Voyage en Cybernétique : le docu culte et prédictif d’ARTE à voir ici et maintenant
La fascination pour la vision positive d’une mise en réseau mondiale, est au centre du film de Lutz Dammbeck. Il démontre comment cybernétique, théorie des systèmes, psychologie et programmes militaires engendrent des systèmes de machines en réseau.
Les cyber-théoriciens comme Stuart Brand prônent la création de systèmes ouverts sur la base de la nouvelle science clef : la cybernétique de Norbert Wiener. Malgré la tournure de toute évidence militaire des premiers réseaux, on n’est surpris qu’au premier regard par les liens avec la scène hippie californienne.
Alors que pour eux le cerveau n’est plus qu’un organe de chair et que l’on étudie la transmission d’informations des machines et des êtres vivants, la drogue LSD fait le lien: elle est à la fois utilisée pour élargir le champ de la conscience, mais elle se trouve aussi au centre des recherches psychologiques qui portent sur la reprogrammation des individus.
Qui se cache derrière les attaques contre des scientifiques en informatique aux Etats-Unis entre 1978 et 1995 ? Pendant que Dammbeck rend visite à des membres de la cyber-élite, le « technophobe » Ted Kaczynski, ancien professeur de mathématiques à Harvard et auteur présumé des attentats, devient le protagoniste invisible, à travers un échange épistolaire suivi.
Il n’apparaît jamais, mais est la mauvaise conscience de la société du progrès. Dammbeck montre des clichés impressionnants d’essais au LSD réalisés sur des cobayes humains. Ces projets de recherche commandés par les services secrets ne dissimulent pas leurs objectifs. James Murray, commandant aux multiples décorations, parle de la « mission de l’Amérique », de l’objectif des Etats-Unis d’asseoir leur domination sur le monde après avoir mené à son terme la croisade du bien contre le mal.
En 1978, Theodore J. Kaczynski, brillant mathématicien diplômé d’Harvard, prend congé d’un monde qui lui fait de plus en plus horreur, il défend la « révolution contre le progrès technologique » et « contre la surveillance et le pilotage des consciences », car la technologie est selon lui opposée à la nature.
Il s’installe dans le Montana pour vivre en harmonie avec la nature. Mais il se met aussi à fabriquer des lettres ou des colis piégés qui visent des universitaires, des chercheurs, des artistes et des responsables du complexe militaro-industriel américain.
Il nargue durant dix-sept ans les autorités qui l’ont baptisé “Unabomber”. Kaczinski emprisonné depuis son arrestation le 3 avril 1996, est accusé d’avoir adressé durant 18 ans, 16 colis piégés à des professeurs d’universités et à des informaticiens en particulier, faisant 3 morts et 23 blessés chez ces personnes qu’il jugeait responsables d’une évolution technologique destructrice pour l’humanité et la nature.
En septembre 1995, Ted « fit un marché » aux plus importants journaux des États-Unis : la publication de son manifeste «La société industrielle et son avenir» contre l’arrêt de ses attentats.
Le New-York Times et le Washington Post prirent la décision d’accepter avec l’aval du F.B.I. dont le premier objectif était l’arrêt des attentats qui semaient la terreur chez les professeurs d’universités, les informaticiens et toutes les personnes liées de près ou de loin à la recherche et au développement technologique.
Cela pouvait permettre aussi d’identifier, d’après l’analyse de son contenu, et arrêter celui qui les défiait depuis si longtemps. Ce qui fut fait quelques mois plus tard grâce à la dénonciation de son frère qui connaissait ces expressions et ces idées.
Extrait de « Frappez là où ça fait mal » de Kaczynski en 2002
LES RADICAUX DOIVENT ATTAQUER LE SYSTEME SUR LES POINTS DECISIFS
Pour travailler efficacement à l’élimination du système techno-industriel, les révolutionnaires doivent attaquer le système sur les points où il ne peut pas se permettre de céder du terrain. Ils doivent attaquer les organes vitaux du système. Bien sûr, quand j’utilise le mot « attaquer », je ne fais pas référence à une attaque physique mais seulement aux formes légales de protestation et de résistance.
Voici quelques exemples d’organes vitaux du système :
A. L’industrie électrique. Le système est totalement dépendant de son réseau électrique.
B. L’industrie des communications. Sans communications rapides, comme le téléphone, la radio, la télévision, les E-mails, et ainsi de suite, le système ne pourrait pas survivre.
C. L’industrie électronique. Nous savons tous que sans les ordinateurs le système s’effondrerait immédiatement.
D. L’industrie de la propagande. L’industrie de la propagande inclut l’industrie des divertissements, le système éducatif, le journalisme, la publicité, les relations publiques, et la plus grande partie de la politique et de l’industrie psychiatrique. Le système ne peut pas fonctionner si les gens ne sont pas suffisamment dociles et conformistes et s’ils n’ont pas les attitudes que le système a besoin qu’ils aient. C’est la fonction de l’industrie de la propagande d’enseigner aux gens ce genre de pensée et de comportement.
E. L’industrie de la biotechnologie. Le système n’est pas encore (autant que je sache) physiquement dépendant de la biotechnologie avancée. Néanmoins, le système ne peut pas se permettre de céder sur la question de la biotechnologie, qui est une question d’une importance critique pour le système, comme je l’exposerai dans un moment.
La cible la plus prometteuse pour l’attaque politique est probablement l’industrie de la biotechnologie.
L’ouvrage « La société industrielle et son avenir » de Theodore Kaczynski est disponible aux éditions de l’encyclopédie des nuisances : http://www.librairie-quilombo.org/La-… (page 100, paragraphe 215) : « L’anarchiste recherche lui aussi le pouvoir, mais un pouvoir exercé par les individus ou les petits groupes ; il veut qu’ils puissent maîtriser leurs conditions d’existence. Il s’oppose à la technologie parce qu’elle rend les petits groupes dépendants des grandes organisations. »