Les artistes nouveaux médias ne vont pas tarder à faire largement parler d’eux dans le quinquennat à venir. Puisque l’avenir de l’art contemporain sera « l’art numérique ». En 1980, le terme générique employé était « l’art électronique », en 1990, c’était « l’art numérique » et en 2000, tout le monde parlait « d’art et nouveaux médias », autrement dit, « d’art contemporain numérique ». Voilà où nous en sommes. Mais peu importe le terme exact, ce qui compte ici c’est de noter le bouleversement que s’apprête à vivre le monde de l’art mondialisé.
L’exposition CO- WORKERS – Le réseau comme artiste, présentée en ce moment par le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en est la preuve. De la même manière qu’a lieu actuellement la première foire d’art contemporain dédiée aux artistes nouveaux médias, à savoir, la « Variation-Media Art Fair ». Mais revenons sur l’exposition CO- WORKERS. Que s’y passe t-il exactement ? Évidemment, une sélection d’artistes internationaux formés dans les années 2000 qui renouvellent les processus de création autour d’une pratique essentiellement en réseau. Mise en scène par le collectif new-yorkais DIS et avec la participation curatoriale de 89plus, cette exposition fait émerger un LANGAGE INÉDIT inspiré des ressources d’Internet.
Dans un monde bouleversé par la troisième révolution industrielle, l’utilisation d’Internet et des supports de téléphonie mobiles a engendré un nouveau mode de communication lié à un flux constant d’informations. L’individu est à la fois indépendant et relié à des réseaux multiples : professionnels, techniques, artistiques, culturels, au-delà de toute limite géographique. Cette organisation est symptomatique de ce que le sociologue Barry Wellman appelle « l’individualisme connecté ».
Ce qu’on nomme aujourd’hui The Internet of Things (l’Internet des choses), renvoie à l’idée que l’être humain n’est plus le seul sujet pensant mais que les objets qui l’entourent, composent un environnement intelligent qualifié d’Ambient Intelligence (Intelligence Ambiante).
Au travers d’installations, de vidéos, de sculptures, de peintures, les artistes explorent cette complexité d’échanges qui dépasse l’échelle humaine. Ils s’intéressent à la manière dont l’intelligence et la conscience peuvent s’étendre aux machines, aux animaux, aux organismes vivants. Dans une société caractérisée par l’accélération des données et l’omniprésence de l’image, les artistes s’inscrivent dans une culture de la visibilité, où les limites entre sphères privées et publiques s’estompent, où l’intimité devient « extimité ».
Pour concevoir la mise en scène de l’exposition, le collectif DIS, connu notamment pour leur plateforme liftestyle DIS Magazine, s’inspire des espaces de travail collectif, des centres commerciaux, des zones de transit d’aéroport. L’exposition prend ainsi la forme d’un réseau associant œuvres, installations interactives et performances. Elle inscrit le musée dans un monde de flux et de circulation.
Vous l’aurez compris, une révolution artistique est en marche, et elle sera numérique !