Elle est l’une des plus grandes photographes vivantes, l’un de ses artistes dont la vie semble vouloir dépasser l’œuvre. Et pourtant, Nan Goldin est restée simple. Ses photos complexes reflètent une réalité froide, une analyse presque scientifique. « Je ne crois pas au fameux moment décisif. Certaines de mes plus belles photos sont des accidents ».
Et quand on vient à parler de l’homme, c’est tout le fantasme de l’art comme représentation ultime et parfaite qui s’effondre. « Il n’y a pas de portrait parfait. Il faut une multitude de portraits pour rendre la complexité d’une existence ».
Il faut dire que Nan Goldin a débuté adolescente en photographiant la communauté trans américaine, puis ses amis mourant du SIDA. Une prise de conscience de la réalité qu’elle décidera de ne jamais trahir. Ses photos floues. Ses prises de vue, ses prises de vie qui obligent à plisser les yeux pour réaliser soudainement que l’on connait parfaitement ce qui semblait d’abord une fenêtre vers un autre dimension. Sa dernière folie est un slideshow d’enfants (« une espèce différente à laquelle je m’intéresse depuis peu ») chantant des chansons sombres.
Une fois encore, une façon de rappeler que le monde est, et sera toujours, plus complexe qu’on le voudrait. Trop complexe pour être résumé par une simple photo. Et c’est l’une des plus grandes qui le dit. Chapeau bas, madame.