Matériel emprunté, casting de potes bénévoles, tournage express… Lovers Only affiche le plus bas budget de l’histoire du cinéma, 0$. Et avec déjà 200.000$ de recette, le film des frères Polish est en passe de devenir le plus rentable de l’histoire du cinéma indépendant. Comment est-ce possible ? Comme les révolutions arabes, la révolution du cinéma passe par les réseaux sociaux. A l’origine, le film est destiné à internet (FilmBuff et iTunes Movies). « Un jour vous recevez une lettre du fournisseur du câble qui vous dit « Votre film est maintenant disponible dans 45 millions de foyers », indique Michael Polish. J’ai dit ok, je vais twitter l’info (…) et c’est à partir de là que tout a commencé ». Le premier jour de diffusion, le film compte 1.000 tweets par heure et se place à la 20ème place des ventes sur iTunes, devant Harry Potter, Le Discours d’un Roi ou The Green Hornet. L’affiche de ce film romantique, hommage à la nouvelle vague, parle d’elle-même. Pas de surcharge de nom de studios, de casting, ni même de titre, et les tweet remplacent les taglines.
Alors qu’on pensait que le cinéma allait lentement devenir l’industrie des films familiaux, le temple du pop-corn et des produits dérivés, laissant la réelle créativité aux séries télé. Alors que même les plus grands réalisateurs n’arrivent pas à maintenir leur director’s cut et que les castings sont imposés par la publicité. Alors que même Steven Spielberg s’est vu imposé Jurassic Park pour pouvoir réaliser La Liste de Schindler (et deux beaux succès pour UIP). Bref, alors que tout semblait désespéré, voilà qu’internet et son immense pouvoir démocratique, la déferlante du bouche-à-oreille, redonne espoir. Power to the people. Jules Renard disait que « un artiste ne gagne jamais d’argent par son art, mais par ce qu’il sait mettre à côté ». L’à-côté avait remplacé l’art. La consommation des produits dérivés tenait le rôle de l’art : être un mensonge qui aide à supporter la réalité.