Vous connaissez probablement en France des « Insoumises » mais vous avez du tout oublier concernant les « Insoumuses ».
Le premier est un concept sans saveur ni valeur, utilisé par un vieil homme politique pour espérer exister un quinquennat de plus dans le paysage français mais le second a réellement été subversif et profondément innovant.
Commençons par expliquer ce nom : Les Insoumuses. C’est un néologisme associant «insoumise» (désobéissant) et «muses» qui représentait un collectif de femmes réalisatrices qui ont produit plusieurs vidéos ensemble, se concentrant sur les représentations des femmes dans les médias, le travail et les droits reproductifs.
Dans le détail, les Insoumuses a été constitué de Carole Roussopoulos, Delphine Seyrig et Ioana Wieder. Delphine Seyrig et Ioana Wieder ont pu s’initier rapidement à la vidéo grâce aux formations que dispensaient Carole Roussopoulos. Et c’est en 1974 qu’elles créent toutes les trois l’association « Les Muses s’amusent » qui deviendra très rapidement « Les Insoumuses », premier collectif de vidéastes 100% dédiée à la création de vidéo militante.
Toutes les trois se mettent alors à réaliser des vidéos avec une caméra portative, la Portapack de Sony (la caméra préférée de Jean-Luc Godard), ce qui leur permet de s’exprimer librement. Elles mêlent critique sociale et humour. Elles filment dans la rue. Elles documentent les manifestations. Elles créent un nouveau langage documentaire permettant de donner une autre dimension aux revendications des femmes dans les années 1970. En signant toutes leurs bandes vidéos collectivement Les Insoumuses.
Le 30 décembre 1975, Bernard Pivot invite Françoise Giroud, secrétaire d’état à la condition féminine dans une émission de télévision intitulée L’année de la femme, ouf ! c’est fini. 1975 est l’année internationale des femmes. Françoise Giroud est invitée à commenter les propos phallocrates et misogynes d’hommes politiques ou publics. Dans Maso et Miso vont en bateau, Les Insoumuses reprennent cette émission et ponctuent la vidéo de commentaires, chants, images se donnant ainsi un droit de réponse féministe aux propos phallocratiques.
LE TRAVAIL MÉCONNU DE L’ACTRICE FRANÇAISE DELPHINE SEYRIG EN TANT QUE CINÉASTE FÉMINISTE
Delphine Seyrig est une icône du cinéma d’avant-garde des années 60. L’actrice française d’origine libanaise a joué dans des films d’Alain Resnais, Marguerite Duras, Luis Buñuel et Chantal Akerman, entre autres. Et elle a ENFIN le droit à une exposition digne de ce nom (juste avant que le monde ne s’arrête) sous le nom de « Defiant Muses: Delphine Seyrig et les féministes vidéastes en France dans les années 1970 et 1980 ».
L’exposition a été tentaculaire. Du travail inconnu de Seyrig en tant que cinéaste féministe, en passant par l’exploration de l’histoire des féministes radicales en France dans les années 1970 et 1980 qui utilisaient la caméra vidéo nouvellement inventée pour réaliser des films sur le sexisme dans les médias.
J’ai moi-même essayé de rendre hommage à ce que ces trois femmes m’ont laissé. Mais les temps ont changés. Moi quand je fais des actions féministes, je me fais insulter par des médias comme Causeur qui haïssent les femmes qui défendent les femmes. Ils n’assument d’ailleurs tellement pas la violence ce qu’ils publient contre moi qu’ils l’effacent à chaque fois après avoir fait du tord médiatique aux jeunes filles attaquées.
Leur objectif est apparemment de détruire des femmes d’action mais silencieusement, c’est pour ça qu’ils effacent aussi vites leurs insultes. Parce qu’en plus d’être misogynes, ils sont lâches. Le summum d’entre eux reste le magazine sous le nom de Causeur. Il a su répondre présent pour détruire une jeune femme comme moi qui aide les femmes. Ce que ses « journalistes » ont fait contre moi et mes amies est hors la loi, pourtant ils ont tous eu apparemment le soutient d’une « femme » comme Elizabeth Levy pour les aider à me faire taire.
Mais si Carole Roussopoulos, Delphine Seyrig et Ioana Wieder étaient encore là, l’ignoble magazine Causeur qui sponsorise et donne une tribune aux pires phallocrates français, écrivant que je dois mourir seule en prison, auraient été satellisé purement et simplement de l’espace médiatique français.
Ceci étant dit, il est important de souligner qu’il y a eu des collectifs cinématographiques similaires aux États-Unis. De Videofreex à TVTV qui comme Les Insoumuses ont utilisé la vidéo pour faire évoluer l’industrie de l’image en mouvement et la société dans son ensemble. Elles produisaient toutes des films bruts, fait maison. Certaines œuvres se concentrent sur une seule personne qui parle ou lit un texte, la caméra zoomant lentement sur le sujet.
D’autres détournent des images de programmes télévisés, les recadrant avec des pancartes manuscrites et des voix off qui se moquent du contenu sexiste. Le travail en vidéo a permis aux femmes de créer des images animées puissantes sans l’infrastructure d’un studio de télévision ou d’une société de production, domaines encore aujourd’hui dominés par les hommes.
Une citation de Seyrig le mur de la galerie disait: « Pour moi, la vidéo signifiait la chance de faire du cinéma sans avoir à demander quoi que ce soit à qui que ce soit. »