On vous l’avez promis, la talentueuse Yelena Zhelezov rejoint le rang de nos coups de cœur. Quand il s’agit de définir le travail de l’artiste Israélo-bélarusse, installée à Los Angeles, on se heurte à de grandes difficultés. Selon elle, ses œuvres « questionnent le corps biologique et social« . Mais sa formation aux beaux arts spécialisation marionnettiste influence ses travaux autant que sa réflexion de fond.
Par exemple, son installation After Marienbad reconstruit l’architecture émotionnelle de L’Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais comme elle était décrite dans le scénario original d’Alain Robbe-Grillet.
Un travail profondément intellectuel. Qui pourrait être opaque si une beauté évidente ne s’en dégageait pas.
La réinterprétation est devenue une base de sa réflexion. La performance autour du livre Les Amants, de la prix Nobel Autrichienne Elfriede Jelinek en est un nouvel exemple. Une tentative de rendre la décorporation biologique et sociale au cœur d’un triangle amoureux, intitulée Women as lovers.
Parfois, on se demande si c’est la réflexion sous-jacente à ses installations qui passionne le plus Yelena Zhelezov, ou bien l’artisanat de la mise en place. Dans Micro Monumental, c’est tout simplement un petit théâtre que nous propose l’artiste. Alors certes, le texte est tiré d’un Guide pour jeune citoyen soviétique de 1961, mais le jeu semble être le moteur. Tout comme ses tours de magie dignes du théâtre de rue.
Ce travail artisanal, cette profondeur sans les fards, comme si Yelena nous donnait à voir le cheminement de nos propres pensées, se retrouve dans les clips réalisés par l’artiste. Pour The Shoe et Henry Wolfe d’abord, et le dernier en date, le Moni Mon Amie de Julia Holter qui dénote déjà d’une nouvelle maîtrise dans la narration. Une évolution de l’univers de Yelena Zhelezov qui attise notre curiosité.