Il est l’un des plus grands caricaturistes du monde et l’a prouvé après l’attentat contre Charlie Hebdo en envoyant immédiatement un dessin sur les réseaux, qui sera le plus partagé autour du globe. Nietzsche peut répéter que Dieu est mort, tout le monde s’en fout. Un dessin, par contre, amène les levées de boucliers. Peut-être parce que les cons ne comprennent que les dessins ? Peut-être parce que le dessin est universel ?
Touchée, émue, la rédaction d’Apar a pris contact avec David Pope. Le dessinateur du Canberra Times a accepté de répondre à nos nombreuses questions, mais face aux sollicitations des médias du monde entier, il n’a pu répondre qu’à une minorité. Nous avons donc décidé de publier ses réponses comme un texte unique.
« Le 7 janvier, j’ai reçu une alerte sur mon téléphone au sujet du massacre alors que je m’apprêtais à le coucher, ici en Australie. Je me suis assis et j’ai regardé les journaux télévisés toute la nuit au fur et à mesure que les détails étaient connus. Que ce soit des caricaturistes qui étaient visés a rendu l’horreur très personnelle.
J’en avais rencontré quelques-uns lors de festivals en France. Je n’ai eu aucune analyse fine sur le moment, je n’étais que tristesse et émotions.
Les islamistes extrémistes et le terrorisme sont un problème. Ils ont été nourris par les guerres et les dictatures soutenues par l’occident au Moyen-Orient. Il faudra des décennies pour faire face et résoudre cette situation. Nous devons empêcher nos gouvernements de continuer à soutenir un parti sectaire après l’autre, à entraîner et armer des mandataires qui deviendront les djihadistes de demain, tout en continuant à soutenir ceux qui en seront leurs victimes, comme les Kurdes. C’est compliqué. Dans nos pays, nous devons commencer par construire une cohésion sociale et s’opposer au racisme, à commencer avec les dessins.
Notre réponse aux atrocités terroristes doit faire part de solidarité sociale et ne pas donner de grain çà moudre aux islamistes intégristes ou à l’extrême droite. Après le kidnapping et le siège à Sydney le mois dernier, nous avons eu peur d’une montée du racisme contre les musulmans. Ce qui a amené une personne à lancer la campagne #Illridewithyou, qui s’est transformée en une énorme vague de solidarité sur les réseaux qui affirmer que nous ne laisserions pas la peur défaire notre identité sociale mixte. J’espère sincèrement que les Français vont se lever contre les attaques locales contre les mosquées, se lever pour les protéger comme une partie notre liberté.
Les images semblent avoir un pouvoir qui agit bien au delà du rationnel. C’est le pouvoir des caricature. La questions est donc de savoir comment nous allons exercer ce pouvoir ? L’utilisons-nous pour viser ceux qui ont le pouvoir ou le recherche, pour mettre en avant les mensonges, les hypocrisies et les brutalités, ou allons-nous juste l’utiliser pour lancer des insultes et diviser les sans-pouvoirs les uns des autres ? »