Système D comme Débrouille, Démerde, comme Donoma aussi. Ce film réalisé, dit-on, pour 150 euros et qui est en passe de devenir le représentant d’un nouveau cinéma.
C’est que le cheap, le bricolage, le fait maison a le vent en poupe. Donoma donc, mais aussi Malviviendo, la série espagnole qui cartonne. La nostalgie de la Super 8 bien soulignée par J.J. Abrams et Steven Spielberg, lors de la sortie du film du même nom. Les réalisations de Maïwenn. Les premiers films de Michel Gondry. Le succès de festivals comme le 48 Hours Film Project. Les réalisations coopératives comme le Life In A Day de Ridley Scott.
Bref, le cheap de qualité est aujourd’hui partout. La faute à la crise et aux manques de moyens ? Plutôt, un changement profond de la production visuelle. Tout le monde peut aujourd’hui s’improviser réalisateur en deux clics. Depuis une décennie, les œuvres de qualités, signées par des inconnus, fleurissent sur la toile. D’abord un épiphénomène à la fin des 90’s, puis marché à part entière aux débuts des années 2000, c’est aujourd’hui une vraie référence. Une influence majeure. Au point donc, que le cinéma, pour coller à la demande, revienne à cette forme d’artisanat. Et donc se rapproche de l’art. En tout cas, plus prêt de Georges Méliès que du blockbuster.
Les productions trop propres sont cataloguées industrielles couteuses. Des valeurs négatives à l’heure des crises économiques et écologiques. La planète entière entame un retour à la terre, aux « vraies valeurs », au fait-main. Il faut sentir le vrai, la sueur et les larmes. L’indé, que ce soit en musique ou en ciné, est devenu mainstream. Qui pourrait encore dire que la festival de Sundance est underground ?
Quand il y a les moyens financiers, c’est douteux. Bienvenu dans un monde qui ne croit plus les riches.
Est-ce la mort de l’image léchée, de la réalisation couteuse pour autant? Non bien sur. Mais elle se déplace. Divorcée du cinéma, elle épouse les séries télé, la publicité, les clips. Les grands noms du ciné se tournent un par un vers la télé. Même le très récalcitrant Martin Scorsese. Alors que la pub n’était qu’un tremplin, elle est devenue un refuge pour certains. Inarritu. Fincher.
La tendance less is more a de toute façon peu d’avenir. A la mode actuellement, elle va attirer l’attention et les investissements. Nous allons voir naître des production faussement cheap, ou comment faire pauvre quand on est riche. Une illusion dont le public se lassera rapidement.
En tout cas une tendance qui ouvre la porte au plus grand nombre. Alors système D comme Démocratique ? Peut-être.