disciplinaire où les détenus punis n’y ont pas droit). Ces téléphones fixes ne peuvent pas recevoir d’appels de l’extérieur ; ils permettent seulement d’appeler des numéros prédéfinis et autorisés par l’administration (généralement la famille proche, un ami référent, etc.). Chaque détenu se voit attribuer un code d’accès personnel et paie le coût de ses communications (via une carte prépayée ou son compte « pécule »). Les appels sont généralement limités en durée et en fréquence par le règlement (par ex. 10 minutes, une fois par jour, variable selon établissements). Tous les appels peuvent être écoutés et enregistrés par l’administration pour des raisons de sécurité, à l’exception des conversations protégées comme celles avec l’avocat ou certains défenseurs des droits. L’installation des téléphones en cellule a considérablement facilité la vie des détenus en leur évitant de faire la queue des heures pour un appel et en réduisant le trafic illicite de portables. Désormais, un détenu peut, depuis sa cellule, joindre quotidiennement sa famille dans les limites autorisées – ce qui aide à maintenir les liens familiaux et réduit les tensions liées à l’isolement. (Notons que les téléphones portables personnels restent strictement interdits en détention et font l’objet de fouilles et de saisies s’ils sont introduits illicitement, car ils échappent aux contrôles de sécurité.)

Télévision et radio : La plupart des cellules de prison peuvent être équipées d’un poste de télévision, sous certaines conditions. En maison d’arrêt, les cellules sont souvent prévues pour cela (prise d’antenne) et l’administration pénitentiaire loue des petits téléviseurs aux détenus qui en font la demande. Le tarif de location varie (environ 8 à 20 € par mois selon l’établissement), bien que certains établissements offrent la télévision gratuitement aux nouveaux arrivants pendant les premiers jours pour faciliter leur acclimatation. Regarder la télévision est l’un des passe-temps principaux en cellule : de nombreux détenus passent de longues heures devant les chaînes disponibles, qu’il s’agisse des actualités, de films, ou de divertissements. Les réglements intérieurs fixent une heure d’extinction le soir, après laquelle il faut éteindre le téléviseur (généralement vers 22h-23h). Le volume sonore doit rester modéré pour ne pas gêner les co-détenus ou les voisins de cellule, sous peine de sanction disciplinaire. Outre la TV, les détenus ont le droit d’avoir une radio dans leur cellule (beaucoup écoutent la FM ou des stations nationales pour la musique, les émissions de talk-show, etc.). La radio est souvent autorisée sans frais et considérée comme un objet personnel ordinaire. Certains établissements permettent aussi des lecteurs CD ou MP3 sans fonction radio/recorder, pour écouter de la musique enregistrée.

Consoles de jeux vidéo : La possibilité pour un détenu de jouer aux jeux vidéo peut surprendre, mais elle existe sous des formes encadrées. Selon la réglementation, les détenus sont en droit d’acheter et de posséder des équipements informatiques de loisir (console de jeu, lecteur DVD, ordinateur) à leurs frais, sous le contrôle de l’administration. En pratique, l’établissement pénitentiaire peut refuser un appareil s’il présente un risque pour l’ordre et la sécurité. Ainsi, les consoles de dernière génération équipées d’Internet ou de communication sans fil sont généralement interdites en cellule, car jugées trop susceptibles de servir à des communications illicites (Wi-Fi, Bluetooth, etc.). Un exemple notable : en 2010, un détenu qui avait une PlayStation 3 s’est vu confisquer sa console lors de son transfert à la prison de Fresnes, le directeur estimant que cette console connectée n’était pas suffisamment sécurisable (la PS3 disposant d’une connectivité Wi-Fi intégrée). Le détenu a contesté, mais les tribunaux ont confirmé que l’administration pouvait tout à fait refuser ce type d’appareil communicant en détention. En revanche, des consoles plus anciennes ou simplifiées, sans accès internet, peuvent être autorisées au cas par cas : par exemple, des modèles de Xbox 360 sans module Wi-Fi ont été considérés comme acceptables dans certains cas.

