C’est peut-être avec ce film pour Amnesty International Mexique que Tino de la Huerta a le plus marqué. Et pour cause, là où la tradition veut désormais que l’on use d’allégories (souvent avec succès), le réalisateur a préféré montrer la réalité. La triste, dure et traumatisante réalité.
Tino de la Huerta est un narrateur. En fait, il est fait de narrations. Il grandit à Nogales en Arizona. Une ville, en quelques sortes, coupée en deux par la frontière mexicaine. Une porte par laquelle les armes et l’argent quittent les États-Unis et la drogue y entre. Des existences qui méritent un long métrage, il en a croisées des dizaines. Quand il part faire le tour du monde à 17 ans, il poursuit sa quête d’histoires.
Aujourd’hui, étrangement, il ne part pas des êtres pour écrire, mais de la musique. Une démarche répandue chez les écrivains, moins chez les cinéastes. Une démarche qui fonctionne, les images collant systématiquement au rythme. Sébastien Tellier, par exemple, pour le film d’Amnesty.
Finalement, il l’avoue, ce qu’il préfère dans la réalisation, c’est d’apprendre à se connaître lui-même. Car oui, c’est une réalité éternelle, se tourner vers les autres est le plus beau des égoïsmes.