Pourquoi lui ?
Ce livre, on en aura entendu parler. Partout. Et contrairement à ce qui est dit, il ne révolutionne rien. Et c’est bien là le drame. Ce que Céline Alvarez dit est connu depuis longtemps. Sauf qu’elle, elle le prouve. Expériences à l’appui. Reste donc une question ? Pourquoi. Mais pourquoi le ministère de l’Éducation ne chamboule-t-il pas tous ses plans pour mettre ce livre en application ? Pourquoi l’éducation nationale est-elle toujours sous l’emprise de tant de morale ? Pourquoi ce qu’il y a de plus important dans un pays doit être soumis à des guerres partisanes ?
Où le lire ?
Dans la salle d’attente du bureau du principal qui va vous dire que votre enfant est trop indiscipliné. Encore.
Incipit.
Mon expérience d’écolière et d’adolescente dans les quartiers défavorisés d’Argenteuil m’a profondément indignée : je voyais notre système éducatif étouffer chaque année la lumière et les talents uniques de nombreux camarades.
Le passage à retenir par cœur.
Les environnements institutionnels que nous avons érigés affament l’extraordinaire intelligence plastique de nos enfants, qui cherchent ensuite comme ils le peuvent à se nourrir avec ce qui leur tombe sous la main. Et cela nous agace. « Ils touchent à tout ». « Ils parlent tout le temps », nous plaignons-nous. « Dès que je tourne le dos, ils discutent ou font une bêtise !» Les enfants qui bravent les interdictions font preuve d’une grande force de vie : leur intelligence insatisfaite ne se résigne pas et cherche à se nourrir envers et contre tout. Contre nous, s’il le faut. Braver l’interdiction de l’adulte et risquer une punition n’est rien comparé aux bénéfices de la transgression. Ce n’est pas de l’insolence, c’est la vie qui se manifeste et qui résiste.
À qui l’offrir ?
À Najat Vallaud-Belkacem, bien sûr.
Les lois naturels de l’enfant, Céline Alvarez, éd. Les Arènes, 454 p., 22 €