Pourquoi lui ?
Uppercut, une droite, une gauche. Les phrases d’Hugo Horiot ne laissent pas le temps de réfléchir. Elles donnent le tournis. À croire qu’on frôle le KO. Mais on se trompe. Le vertige ne vient pas des coups portés, mais de la mise en abyme. La grande pièce de théâtre qu’est la vie donne déjà le vertige à ceux qui cherchent à rester lucide. Mais quand la normalité devient une thérapie à l’autisme, s’adapter pour avancer, mais avancer pour aller où ? Que l’extravagance oscille entre pathologie et liberté, que la narration est faite par Julien l’autiste, Hugo le réadapté, que la normalité devient aussi oppressante que libératrice, que l’objectif devient prison, que la narrateur est lui-même acteur, que le livre parle du livre, que l’auteur par de l’auteur, que le lecteur se voit partout… Oui, là, ça tourne vraiment.
Et cette sensation étrange que nous sommes tous autistes.
Où le lire ?
N’importe dans où cette cour des miracles qu’est le monde. Des miracles qu’étrangement, tout le monde s’évertue à cacher.
Incipit.
Mère, à six ans, ton fils est mort.
Le passage à retenir par cœur.
Les trompettes de la Gloire ? Les trompettes du Jugement dernier ? Peu importe ! C’est mon entrée qu’elles annoncent ! L’utopie de l’un est une dictature pour les autres. Alors mon utopie sera votre dictature ! Ce jour-là vous serez morts. Régner sur les morts c’est régner sur l’éternité. La vie est éphémère et même les morts peuvent voter ! Je suis la voix des morts. Certains soirs, je leur prête mon souffle et ma chair au théâtre. La quête du pouvoir est un voyage mortuaire. sa conservation, la mort. C’est pourquoi les voitures officielles ressemblent à des corbillards, et les convois de chefs d’États, à des processions funéraires.
À qui l’offrir ?
À tout ceux qui dictent leur normalité. Oui, Hugo Horiot risque de vendre quelques centaines de millions de livre das ce cas-là.
Carnet d’un imposteur, Hugo Horiot, éd. l’Iconoclaste, 137 p., 17 €