Dans quelques mois, Morgane Le Gall aura 40 ans (pardonnez notre manque de galanterie). Quelle surprise au vue de ses œuvres de découvrir une artiste sortie de la post-adolescence. C’est que le premier mot qui nous vient en regardant, admirant le travail de la Brestoise, c’est « enfantin ». Loin, très loin des gazouillis et de cette fantasmée innocence que les adultes prêtent aux enfants. Mais près, très près de la capacité d’un enfant à vous emmener dans son univers aussi invraisemblable soit-il. Morgane Le Gall collabore depuis plus de dix ans pour les catalogues Kenzo, où elle prouve qu’elle sait aussi calmer ses tendances à la couleur et la démesure.
Mais même pour la marque, ses clichés sentent encore la douce nostalgie et les rires étouffées des siestes d’été. Pour le reste, le CV de Morgane mériterait un site internet à lui tout seul. Télérama, L’Express et Le Monde 2 font régulièrement appel à elle pour leurs couvertures ou leurs articles. Les designers les plus en vue, comme les frères Bouroullec, placent leurs créations entre ses pellicules. En fait, l’artiste touche à tout et chaque fois avec le même succès, laissant une impression quelque peu foutraque, mais comme le disait un autre enfant devenu grand, Saint-Exupéry : « Les enfants seuls savent qu’ils cherchent ».