Dans les faits, peu de détenus possèdent une console personnelle en cellule, mais quelques établissements proposent des activités jeux vidéo collectives. C’est le cas de la maison d’arrêt de Draguignan, où en 2018 la direction a introduit une PlayStation 4 dans le cadre d’un atelier encadré. Cette console a été installée dans une salle commune et non en cellule, et seuls certains détenus triés sur le volet pouvaient y accéder, en l’occurrence les détenus du quartier de respect (un quartier où ils s’engagent à une conduite exemplaire en échange d’avantages). Les séances de jeu vidéo étaient planifiées sur des plages horaires précises, sous la surveillance d’un personnel socio-éducatif – en aucun cas les détenus n’avaient la console en libre accès permanent. De plus, la PS4 avait été financée par l’association socio-culturelle des détenus (via leurs propres fonds) et non par l’argent public, comme l’a souligné l’administration. Elle n’était pas connectée à Internet, afin d’éviter tout risque de communication externe. L’objectif affiché de cette initiative était de “responsabiliser les détenus” en leur apprenant à jouer ensemble dans le respect des règles et d’autrui – une activité ludique utilisée comme outil éducatif, au même titre qu’un atelier cuisine ou un club d’échecs selon l’administration pénitentiaire. Néanmoins, ce projet a suscité une polémique locale lorsque le syndicat pénitentiaire FO s’en est publiquement indigné, estimant que « ce type d’appareil n’a pas sa place en détention » et déplorant que la priorité soit donnée aux loisirs des détenus plutôt qu’aux conditions de travail des surveillants. L’administration a dû préciser qu’il ne s’agissait que d’une console unique, dans un cadre restreint et expérimental.

Mis à part ce cas, les jeux vidéo en détention restent rares. Certains détenus parviennent toutefois à jouer via d’autres moyens : récemment, l’administration a commencé à doter les cellules de tablettes numériques dans le cadre du programme de « numérisation des prisons ». En 2022-2023, environ 25 000 tablettes Samsung ont été distribuées dans les prisons françaises, à raison d’une par cellule dans plusieurs établissements, pour un coût de plus de 100 millions d’euros. Officiellement, ces tablettes servent à faciliter la vie quotidienne des détenus : elles permettent d’accéder à un intranet sécurisé contenant des cours en e-learning, des formulaires administratifs dématérialisés (pour faire des demandes au greffe, à la bibliothèque, etc.), quelques jeux éducatifs hors-ligne et du contenu multimédia validé (films, musiques en VOD interne). Toutefois, des détournements ont été constatés : certains détenus assez débrouillards ont réussi à contourner les restrictions pour aller sur Internet, regarder des vidéos sur YouTube ou jouer en réseau en connectant une manette de jeu à la tablette. Des vidéos publiées sur TikTok en 2025 montrent par exemple un détenu utilisant sa tablette pénitentiaire pour jouer à un jeu de football en ligne depuis sa cellule. Ces incidents ont fait scandale et ont relancé le débat sur la pertinence d’offrir de tels équipements en prison. L’administration a réagi en renforçant les contrôles et en rappelant que les tablettes ne sont pas un “droit” mais un “privilège” pouvant être retiré si mal utilisé. Néanmoins, en l’état, la plupart des détenus profitent de ces tablettes de manière conforme – notamment pour se former ou se divertir légalement – et cela contribue à améliorer sensiblement leur confort matériel en cellule.

Cantine et autres loisirs : La “cantine” désigne le système de commandes de produits que les détenus peuvent acheter avec leur argent propre. Ce n’est pas une activité à proprement parler, mais c’est central dans la vie quotidienne : chaque semaine, le détenu peut remplir un bordereau de cantine pour obtenir des aliments supplémentaires (café, biscuits, conserves, etc.), des produits d’hygiène, du tabac, voire du petit matériel de loisirs (cartes à jouer, jeu d’échecs, crayons de dessin, etc.). Pouvoir grignoter quelque chose de différent du repas standard ou avoir une boisson chaude dans sa cellule est un confort apprécié qui occupe aussi le temps (cuisiner des nouilles instantanées, préparer un café…). Dans certains quartiers dits de confiance ou de respect, il existe même de petites cuisines communes mises à disposition : par exemple, à Réau, les détenues du quartier femmes disposent d’une cuisine où elles peuvent concocter un plat avec les légumes récoltés du jardin ou les achats de cantine, pour partager un repas collectif le week-end. Cette possibilité de cuisiner soi-même, quand elle existe, est très valorisante et rappelle la vie normale.

En cellule, les détenus disposent aussi de jeux de société pour passer le temps. Le plus populaire est le jeu de cartes (beaucoup jouent à la belote ou au poker entre co-détenus). Les échecs et les dames sont également courants – certaines prisons organisent des championnats internes d’échecs avec une petite récompense honorifique au vainqueur. Des jeux de plateau comme le Monopoly, le Scrabble, le domino, etc., peuvent être autorisés et sont parfois fournis par des associations bénévoles. Chaque détenu peut généralement garder quelques livres ou revues en cellule, empruntés à la bibliothèque ou envoyés par la famille. L’écoute de la radio ou de la musique est un loisir quotidien. Enfin, il ne faut pas oublier les activités religieuses qui, pour les croyants, occupent une place importante du temps libre : la pratique de son culte (messe, prière collective, études bibliques ou coraniques avec l’aumônier) est permise régulièrement et peut être considérée comme une activité socio-culturelle participant au bien-être spirituel.

Activités controversées et cas particuliers


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