Sigur Ros entretient une longue histoire d’amour avec ses clips. Déjà, son Viðrar Vel Til Loftárása de 1999 avait été classé 8ème meilleur clip de tous les temps par le magazine britannique, NME.
En 2012, ils ont explosé le web et au passage nos pupilles, avec l’extraordinaire Fjögur píanó, qui, lui, devrait se classer dans la liste des plus belles réalisations de tous les temps.
Cette année, Sigur Ros a tout simplement décidé de truster toutes les places de tous les classements possibles. Avec un concept simple : demander aux réalisateurs intéressés de tourner un clip pour la chanson de leur choix avec seulement 5.000 dollars de budget.
Le résultat, c’est un calendrier de l’aven qui porte en son sein la plus importante densité de créativité qu’une page web ait connu depuis longtemps. Si cela ne s’est jamais produit.
Le groupe islandais a connu un véritable virage dans sa carrière en 2000 quand Thom Yorke lui propose d’assurer la première partie de la tournée européenne de Radiohead. La collaboration, 12 ans après, tient toujours. Et franchement, sur un CV, ça a de l’allure. Plus qu’un diplôme des beaux-arts. Non ?
En 2008, Sigur Ros sort son 5ème album avec une double réussite : poser un titre incompréhensible même traduit, Með suð í eyrum við spilum endalaust (Nous jouons inlassablement avec un bourdonnement dans les oreilles) et voir son premier clip censuré pour nudité même sur internet (et si on interdit le nu même aux Islandais, alors…).
Mais si nous parlons ici en particulier des clips, avec des réalisateurs reconnus mondialement, il faut aussi s’attarder un instant sur la musique pour mieux comprendre cet univers propice aux belles images. D’abord, ce dernier album a été réalisé en collaboration avec un compositeur de musique classique. Ensuite, on y retrouve un guitariste qui joue régulièrement avec un archet de violoncelle. La basse se gratte à la baguette de batterie. Et les cymbales avec un archet. Normal.
La création est un besoin. Un surplus d’émotions et de pensées, que ni les mots, ni les corps ne suffisent à exprimer. Quand ce trop plein décide d’épouser l’art plutôt que le suicide (bien que ce ne soit pas incompatible), alors peu importe le support, la beauté doit s’exprimer. Il y a chez Sigur Ros cette urgence lascive.