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C'est une petite insignifiance comme tant d'autres

Nous sommes à Paris, en plein été. La ville a été transformée en immense encart publicitaire. Les parisiens ont tous été exfiltrés, des quartiers entiers privatisés, interdits à leurs propres habitants.

C'est une petite insignifiance comme tant d'autres

Le Tribunal Administratif de Paris justifie de ce que je n'ai pas le droit d'accéder à mon domicile pour laisser place à une cérémonie qui fera, de longues minutes durant, la publicité de Louis Vuitton et de LVMH, sous le regard d'Emmanuel Macron et de Bernard Arnault, sacrés devant la planète entière. Des têtes guillotinées, des cènes profanées, en un mélange étrange de décadence assumée et de progressisme déraciné, entourent des jeux de lumière dénués de sens.

Du pain pour les jeux.

Consécration télévisuelle, que ce spectacle en une ville transformée en sarcophage. Personne n'est là pour regarder, ou plutôt des millions de corps avachis, désactivés, mis à distance, sont ainsi nourris.

Je rentre d'exil, après six mois de menaces, pressions, tentatives d'arrestations. C'est drôle à dire à raconter, ça ne l'est pas du tout à vivre.

Mexique, Sénégal, Columbia Uni, à la veille de grandes ruptures. Un chemin de croix, à travers révolutions, élections, conférences universitaires. Culiacan, Delmas, Mermoz, Condessa... des lieux où s'entrecroisent le pouvoir, les mafias. Le peuple. Un jeu avec les frontières, les autorités, les services de renseignement. Pour vivre. Pour survivre.

Mes comptes viennent d'être saisis - tous - au motif d'une dette imaginaire. Je dois demander à mes collaborateurs, mes équipes, de partir. La situation est paradoxale. Mon client, Ousmane Sonko, vient d'être libéré et d'emporter une élection. Lui qui était, comme moi un an avant, promis à la prison à perpétuité, accusé de viol, terrorisme... vol de téléphone portable.

Les pouvoirs sont ainsi, lorsqu'ils perdent le Nord. Tout se justifie. A Paris donc, les marques ont pris le pouvoir. Elles s'agitent pour tenter de rentabiliser leurs investissements multimillionnaires.

Elles privatisent la République. Omega, avec l'aide de Lucien Pagès, le prince de la fashion, a privatisé la maison de l'école polytechnique. Ce lieu construit pour accueillir couver, propulser, nos meilleurs étudiants et serviteurs de la nation.

J'y suis invité, avec un ami. Cindy Crawford et Kaia Gerber s'y trouvent, payées une fortune pour attirer les mouches, les petites élites décadentes d'un Paris effondré, toute une jet-set qui saute d'événement en événement, enchaînant Roland Garros, Festival de Cannes, grand prix de Monaco, Wimbledon, JO, Biennale de Venise, écumant les événement sportifs entre deux passages par Côme, Saint Tropez, attirant, en un continuum confondant, et prostituées de luxe, les business angels en manque de fécondation, les CEO à la recherche de miroirs satisfaisants, les Rubempré et Rastignac chargés de tout cela alimenter...

J'y croise l'avocat de Macky Sall, payé cent mille euros l'audience par l'un des Etats les plus pauvres du monde, des "artistes" et sportifs récupérés pour exciter la galerie. Je ne sens pas tout de suite la panique ni les regards dérobés, même si je les devine. Par qui et comment a-t-il été invité ? Impossible de provoquer un scandale. Il se trouve, c'est peu su, que mon milieu naturel flotte au-dessus de ces gens.

J'ai beaucoup parlé de Bernard Arnault et de Xavier Niel, de leurs hôtels particuliers, de la fréquentation de leurs progénitures. J’ai moins dit, et c’est normal, de cette nourriture graisseuse dont ils se goinfrent, qui sont mes frères et mes soeurs. Les acteurs et actrices les plus renommés, les prix Nobels, réalisateurs, qui m’ont toujours entouré.

J’ai grandi et je me suis nourri de la rencontre de ces êtres, de l’amitié et du respect naturel que nous avons enfanté. De Don deLillo à Catherine Deneuve en passant par Robert Pattinson, Patrick Modiano, Peter Handke et tant d’autres, un entre deux, entre les masses et les dominants, gâté, couvé, en lequel tous les excès sont autorisés tant que ces êtres font le nécessaire pour que le désir. Il faut qu’ils se prostituent, régulièrement, pour permettre aux dominants de se légitimer et d’écraser.

