Dans son dernier livre Nan Goldin compile 300 photographies d’enfants représentant un paradis perdu qui sommeille en chacun de nous. Pour décrypter le sens de ses images, l’artiste explique qu’il « s’établit dans ces images une réflexion sur la malléabilité de l’identité de chacun. Il y a un chapitre entier sur les enfants qui « changent de sexe ». Sur la couverture du livre, on ne sait pas quel enfant est une fille ou un garçon. C’est l’Eden. Ce mot peut vouloir dire beaucoup de choses ; pour moi, c’est d’abord une idée de paradis. C’est un retour à la pureté, à un temps sans jugement. Je pense à l’Eden comme un état de l’être humain. Et je vois un parallèle entre les enfants et les drag queens. Parce que chacun vit comme bon lui semble. Ils et elles sont malléables, ils peuvent se transformer. Quand j’avais quatorze ans, je me suis dit que la plus belle chose qui pourrait arriver à ce monde serait qu’on ne puisse savoir à quel sexe appartient un individu avant qu’il n’ôte ses vêtements. »