On le suit depuis qu’il a 22 ans et son prix au Mobile Film Festival en 2013. Guillaume Renusson fait partie des belles promesses de la réalisation française. Promesses déjà confirmées en fait, mais il faudra que sa caméra se porte dans différents domaines désormais pour que son nom transperce les très hermétiques murs entre les industries.
C’est d’ailleurs par envie de se frotter au clip qu’il se lance dans celui de Siân Pottok.
Pour une première, le réal s’attaque à du léger : la mort chantée à la première personne, ou comment illustrer la sagesse des philosophes avec un budget inférieur au smic.
« J’ai trouvé que cette musique était une forme d’invitation au courage du deuil, un regard serein sur la fatalité, une opposition à l’abattement commun, un assentiment sage, solaire. Je pense que Siân a cherché à dire ce qu’il pouvait y avoir de beau dans cette acceptation et que le fait de partir avait son propre éclat. C’est cette intention qui moi m’a touché et m’a conduit à écrire et réaliser ce clip. »
Comme à son habitude, Guillaume joue les équilibristes. Jamais totalement réaliste, navigant entre une fiction assumée et une réalité vraisemblable. Ne laissant jamais le spectateur se reposer. Pris entre une envie simple de contemplation de la beauté des images et l’inconfort intellectuel du message porté.
Il y a du Frankenstein, du Pygmalion et Galatée, du Pinocchio, bref tout ce que la fantasmagorie humaine a pu produire de plus profond. La nécrophilie étant condamnée par la morale ancestrale (et par l’article L225-17 du Code pénal en France), le terrain était glissant. Très. Aussi difficile qu’un poème de Baudelaire ou Rimbaud, capables de glisser l’amour là où se cache la déchéance.
Guillaume Renusson s’est inspiré de « la littérature gothique, mais aussi à la série The Knick ou à des tableaux comme ceux d’Hendrick Avercamp ».
Tourné en 4:3, le film ressemble à une nature morte de l’école hollandaise.
Il fallait oser. Et ne pas se rater.