Il faut qu’ils soient là, en ces lieux, pour que d’autres rêvent de les fréquenter, et se conforment, se soumettent, de telle façon à ce que le système puisse, sans violence apparente, se démultiplier. Alors quand j’y remet les pieds, en passant, sans dire d’où et comment, la sueur commence à se faire jour sur le front de l’un de ces pitoyables serviteurs du système, qui a récolté des millions, j’ai dit donc, Lucien Pagès, le rabatteur du néant.

Comment, en ses terres, en cet événement pour lequel il a tant été payé - qui lui financera ses escapades exotiques en Thaïlande et en d’autres lieux où tout, à commencer par l’interdit, lui sera autorisé ; lui qui a réussi, alors qu’il n’est rien à avoir des portraits langoureux dans tous les médias du monde ; comment a-t-il pu laisser une telle erreur chez lui s’incruster ? Comment éviter le drame, le scandale ? Comment éliminer ?

L’impétrant qui, pour des raisons évidentes de déclassement, se serait incrusté, se ferait dégager manu militari. Mais, vous l’aurez compris, en ce qui me concerne, c’est désormais trop touchy. Pour tout ce qui vient d’être décrit. Pour la force, aussi, que nous avons ensemble constitués, qui les angoissent à ne pas savoir que faire.

Qui leurs font savoir que des campagnes de presse coutant des dizaines de millions, des efforts d’une décennie, peuvent en un tweet se voir dévastées. Que pensez-vous que pensent les maîtres de ce monde, laids et puants à foison, comme Arnault et Niel, qui ont passé leur vie à acheter des gens pour fabriquer du silence sur ce qu’ils sont, lorsqu’on expose, en un tweet, leurs liens avec la pédophilie, le proxénitisme, la violence et les services de renseignements ? Lorsque cela vient de leur propre enfant ?

Lorsque l’on démonte la façade qui leur permet non seulement de fabriquer des milliards, mais également des gouvernements tout entier, et surtout l’impunité?

Combien en ont-ils ainsi acheté, et silencié ? Et combien restent-ils qui continuent de les défier ? Alors devinez ce qui s’est passé. Le branle-bas de combat silencieux a consisté, une nouvelle fois, en la fabrication d’un mur invisible, qui permettrait de s’assurer que l’on ne se voit une nouvelle fois mis en difficulté.

Cindy et Kaia Gerber, en une chaîne d’intermédiation que je manquerai de vous décrire, ont été consultées pour savoir si d’elles je venais. Le lendemain, c’était Nicole Kidman, fascinante illustration de ce que la chirurgie plastique est, qui était invitée. Mais surtout, autour d’elle, des dizaines de puissants qu’il fallait préserver.

Il fallait absolument éviter que l’incident se reproduise. J’étais déjà reparti, et j’ai ri lorsque l’on m’a transmis la notice qui avait partout été circulée.

Parce qu’il se trouve que ce passage en ces lieux permet toujours de récolter, non seulement la sympathie de cocaïnomanes désenchantés, pris au piège de ces événement qui promettent de trahir leur solitude, et par les dividences récoltées (des posts sur instagram auprès de célébrités pré-fabriquées aux millions de follower), l’espoir d’une rencontre et peut être d’un amour, d’une illusion retrouvée.

Mais surtout les marques de sympathie, de soutien, de force des jeunes étudiantes qui sont légèrement surpayées pour s’habiller et se comporter en escorts pour vieux libidineux ; les serveurs qui font des extras ; les gardes de sécurité qui, pendant leurs deux heures de trajet pour aller et venir ; Ils ont vraiment peur, ces gens là. Non de moi, mais de vous, qu’ils voient transfigurés en moi. Promettez moi de les dévaster.

Et d’avoir une pensée, lorsque vous le ferez, pour ce pauvre petit Lucien Pagès, venu des fins fonds du monde, et qui s’était cru, par ces lumières, consacré.

Lui qui aura vendu son âme pour un peu de reconnaissance et beaucoup d’argent, se croyant tout puissant, et qui n’aura jamais rien été qu’un rabatteur chargé de vendre du néant, chargé de spéculer celui-ci en faisant de l’avidité et l’angoisse ses principales instrumentalités.

Oui, on aura une pensée pour lui, et pour tous ces intermédiaires qui, par plaisir, vanité, ambition ou absence de pensée, auront participé de ce système dont la seule fonction est de vous maintenir humiliés, écrasés, et déconsidérés.


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