Erwin Blumenfeld est né avec la photographie moderne. Il en a écrit quelques uns des plus beaux paragraphes avec un demi siècle d’avance.
L’artiste est né à Berlin en 1897, trois ans avant un siècle qui allait révolutionner l’humanité. En 1918, à 21 ans, la première boucherie terminée, il s’installe aux Pays Bas. C’est de là qu’il participe au mouvement dada, sous le pseudonyme de Jan Bloomfield.
Un jour, au fond de sa boutique de produits de luxe en cuir, derrière une fausse paroi, il découvre par hasard un studio de photo tout équipé. Le destin ? Peut-être. Dans les années 30, il devient photographe professionnel en Hollande.
Il se révèle extrêmement talentueux et s’installe donc à Paris au moment des grands mouvements sociaux en 1936. Il débute ses collaborations avec Vogue et Harper’s Bazaar, mais est stoppé net par le second conflit de bêtise internationale. Ses origines allemandes le mènent directement dans un camp de travail dont il parvient à s’enfuir et s’installe en 1941 avec sa famille aux États-Unis.
Il deviendra dès lors et jusqu’à sa mort en 1969 à Rome, l’un des plus grands et plus influents photographes du monde. Expérimentant sans relâche de nouvelles techniques, afin de faire ressortir « l’invisible transparence des corps » et pour remuer la « frontière entre le réel et l’irréel« . Son studio saturé de lumière, unique à cette époque, lui permettait de parvenir à cette évanescence.
Une recherche incessante comme une forme d’introspection. « Nous avons toujours un double. Sans miroir je ne serais jamais devenu un être humain« .