Le 7ème art se féminise pour le plus grand bonheur des spectateurs. Des films qui n’auraient pu exister il y a encore deux générations. Comme quoi, le féminisme porte ses fruits. Une nouvelle génération de cinéastes s’affirme, s’ancre dans le réel avec une telle force qu’on ne pouvait passer à côté. Les uns parleront de films de femmes, les autres d’œuvres majeures, tout simplement.
Les points de vue changent, donc. On s’éloigne des discours misogynes d’un Schopenhauer qui avait gravé l’inconscient collectif : « le seul aspect de la femme révèle qu’elle n’est destinée ni aux grands travaux de l’intelligence, ni aux grands travaux corporels. Elle paie sa dette à la vie non par l’action mais par la souffrance, les douleurs de l’enfantement, les soins inquiet de l’enfance ; elle doit obéir à l’homme, être une compagne patiente qui le rassérène ».
Heureusement cette pensée s’est étouffée elle-même par son absurdité. Si l’on regarde le succès du film « Polisse » de Maiwenn, combattant sur grand écran la pédophilie. Un regard de femme sensible en mode tragi-comique sur un sujet extrêmement difficile à traiter. Est-ce si réussi parce que le réalisateur n’est pas un homme ?
Ou encore, le film de Valérie Donzelli, « La guerre est déclarée », qui puise dans sa vie de femme pour mettre en image ce qu’elle a vécu, la maladie grave de son nouveau né.
Si elle réussit le tour de force de ne pas tomber dans le misérabilisme et au contraire de faire naitre un climat de poésie enchantée, c’est qu’elle met en scène toute son humanité de femme. Est-ce qu’un homme, de la même manière, en serait vraiment capable ?
Au-delà des prises de conscience héroïques, les femmes savent aussi jouer avec l’humour, même en traitant des sujets graves. Dans « Et maintenant on va où ? » de Nadine Labaki, la réalisatrice crée une comédie dramatique, sous la forme d’un appel à la tolérance. Encore un film de femme, loin des clichés féministes. Pourtant le synopsis était loin d’être simple à mettre en scène. « Dans un petit village isolé, une communauté vit dans la paix et la bonne humeur, sans tensions apparentes, malgré la division religieuse qui rythme la vie du village. Entre musulmans et catholiques, l’entente est cordiale jusqu’au jour où, la télévision fait irruption dans le village. Les hommes apprennent les violences inter- religieuses, dans le reste du pays. Dès lors, les rapports se durcissent et le conflit est sur le point d’exploser quand, les femmes se décident à sauver la paix du village ».
Encore plus récemment, les réalisatrices Muriel et Delphine Coulin, signent « 17 filles« , un film inspiré d’un fait divers survenu en 2008. « Dans une petite ville au bord de l’océan, dix-sept adolescentes d’un même lycée prennent ensemble une décision inattendue et incompréhensible aux yeux des garçons et des adultes : elles décident de tomber enceintes en même temps ».
Sans accabler leurs personnages, les deux sœurs sondent avec tendresse le passage d’un âge à l’autre. Une fois de plus, est ce qu’un homme aurait pu filmer avec autant de tendresse ce qu’il ne connaitra jamais, à savoir, la grossesse ?
Dans un avenir proche, Julia Roberts, va produire et jouer « Second Act », un film qui raconte l’histoire d’une femme au foyer d’une quarantaine d’année qui va devoir se confronter, du jour au lendemain, à la dure réalité du monde du travail.
Virginie Despentes sortira quant à elle son deuxième film, « Bye Bye Blondie » le 21 mars prochain. Où deux quadragénaires, l’une sans domicile ni famille, l’autre célèbre et mariée à un écrivain, se retrouvent 20 ans après leur liaison passionnée d’adolescentes, se souvenant qu’elles avaient alors 16 ans en province dans les années 80.
Ses femmes prouvent qu’il faudra toujours un coup de folie pour bâtir son destin. Par l’injustice, on apprend la liberté. Elles l’ont bien compris, et se servent de l’adage « toute parole en son temps est permise ». En effet, il était temps.