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Enquête exclusive : 4 millions d’enfants français privés de vacances

Chaque été, alors que les plages se remplissent, que les valises s’entassent dans les coffres et que les réseaux sociaux débordent de photos ensoleillées, une réalité plus sombre persiste en France : environ 4 millions d’enfants ne partent jamais en vacances.

Enquête exclusive : 4 millions d’enfants français privés de vacances

Ce chiffre met en lumière une fracture sociale criante dans l’un des pays les plus riches du monde. Mais qui sont ces enfants ?

Pourquoi restent-ils à quai ? Et quelles solutions envisager pour leur offrir, eux aussi, une parenthèse enchantée ? Cette enquête exclusive explore les coulisses de cette exclusion silencieuse.

Une réalité chiffrée, une injustice sociale

Selon les données de l’Insee et des associations comme le Secours populaire, près de 20 % des enfants français, soit environ 4 millions, n’ont jamais l’occasion de quitter leur quotidien pour partir en vacances.

Ce phénomène touche principalement les familles à faibles revenus, les foyers monoparentaux et les habitants des zones urbaines défavorisées.

En 2023, une étude de l’Observatoire des inégalités révélait que 30 % des familles françaises aux revenus inférieurs au seuil de pauvreté n’avaient pas les moyens de financer un séjour, même de quelques jours, pour leurs enfants.

Un enfant sur cinq en France grandit sans jamais voir la mer, la montagne ou même la campagne.

Derrière ce constat, des histoires humaines. Comme celle de Sarah, 12 ans, habitante d’une cité HLM en banlieue parisienne, qui confie :

« Les vacances, pour moi, c’est rester à la maison ou aller au city stade. Mes copines partent, elles racontent, mais moi, je peux pas. »

Sarah n’est pas un cas isolé. Dans son quartier, les départs en vacances sont un luxe, pas une norme.

Les causes profondes : précarité et inflation

L’exclusion des vacances s’explique d’abord par des contraintes économiques. Avec un coût de la vie en hausse constante (+3,2 % d’inflation en 2024 selon l’Insee), les ménages modestes rognent sur les dépenses non essentielles. « Une semaine de vacances pour une famille de quatre personnes, même en camping, peut coûter entre 800 et 1 500 euros, sans compter le transport », explique Marie Dubois, travailleuse sociale à Lille. « Pour une famille qui vit avec 1 200 euros par mois, c’est tout simplement impensable. »

Mais la précarité n’est pas la seule responsable. Les familles monoparentales, qui représentent 25 % des foyers en France, sont particulièrement touchées. Les mères célibataires, souvent à la tête de ces foyers, jonglent entre travail précaire, charges fixes et responsabilités parentales. « Partir en vacances, ça veut dire poser des congés, trouver un budget, organiser… C’est un stress supplémentaire, pas un repos », témoigne Aïcha, mère de deux enfants à Marseille.

À cela s’ajoute une fracture territoriale. Les enfants des zones rurales ou des banlieues sensibles ont moins accès aux dispositifs de loisirs locaux, comme les colonies de vacances ou les centres aérés, souvent saturés ou trop coûteux. En milieu rural, l’isolement géographique complique l’accès aux structures d’accueil, tandis qu’en ville, les activités gratuites restent limitées.

Les conséquences : un impact psychologique et social

Ne pas partir en vacances n’est pas qu’une question de confort : cela creuse les inégalités dès le plus jeune âge. Les psychologues s’accordent à dire que les vacances, même courtes, jouent un rôle clé dans le développement des enfants.

« Elles permettent de rompre avec la routine, de stimuler la curiosité, de renforcer les liens familiaux et de créer des souvenirs », explique Claire Martin, psychologue spécialisée dans l’enfance. Privés de ces moments, les enfants peuvent ressentir un sentiment d’exclusion, amplifié par la comparaison avec leurs camarades.

À l’école, la traditionnelle question de la rentrée – « Qu’as-tu fait pendant les vacances ? » – devient une source d’angoisse pour certains. « J’invente des histoires pour ne pas avoir honte », avoue Kévin, 10 ans, qui n’a jamais quitté son quartier lyonnais. Ce sentiment d’infériorité peut affecter l’estime de soi et la sociabilité.

Des initiatives pour briser le cercle

Face à cette réalité, des associations et des collectivités se mobilisent. Le Secours populaire, par exemple, organise chaque année des « Journées des oubliés des vacances », permettant à des milliers d’enfants de partir une journée à la mer ou à la campagne.

En 2024, 50 000 enfants ont bénéficié de ces sorties. De son côté, l’association Vacances & Familles propose des séjours à prix réduits, avec un accompagnement personnalisé pour les familles en difficulté.

Les collectivités locales jouent aussi un rôle croissant. Des villes comme Rennes ou Strasbourg ont mis en place des « pass loisirs » pour offrir des activités gratuites ou à bas coût pendant l’été. Mais ces initiatives, bien que louables, restent une goutte d’eau face à l’ampleur du problème.

« On manque de moyens et de coordination nationale », déplore Pierre Garnier, responsable associatif. « Les colonies de vacances, qui étaient une solution pour beaucoup d’enfants dans les années 1980, ont vu leurs subventions fondre. »

Vers une politique des vacances pour tous ?

Pour les experts, la solution passe par une politique publique ambitieuse. Certains plaident pour la création d’un « droit aux vacances » universel, inscrit dans la loi, comme c’est le cas en Belgique ou au Portugal.

Une telle mesure pourrait inclure des aides financières ciblées, des tarifs réduits pour les transports et un soutien accru aux structures d’accueil. « Les vacances ne sont pas un luxe, mais un besoin fondamental pour l’épanouissement des enfants », insiste Sophie Lambert, sociologue spécialiste des inégalités.

En attendant, les 4 millions d’enfants français qui ne partent pas en vacances continuent de rêver. Comme Sarah, qui, les yeux brillants, confie : « Un jour, je verrai la mer. Pas sur une photo, mais pour de vrai. » Leur offrir cette chance n’est pas seulement une question de budget : c’est une question de justice sociale.


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