Il est complétement fou de voir qu’un mois après le début de l’affaire Epstein en France, la seule réponse aura été d’accueillir et de diffuser avec tous les honneurs français le dernier film de Woody Allen à l’occasion du prestigieux Festival de Deauville le 6 Septembre. Alors même que le film est privé de date de sortie aux États-Unis, après que le réalisateur ait été abandonné par Amazon Studios en raison d’allégations d’abus sexuels. Alors même que les actrices et acteurs ayant travaillé avec le cinéaste, ont fait savoir qu’il reverserait leur salaire à des organisations caritatives pour lutter contre les agressions sexuelles dans le milieu.
Les seules journalistes françaises qui osent (ou peuvent) s’exprimer sur le sujet doivent impérativement vivre ailleurs qu’en France.
Par exemple dans The Independant (pas dans Le Monde évidemment) on peut lire un article d’une super journaliste française (bon que j’aime follement en fait) qui a osé dire ce qu’on pense toutes tout bas. En substance Clémence Michallon dit qu’elle « souhaite que la France arrête de se réinventer en tant que terre promise pour les présumés agresseurs. » Et elle dit surtout un mot fort en tant que jeune française, elle dit qu’elle a honte. Et oui c’est bien de cela qu’il s’agit. LA HONTE. On a honte de ce qu’ils font. On a honte de ce qu’ils disent, pensent ou rêvent. On a honte d’eux. Et on commence à le dire publiquement. Les hommes ne sont pas habitués. Et non je ne suis pas qu’un vagin qui sert à faire naitre des enfants dont vous allez vouloir abuser. Si vous aimez autant l’innocence : PROTÉGEZ-LA, ne la DÉTRUISEZ PAS. C’est tout ce que j’avais à dire aujourd’hui.
Enfin non ce n’est pas vrai, Clémence Michallon, elle, a eu du courage, dans son essai, de parler de Catherine Deneuve et des 99 autres femmes qui ont cosigné une lettre ouverte contre MeToo. Oui contre.
Le problème pour ma Clémence (et je suis 100% en phase avec elle) est lorsque « la France choisit d’offrir l’asile culturel aux personnes accusées d’allégations telles que celles formulées contre Allen ou Polanski, cela envoie un message. C’est une distraction, un moyen de mettre les choses en attente pour ne jamais vraiment connaître la vérité. Avec chaque film de Woody Allen qui sort, et chaque film de Roman Polanski diffusé à Cannes, les deux hommes continuent à écrire leurs histoires tout en balayant le chapitre le plus dérangeant sous le tapis. »
N’est-ce pas en ce moment même exactement le même processus qui est en train de se mettre en place avec l’affaire Epstein en France ?
Elle enchaine en disant que c’est quand « la France déroule le tapis rouge aux hommes accusés de crimes, qu’elle fait plus de bruit, au point que nous désespérons de ne jamais trouver la vérité. C’est de l’ingérence de la part de ces hommes. Je pense que c’est dommage et je souhaite que mon pays cesse de le faire. »
Elle se demande naturellement pourquoi la France continue de protéger Roman Polanski ou Woody Allen ? Et c’est vrai je me demande aussi pourquoi le pays continue de porter au pinacle Daniel Cohn Bendit, Jack Lang ou Frédéric Mitterrand ? Quels parents confiraient la garde de ses enfants même juste le temps d’un goûter à ces hommes ? Franchement, si il y a ici une seule mère qui peut me dire : « ah ouais non moi honnêtement sélectionner Jean-Marc Morandini comme baby-sitter ça rassure, il pourra en plus de changer les couches les initier à la télévision en leur lisant des passages du Marquis de Sade. »
Comment est-il possible qu’un si grand pays, si riche et si puissant, acceptent que tant d’hommes brisent l’innocence de si jeunes âmes ? Comment est-il acceptable de les voir s’auto-congratuler depuis plus de 30 ans, se permettant de publier des saloperies autour de la sexualité des enfants sans que personne ne disent rien ? On me censure sans cesse pour des provocations adolescentes mais on laisse se vendre des livres avec des passages pédophiles ? Comment j’explique ça moi à ma génération ? Il est où le sens logique ? Le fil rouge moral ?
Tu peux publier que tu aimes te faire toucher le zizi par des enfants mais pas que Bernard Arnault est un criminel culturel. Qui écrit les règles en fait ? C’est qui l’auteur général ? Celui qui dit ça tu peux et ça tu peux pas au 21ème siècle ? Et pourquoi la France célèbre autant les pédophiles ?
Par exemple, le réalisateur du Pianiste qui a plaidé coupable pour ses relations sexuelles illicites avec une fille de 13 ans avant de fuir les États-Unis pour venir France, a été expulsé comme une merde de l’Académie des arts et sciences du cinéma, il vient juste de porter l’affaire devant les tribunaux et a demandé à un juge de rétablir son statut de membre; l’Académie a maintenu sa décision. En France, c’est encore un génie, proche d’un demi-dieu.
La question n’est pas de savoir si des œuvres de pédophiles doivent être interdites ou non, aucune œuvre ne doit être interdite, mais elles peuvent au moins arrêter d’être constamment célébrées ou au moins pendant un certain temps : ne plus les montrer massivement.
Le gouvernement ne peut pas d’un côté vouloir protéger l’enfance et en même amener au sommet de l’Olympe des êtres qui détruisent l’innocence. Je ne devrais pas être en train d’écrire ça. Ce n’est pas à moi de faire ça. Et pourtant le silence est si assourdissant en France que je me sens dans l’obligation, une fois de plus, d’immortaliser ce que tout le monde pense sans pouvoir vraiment le dire.
Un peu comme quand Bertrand Cantat (qui a quand même tué sa femme, pas juste poussé dans l’escalier, elle est morte quoi) a fait sa petite promo-ego en couverture des magazines pour montrer à quel point son génie peut dépasser la mort d’une femme. C’est une question complexe, je sais. Je vois déjà les acharnés qui vont venir avec leurs arguments d’hommes préhistoriques. Ceux qui continuent de penser que les femmes sont juste là pour soutenir l’effort de guerre, pour les soulager de leur besoin-primate. Elles sont là pour leur vider les couilles, pour parler comme ma mère adore, point à la ligne.