“L’œuvre absurde illustre le renoncement de la pensée à ses prestiges et sa résignation à n’être plus que l’intelligence qui met en œuvre les apparences et couvre d’images ce qui n’a pas de raison. Si le monde était clair, l’art ne serait pas”. Ce mot d’Albert Camus résume le travail du jeune réalisateur Rémy Cayuela. Ce créatif à l’humour extrêmement fin commence à attirer tous les regards de la profession. Nous le suivons depuis longtemps. Nous avons eu envie de lui poser quelques questions. Sans humour. Et sans absurdité.
Tu viens d’être félicité par la profession en remportant le prix du meilleur clip au Young Director Award, tu as sauté de joie ou tu es déjà si conscient de ton talent que ça t’a à peine fait lever un sourcil ?
J’ai sauté de joie évidemment! C’est pas tous les jours qu’on reçoit un prix. De plus, le YDA est une institution, beaucoup de réalisateurs que j’admire sont passé par là ce qui rend ce prix vraiment spécial. Ça a été aussi un succès total pour Able & Baker la société de production avec qui je travaille en Angleterre, puisqu’ils ont aussi raflé le 2eme prix avec un autre réalisateur très talentueux Jim Demuth qui a réalisé le clip ‘Wor’ pour Django django. Le producteur des deux clips m’a dit qu’il ferait un striptease complet sur scène mais je n’ai pas pu assister à la cérémonie donc le mystère reste entier.
Tu es représenté au quatre coins du monde, tu crois que les producteurs sont fous de ton univers ou simplement que tu peux leur rapporter beaucoup d’argent ?
Je pense que mes films ont toujours une combinaison de storytelling et de comédie qui les rend particulièrement exportables. Je n’ai pas un humour typiquement français ce qui m’a permis d’accéder à différents marchés notamment anglo-saxon et américain. Les producteurs avec qui je travaille sont souvent des gens passionnés car il faut avoir foi pour développer un réal. C’est pas vraiment une science exacte.
Tu as su passer de Patrick Bruel à Naive New Beaters en passant par Duke Dumont ou la société générale, comment tu vis ta bipolarité de vidéaste ?
C’est vrai que dit comme ça parait un peu surréaliste. Je me suis avant tout laissé séduire par des projets qui me laissait exprimer mon sens de l’humour, un certain décalage et dans lesquels je sentais que je pouvais apporter une singularité. Après ça a été aussi une question d’opportunités: être au bon endroit au bon moment et avec la bonne idée.
Comment imagine-tu la suite de ta carrière ? Si nous avions une baguette magique qui aimerais tu filmer dès demain ?
La suite de ma carrière je l’imagine à concilier ce que je fais aujourd’hui (pubs et clips) avec des projets de long-métrages (qui demeure mon but). J’aimerais beaucoup filmer Will Ferrell…
Quelle est ta dernière vidéo coup de cœur sur internet ?
Dernier coup de cœur, le clip des Daniels pour DJ Snake et Lil’ Jon ‘ Turn down for what’.
Quel est le film que tu regrettes de ne pas avoir réalisé ?
« The game », « Fargo » et tant d’autres…
Et quelle est l’idée la plus folle que tu es eu mais que personne ne veut te financer ?
Y’a plusieurs idées un peu folles que j’aimerais réaliser mais je ne peux pas vraiment les dévoiler pour le moment parce que je ne perds pas espoir d’y parvenir un jour. Par exemple, y’a une idée barrée que je voulais faire depuis longtemps et sur laquelle personne ne voulait parier et finalement je vais réaliser cette idée pour un clip d’ici quelques semaines. Je vous l’envoie évidemment!