Selon lui, Mark a appris le cinéma avec son grand-père. Pépé était-il réalisateur ? Pas du tout, mais « il m’a appris la magie de l’observation et c’est de là que provient la majorité de mon inspiration. Le reste, je le trouve en lisant les journaux ». C’est vrai que son premier film, Without, ressemble à un fait divers avec cette histoire d’une jeune fille qui accepte la garde d’un vieil homme paralysé pendant que sa famille part en vacances. Le pitch pourrait rappeler une partie de Tatie Danielle mais la comparaison s’arrête là. Aux personnages schématiques mais savoureux de Chatiliez, Mark préfère la tension psychologique, l’étouffante pudeur sexuelle, le non dit comme cri. Une situation que l’on imagine mal entre Isabelle Nanty et Tsilla Chelton (surtout pour le sex).
Les deux personnages arrivent dévastés émotionnellement, perdus dans une vie sans sens, et là où le cinéma traditionnel nous offrirait un reborn, Mark, lui, se penche au dessus d’un gouffre de folie et donne le vertige aux spectateurs, craignant une chute que l’on sait inexorable. Le film est majestueusement tenu par la performance incroyable de Joslyn Jensen qui fut comparée dans de nombreux festivals à Isabelle Huppert par les critiques américaines.
Mark Jackson signe un film au micro-budget où il a tenu tous les rôles sauf celui d’acteur. Et aujourd’hui que la reconnaissance pointe son nez, il avoue ne pas avoir envie de lâcher la bribe pour plus d’argent. Il continuera à tout faire lui-même dans des films intimistes. Tant mieux. Ils ne sont pas nombreux à avoir ce goût là du cinéma, alors tant mieux.