La biennale d’art contemporain de Lyon se tient tous les deux ans. 70 artistes ont été invités pour cette édition 2009. Durant plus de trois mois ils sont exposés dans 4 lieux emblématiques de la ville.
Lancée il y a 20 ans, ce rendez-vous est parvenu à s’imposer et ce malgré la multiplication de ce type de manifestation partout dans le monde. Le secret du succès, Lyon à su rester à la pointe.
Le projet artistique de la Biennale de Lyon 2009 :
Nous vivons dans la société du spectacle. Malgré ses effets aliénants sur notre vie et nos liens sociaux, elle est l’une des conditions fondamentales de notre existence. A l’époque de la globalisation ou de l’ « empire global » (Antonio Negri et Michael Hardt), il n’existe plus de « dehors » pour cette société du spectacle.
Comment dès lors créer les conditions du nécessaire développement d’idées critiques, créatives, nouvelles, subversives ? C’est en s’engageant sur la question du quotidien que l’art contemporain peut retrouver son rôle social de force critique – et permettre à l’imagination de faire des propositions pour un monde meilleur.
Le quotidien est depuis plusieurs décennies déjà désigné comme le champ le plus favorable à une possible reconquête de notre liberté face à l’ordre établi.
A l’heure de la globalisation et de la crise, cette pensée retrouve toute son actualité. De plus en plus nous embrassons un monde reconstruit sur la complexité. La réinvention de nos pratiques quotidiennes est un aspect crucial de la fondation de cet ordre nouveau.
C’est également le contexte le plus stimulant dans lequel l’art contemporain peut évoluer et obtenir une nouvelle pertinence. Car à l’heure de la globalisation, il ne suffit plus que l’art contemporain soit devenu un phénomène spectaculaire accepté par tout le monde sur notre planète. Il est important de montrer que des artistes et des communautés d’artistes en nombre toujours plus grand, venant des différentes régions du monde, interviennent sur le champ du quotidien pour en faire surgir de nouvelles formes et de nouvelles significations, des usages nouveaux.
Leur ambition : réinventer l’ordinaire pour en faire quelque chose de spectaculaire, d’unique, afin de produire de nouvelles expressions de la complexité, de la diversité, de l’interactivité. Leur intelligence : utiliser les outils les plus efficaces (incluant les biennales) pour promouvoir leurs pratiques. C’est cette tendance que la Xe Biennale de Lyon explore et présente. La preuve en image :
L’artiste américaine Sarah Sze construit une sculpture monumentale et éphémère constituée de dizaines de petits objets du quotidien qui forment un chaos organisé, avant d’être recyclés pour une prochaine sculpture.
Sarah Sze, Untitled (Portable Planetarium), 2009. Courtesy de l’artiste et Victoria Miro Gallery, Londres. Photo : Blaise Adilon
Au second étage du Musée d’Art contemporain de Lyon, des souffles d’air provenant de l’extérieur s’échappent d’une gigantesque tuyauterie et font voleter des journaux, écrits en toutes langues, tandis qu’apparaissent en néons des mots comme « la lumière de l’éclair ».
Sarkis, L’Ouverture, 2002. Courtesy Musée d’art contemporain de Lyon. Photo : Blaise Adilon
L’armée de fantômes de Jompet Kuswidananto forme une Java’s Machine, mascarade fascinante.
Jompet Kuswidananto, Java’s Machine, 2008. Courtesy de l’artiste. Photo : Blaise Adilon
Le corps partiellement maquillé de noir, le musicien David Bichindaritz interprète suavement une chanson dont les paroles sont celles du discours de Barack Obama à Philadelphie, lors de la campagne présidentielle de 2008 : « This time we want to talk about… ».
Sylvie Blocher, A more perfect day, 2009. Courtesy Sylvie Blocher
L’artiste indienne Shilpa Gupta explore dans ses œuvres les peurs inconscientes et la paranoïa ambiante. Pour la Biennale de Lyon, elle a réalisé un portail pivotant qui vient claquer contre un mur qu’il détruit peu à peu.
Shilpa Gupta, Untitled, 2009. Courtesy de l’artiste et Yvon Lambert, Paris. Photo : Blaise Adilon
La performeuse espagnole Dora Garcia propose au visiteur de voler un livre, lequel répertorie ses précédentes performances, plaçant ainsi le visiteur dans une position délicate de hors-la-loi.
Dora Garcia, Steal this book, 2009. Courtesy de l’artiste et galerie Michel Rein, Paris. Avec le soutien de la SEACEX, Madrid.