Pourquoi lui ?
Parce que son livre est un médicament. Et Dieu sait (c’est le cas de le dire ici) que par les temps qui courent c’est toujours utile.
Jean d’Ormesson offre dans son champ d’espérance un manifeste sous forme de testament lumineux de ce qu’il a pu saisir de l’existence. Un bilan métaphysique jubilatoire publié par sa fille, qu’il aurait pu appeler « Comme un chant d’amour ».
Jean d’Ormesson est le grand-père idéal pour tous les lecteurs que nous sommes. Si nous arrivons encore à penser aussi intelligemment que lui au même âge nous aurons réussit nos vies. En bref, « si t’as pas déjà aimé d’Ormesson à 50 ans, t’as raté ta vie. »
Lui nous répondrait simplement que « si l’univers est le fruit du hasard, si nous ne sommes rien d’autre qu’un assemblage à la va-comme-je-pousse de particules périssables, nous n’avons pas la moindre chance d’espérer quoi que ce soit après la mort inéluctable. Si Dieu, en revanche, et ce que nous appelons – à tort – son esprit et sa volonté sont à l’origine de l’univers, tout est possible. Même l’invraisemblable. D’un côté, la certitude de l’absurde. De l’autre, la chance du mystère. »
Où le lire ?
« Un soir de la fin de l’été sur un bateau à voiles à travers le Dodécanèse, dans la baie de Fethiye ou au large de Castellorizo.
Dans les calanques de Porto en Corse. Au temple de Karnak à Louxor. À L’Acropole d’Athènes. Dans Rome. Ou tout simplement sous les étoiles d’une nuit d’été. »
Le passage à retenir par cœur ?
« Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte
Et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence.
Sans aliénation, vivez autant que possible
en bons termes avec toutes personnes.
Dites doucement mais clairement votre vérité.
Ecouter les autres, même les simples d’esprit et les ignorants :
Ils ont eux aussi leur histoire.
Evitez les individus bruyants et agressifs :
Ils sont une vexation pour l’esprit.
Ne vous comparez avec personne :
Il y a toujours plus grands et plus petits que vous.
Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements.
Ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe.
Soyez vous-même.
Surtout n’affectez pas l’amitié.
Non plus ne soyez cynique en amour car il est,
En face de tout désenchantement, aussi éternel que l’herbe.
Prenez avec bonté le conseil des années
En renonçant avec grâce à votre jeunesse.
Fortifiez-vous une puissance d’esprit
Pour vous protéger en cas de malheur soudain.
Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères.
De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.
Au-delà d’une discipline saine, soyez doux avec vous-même.
Vous êtes un enfant de l’univers. Pas moins que les arbres et les étoiles.
Vous avez le droit d’être ici.
Et, qu’il vous soit clair ou non,
L’univers se déroule comme il le devait.
Quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez,
dans le désarroi bruyant de la vie, la paix de votre cœur.
Avec toutes ses perfidies et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau. »
A qui l’offrir ?
Au plus de monde possible. À tous ceux qui vous demandent si « ça va » ? Le programmer dans les manuels scolaire, de l’école primaire jusqu’au lycée en passant par le collège. Chaque enfant, chaque adolescent, chaque adulte à l’intuition à un moment dans sa vie que finalement la seule question c’est Dieu, qu’il existe ou qu’il n’existe pas.
Jean d’Ormesson, Comme un chant d’espérance, 128 p., 16 euros. Sortie le 12 juin 2014.