Les massacres dans le monde, les objets prohibés à l’aéroport Kennedy, les lieux secrets, les prisonniers innocents, les menacés de fatwa, les immigrés illégaux, les révolutionnaires, les blessés, les sans papiers, les sans paroles… Non, il ne s’agit pas du programme des vacances de BHL, ni du plan d’urgence de l’ONU, mais du travail d’une photographe engagée : Taryn Simon. Cette New-Yorkaise de 36 ans utilise son appareil photo comme Zola écrit dans l’Aurore ou Nanni Moretti tourne ses films. Ou comme l’aurait dit Albert Londres, « pour planter sa plume dans la plaie de la société ».
Pas de doute, Taryn Simon est une artiste. Elle aime l’esthétique et ses clichés révèlent une maîtrise de la lumière et de la mise en scène absolument parfaite. Mais là n’est pas le principal. Les photos de Taryn ne se doivent pas seulement se contempler, elles doivent se faire expliquer. Savoir, comprendre, analyser. Qui, où, quoi, comment, pourquoi. C’est que Taryn Simon a une obsession : montrer ce que nous ne voulons pas voir. Quand nos yeux se ferment sur notre culpabilité d’humain, quand nos cerveaux effacent pour continuer à dormir, Taryn, elle, fige la vérité sur pellicule pour que nous ne puissions échapper à notre monde. Pour ne plus pouvoir dire que l’on ne savait pas.
1, 2 et 3 issues de la collection Contraband ou les objets confisqués à l’aérport kénnedy de New York lors entre le 16 et le 20 novembre 2009
4,5 et 6 issues de An American Index of Hidden and Unfamiliar
7,8 et 9 issues de The Innocents travaille sur les prisonniers innocents. Taryn Simon réalise une reconstitution du lieu du crime ou du lieu de l’arrestation avec les accusés à tort après leur libération.