Samuel Beckett a toujours aimé repousser les frontières esthétiques et intellectuelles sur scène. Et même après sa mort, il a inspiré énormément de court-métrages tous plus géniaux les uns que les autres, nous avons souhaité en sélectionner trois. Le premier est réalisé par Damien Hirst. Le second par Neil Jordan. Et le troisième par Anthony Minghella.
Ce dernier a signé quinze minutes à l’image de Beckett, avec une sorte de mise en scène d’un drame romantique qui présente un homme (« M »), sa femme («W1»), et sa maîtresse (« W2 »), chacun enfermé dans une urne. Tous sont obligés de parler des détails de leur relation triangulaire. Sur scène, les projecteurs se tournent vers eux mais dans l’adaptation cinématographique, le réalisateur choisit d’échanger les projecteurs contre la caméra elle-même, pour se concentrer sur les trois points de vue.
Celui de la femme jouée par Kristin Scott Thomas. Celui de la maitresse, jouée par Juliet Stevenson. Et celui de l’homme joué par Alan Rickman. Les performances des trois acteurs, offertes dans des conditions absurdes, recouverts de crasse et enfoncés dans des pots sont remarquables.
Le film distille ici un certain aspect de la vision du monde de Beckett (« Le silence et l’obscurité étaient tout ce que je désirais ») et surtout offre aux spectateurs une réelle réflexion sur l’adultère. A propager donc en masse sur Tinder.