Pietro Ruffo superpose les réflexions et les matières. Une œuvre folle, ou du moins aimerait-on le croire. Une carte géographique en fond. Des insectes découpés, tirés à quatre épingles en premier plan. Entre les deux, des drapeaux peints magnifiquement. Au final, un tableau où votre esprit se promène et se perd. Littéralement. Vous ressortez fou, pris entre deux lectures aux échelles, aux motifs et aux matières différents. Trop différents pour que notre pauvre cartésianisme puisse résister.
S’il le pouvait, il comprendrait un questionnement philosophique et géopolitique d’une immense profondeur. La maxime sartrienne qui donne son nom à l’expo est à la fois une constatation et une provocation. L’artiste romain de 33 ans chamboule tout pour sa première expo en France (Di Meo).
Tout ce que nous avons de plus commun en ce monde. Les formes des pays, leur place, leur importance, leurs symboles… dans ce tourbillon, vous vous perdez vous-même et ce n’est qu’une fois rentré chez vous, allongé seul, que votre esprit réintègre violemment votre corps que vous comprenez la vision du fou. Pietro Ruffo pourrait s’approprier ces mots de Dali : « la différence entre un fou et moi c’est que je ne suis pas fou ».