Élevés selon un schéma archaïque mais éduqués selon un discours moderne, post libération, les papas d’aujourd’hui sont une nouvelle espèce. Une espèce en voie d’extension. Un peu perdus, luttant pour éviter les multiples castrations symboliques, protégeant une virilité à redéfinir. Mais se vautrant dans leur rôle de père aimant, professionnels du changement de couche (alors que leurs pères à eux n’y ont jamais touché), du liniment, du camilia et du coquelusedal.
Et pour cette nouvelle génération de père, dans les médias, il n’y avait rien. Aucun titre spécialisé. Jusqu’à aujourd’hui. Ou plus exactement, jusqu’au 14 févrirer 2013. Une Saint Valentin qui voit le lancement de Daddy Coool. Rencontre avec Cynthia Romano, qui dirige le site.
Tu es la créatrice de Daddy Coool ?
Oui, avec ma sœur et mon beau-frère. Mais je suis dessus à plein temps.
C’est donc une histoire de famille.
Oui. L’idée vient de notre histoire familiale. Nous sommes trois sœurs. On a toutes les trois des familles recomposées. En voyant nos mecs galérés, paniqués parfois face à des sujets quotidiens, on a réalisé qu’il y a un vrai besoin.
Mais c’est assez paradoxal que ce soit des femmes qui s’occupent de cette thématique.
Oui, ça peut paraître paradoxal. Mais c’était surtout pour répondre à un besoin. Il n’y a rien pour les pères. Parce que les pères ne demandent pas. Ils n’ont pas le réflexe de partager, comme les femmes. Ce n’est donc pas si paradoxal que l’idée soit née chez des femmes.
Entre le boulot, les tâches ménagères, les potes, les enfants… les pères n’ont pas le temps d’aller chercher des réponses. Et puis, ce n’est pas leur truc.
D’ailleurs, à terme, nous voulons développer une conciergerie.
Cumuler le boulot, la maison, les enfants, c’est la situation de la femme depuis 40 ans.
Oui, mais les femmes ont ça en elles, d’aller chercher les infos sur des forums, ou en discutant entre elles. Elles aiment échanger, monter des blogs, montrer leurs vies. Ce n’est pas que la situation entre hommes et femmes soit différente, c’est qu’il existe une réponse, une aide pour les mères et pas pour les pères.
Comment définirais-tu le ton du site ? Il rappelle un peu celui de Doolittle.
On tourne avec deux ou trois rédacteurs. On veut, avant tout, un ton direct, simple, drôle. Il faut que cela se lise vite et ne soit pas prise de tête. Et jamais vulgaire. On essaie d’être cool mais pas superficiel.
On voudrait que Daddy Coool devienne le pote des pères. Parce que les mecs sont ultras pudiques entre eux.
On devrait d’ailleurs développer une newsletter, et cet été, par exemple, parler de ce que disent les filles entre elles.
La figure du père est partout actuellement. Dans la pub (« Fais pas comme ton père », mentos. « Les pères seront toujours des hommes », Renault Scenic. « Mon père, mon héros », Toyota…), dans le cinéma. C’est une vraie tendance de fond.
On ne veut surtout pas être moralisateur et tomber dans les clichés. Au ciné ou à la télé, les pères sont des clichés ambulants. C’est extrêmement réducteur. Nous, on ne veut pas du discours, « tu ne sais rien faire, on va t’aider. » Les hommes aujourd’hui font énormément de choses mais on veut les épauler dans leurs angoisses.
Quel est la figure moderne du père aujorud’hui ?
Ben, dans l’imagerie populaire, Brad Pitt ou David Beckham sont des pères modernes, mais je ne sais pas comment ils sont avec leurs enfants. Mais, Alexandre Astier est génial. Il est à Paris que pour travailler, le reste du temps il est avec ses 5 enfants en province. Bob Sinclar, il fait énormément de choses avec ses enfants. Il a une vie très saine. Il y a Pacco aussi, qui est un vrai Daddy Coool puisqu’il a ses enfants une semaine sur deux. Mais je te parle d’eux parce que je les connais un peu.