La vie du scénariste Abdel Raouf Dafri est un film. Extrêmement bien écrit. Son premier projet de scénario, qui deviendra la Commune, est écrit alors qu’il touche encore le RSA. Évidemment, comme dans toute bonne histoire, c’est un succès. Il échappe alors à sa condition d’origine et enchaine les réussites. Mesrine d’abord puis Un prophète où il obtient le César du meilleur scénario original. Derrière il dynamite le scénario de la saison 2 et 3 de la série Braquo.
Chacun de ses projets est à son image. Enfin, sauf quand le réalisateur ou le producteur décide de l’enfumer au dernier moment pour transformer le nom des personnages ou pire pour le censurer. Ce qu’il n’aime pas particulièrement à en croire sa dernière interview qui vaut son pesant d’or. Qui ose encore aujourd’hui critiquer l’industrie cinématographique française sans avoir peur du boycott ? Qui ose encore lever le ton en période de promo ?
Qui ose dire tout simplement : « Aux États-Unis, le scénario c’est ce qu’il y a de plus sacré, c’est comme la Mecque pour un musulman, comme le Vatican pour un catholique, c’est ce qu’il y a de plus important (…) On est le pays de Molière, de Voltaire, de Montesquieu, Rousseau, Lafontaine et aujourd’hui on nous casse les couilles avec des mecs qui sont bankables dans des conneries pour pouvoir monter un film. C’est sérieux ça ? (…) TF1, France 2, France 3, M6… Ça fait flipper. Et puis faut parler avec ces gens là : « Non on peut pas dire ça, parce que si, parce que ça »… Mais pourquoi ? C’est pour ça qu’on produit de l’aseptisé, qu’on fait du Doliprane. »